Je me présente, Docteur S4v3_Us. Médecin-légiste reconnu dans ma fonction, je m'illustre par un talent secret que les autres ne possèdent pas. J'entends les corps sans vie me parler, les morts me racontent leur histoire, parfois également celle du meurtrier. Je vais ici vous conter mon dernier rapport d'autopsie. Il est mon dernier car suite à celui-ci j'ai été déchu de mes fonctions, pourchassé par les autorités car, selon ces dernières, je suis un "psychopathe en cavale".
"Je me souviens de ce week-end où je me plaignais auprès de l'un de mes collègues de la routine des dossiers que je recevais. Je l'ai même regardé, en disant avec un trait d'humour noir, "Je veux voir de la brutalité, de l'animalité, je veux que ça saigne". Mon collègue devint livide et m'a alors regardé en me disant "J'ai un dossier... Je n'arrive pas à le résoudre mais toi, peut-être que tu sauras." C'est ainsi que je me suis retrouvé avec le dossier "
Welcome to Sludge City" entre les mains. Ce nom sobre et ironique annonçait à lui seul la boucherie que j'allais découvrir.
18h 05, je demande à mon assistant d'amener le corps. A l'instant où celui-ci franchit la porte avec le brancard, un sentiment d'angoisse, de malaise se fait ressentir. L'ambiance devient malsaine. Les bruits des machines, des ordinateurs deviennent de plus en plus stridents, de plus en plus insupportables, des grésillements. C'est bel et bien la première fois en 10 ans de carrière que je sens une telle appréhension et en même temps autant d'excitation avant même d'avoir vu le corps. Il est devant moi, sous un drap blanc taché de rouge. Je commence à perdre contact avec la réalité, les bruits de machines deviennent saccadés. Je soulève le drap, difficilement, pose une main sur le front de la jeune femme ensanglantée allongée devant moi, l'autre sur son cœur.
Instantanément la torture démarre, un chœur d'hommes hurle, dans le plus pur style Hardcore "She bled from every fucking hole !". Par la suite les voix qui m'ont traversé l'esprit sont devenues totalement incompréhensibles. La bestialité de ce qui émanait m'a littéralement cloué au sol : ces hurlements, cette brutalité... C'était bel et bien du
Pig Squeal, un chant que j'avais entendu dans le Grindcore. Le requiem qui résonnait dans ma tête n'était composé que de ce chant, parfois teinté de ces chœurs masculins qui ont marqué le début de mon expérience. Soudain, un ressentiment, je sentais qu'il fallait que je fouille les entrailles de la pauvre victime. J'ai alors plongé mes mains dans les viscères de cette dernière pour y découvrir un petit carnet, que les meurtriers avaient glissé. Ce carnet semblait contenir la traduction de ce que les rugissements porcins me disaient. Il serait trop long de tout retranscrire ici, et je n'ai plus le temps pour cela. Mais en quelques mots cela parlait de mort, de viols, d'orgies, d'humanité décadente... Les meurtriers, de dangereux sociopathes, avaient fait subir à la petite les pires horreurs imaginables...
Et la musique qui accompagnait ces paroles horribles ne semblait que retranscrire les atrocités subies. La batterie ultra rapide et violente me permettait d'imaginer la façon dont la victime avait était frappée. La guitare acérée, quant à elle, m'évoquait les coups d'arme blanche qui avaient été infligés. Dans son entièreté la mélodie qui me venait à l'esprit me semblait être un Death
Metal, violemment agrémenté de "
Pig Squeals" Grindcore. Le tout saupoudré de touches Hardcore. Les seuls instants de répit dont la demoiselle avait eu droit n'étaient autres que des breaks qui étaient, eux, dans le style Beatdown : très lourd, plus lent que le reste de la musique. Oui, c'était bel et bien du
Deathcore. Mais un
Deathcore original, que j'avais peu entendu jusqu'à présent et pas aussi bien exécuté.
Le pire dans cette sordide histoire était que j'avais apprécié de revivre le massacre perpétré récemment. Oui j'avais aimé ça. Toute cette violence, cette décadence... J'ai aimé me faire agresser de telle sorte, par l'intermédiaire de la victime. Une forme de masochisme ? Peut-être. Le seul regret que j'ai eu à avoir c'est que toute cette expérience n'a duré que 13 minutes. Bien trop court face à un ressenti aussi bon. C'est pourquoi j'ai décidé de garder le cadavre près de moi. L'emporter avec moi partout où j'irai et revivre cela encore et encore..."
Ce que je ne comprends pas, par contre, c'est pourquoi des gyrophares me suivent en permanence et pourquoi ces hommes en uniformes me hurlent que je suis en état d'arrestation. Sont-ils fous ?
Que des tubes sur ce disque!!
Je suis d'accord avec les autres, la chronique est bien écrite.
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