Dans le milieu de la musique, les collaborations d'artistes ne sont pas rares et la plupart du temps, c'est pour le meilleur et pour le pire. On se souvient entre autres de l'affaire "
Lulu", fruit du partenariat entre
Metallica et Lou Reed qui fut un énorme sujet de controverse.
Ici,
Tarja Turunen, chanteuse lyrique connue pour avoir été la voix de
Nightwish et Mike Terrana, batteur ô combien talentueux des groupes
Rage,
Masterplan ou encore
Axel Rudi Pell et ayant notamment travaillé avec
Gamma Ray en tant qu'invité live en 1998, nous livrent le fruit de leur travail : "Beauty & The Beat".
Qu'est-ce que "Beauty & The Beat" ? Ce n'est ni plus ni moins que la reprise de grands airs d'opéra magnifiés par la voix de
Tarja et ré-agencés avec la batterie de Terrana. Dvorák, Bach, Mozart, Rossini, Offenbach... Ici, Terrana et
Tarja piochent dans les registres des plus grands afin de nous livrer une œuvre d'une qualité incroyable.
L'on connaissait déjà la capacité lyrique de
Tarja du temps où elle officiait avec
Nightwish avec des morceaux comme "Sleeping Sun" par exemple. Sur "Beauty & The Beat",
Tarja nous livre une époustouflante prestation remplie d'émotions, d'intensité et nous démontre l'ampleur de la maîtrise de sa voix. Sur "Song To The
Moon", œuvre de Dvorák,
Tarja s'élance dans des lignes lyriques à couper le souffle et sa voix semble s'élever si haut qu'on ne peut que se demander : "Mais jusqu'où va-t-elle aller ?". Sur "Vilja Lied", de Franz Lehár, la dernière note monte tellement qu'elle nous transperce de part en part pour aller se perdre dans le néant.
Outre cette incroyable capacité lyrique,
Tarja manipule également toutes les langues de l'anglais à l'allemand en passant par l'italien. Chanter de l'Offenbach, du Strauss ou du Puccini n'est pas le genre de défi effrayant
Tarja et celle-ci remplit à merveille son office. Aucun accent d'aucune sorte ne se fait entendre dans son interprétation et c'est là toute l'excellence de la prestation que réalise
Tarja.
Afin d'épauler sa voix,
Tarja est souvent accompagnée par des chœurs, comme sur "Vilja Lied", qui rend la chose ô combien encore plus épique et intense.
Malgré les années, il est des pièces d'opéra tellement épiques que nous en parlons encore des siècles après leur écriture. Qui n'a jamais entendu au moins une fois "William Tell Ouverture" de Rossini, "New World Symphony" de Dvorák ou encore "Eine Kleine Nachtmusik" de Mozart ? Si, généralement, ces titres n'évoquent rien, la première note de ces œuvres fait très vite se rappeler à tous de quel morceau il s'agit.
A ces œuvres déjà épiques en soi, Terrana y ajoute sa batterie d'une telle manière qu'on a l'impression que cette dernière a toujours fait partie intégrante de l'œuvre. En produisant cet effet, Terrana nous montre toute l'ampleur de son talent : le rythme est soutenu, cadencé et frappe juste. Chaque coup que Terrana donne sur son instrument trouve sa place dans la composition et se marie parfaitement bien avec l'ensemble. Aucune fausse note n'a sa place ici et c'est un pur régal.
Il ne faut pas oublier que "Beauty & The Beat" est un double album. Sur la deuxième partie de la composition, on y trouve du Queen, un medley de
Led Zeppelin et même deux morceaux de
Tarja elle-même, le tout remanié avec de l'opéra. Les deux compères se payent même le culot d'aller titiller du côté du Jazz en reprenant "Fly Me To The
Moon" de Bart Howard.
Les deux morceaux à qui le renouvellement "opéra-esque" fait le plus grand bien sont les morceaux "
Into the Sun" et "
I Walk Alone". Déjà relativement magiques à la base, la sauce opéra apporte une nouvelle dimension à ces deux titres et c'est loin d'être désagréable.
"Beauty & The Beat" n'est pas à mettre entre toutes les mains. Il fait partie de ce type d'album faisant office d'OVNI dans la discographie des artistes opérant dessus. Il peut difficilement y avoir un juste milieu avec cet album. On aime ou on n'aime pas. Afin d'éviter une nouvelle affaire comme celle de "
Lulu", il convient de repréciser que cet album est une collaboration entre
Tarja et Mike Terrana et non l'album de l'un ou de l'autre. Félicitons également les musiciens composant l'orchestre accompagnant les deux compères qui parviennent à retranscrire à merveille les œuvres de ces grands, éternels et inoubliables compositeurs.
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