Emporté par l'élan bienveillant qui m'avait conduit à reconsidérer le cas de
III Sides to Every Story, troisième opus des Bostoniens d'
Extreme, et, surtout, ô surprise, à revoir plutôt positivement ma position très tranchée concernant un album que je trouvais, pour résumer, trop ambitieux et trop abscons, je m'étais dit que, peut-être, son quatrième,
Waiting for the Punchline, méritait, lui aussi, qu'on s'y repenche
Grossière erreur.
Pourtant le disque démarre plutôt pas mal avec un There No
God et un
Cynical au
Hard Rock sublimé par ce Groove et par cette sensualité si particulière que ce groupe a toujours su insuffler à son art. Même si, soyons honnêtes, on est ici quand même assez loin de l'excellence de certains des titres de ce
Pornograffitti qui avait révélé au monde ces musiciens surdoués.
Avec Tell Me Something I Don't Know déjà le temps se gâte. Lourde et nuageuse, trouble et étouffante, cette piste aride 'na pas grand chose d'intéressant à nous offrir.
Hip Today parviendra néanmoins, tant bien que mal, à écarter un peu l'orage qui se profilait mais c'est un sursis de courte durée. Dès ce Naked au climat pesant Blues très inhabituel pour
Extreme, le tonnerre gronde à nouveau. Leave Me alone toujours encore ancré dans cette pesanteur difficile à comprendre ou ce
No Respect aux passages scandés très urbains, un peu à la manière de ces groupes de Fusion très tendance à l'époque (
Faith No More,
Red Hot Chili Peppers...) sont tellement loin de ce que l'on peut attendre d'
Extreme qu'ils seront difficilement défendables.
Il y aurait bien ce
Evangelist aux riffs très inspiré par
Led Zeppelin nettement plus classique pour nous promettre une éclaircie mais certains de ces moments sont si étranges, que l'accalmie s'éloigne immédiatement. Et au contraire, le déluge reprend ses droits laissant des trombes d'eaux s'abattre sur nous
En outre, selon moi, un des soucis majeurs du troisième opus de ces Américains résidait dans le fait que parfois, on était en proie à cette sensation étrange de les voir, et surtout de les entendre, en pleine démonstration. Ici le drame est encore plus évident puisque au-delà des quelques titres relativement corrects déjà évoqués, on a le sentiment que Gary Cherone et ses petits camarades n'ont absolument rien à nous dire et qu'il se contente de faire étalage de leurs talents respectifs.
Prenons par exemple Midnight Express. Ce morceau instrumental inspiré par le film du même nom d'Alan Parker de 1978 n'est rien d'autre qu'un interminable témoignage des capacités guitaristique hors-norme de Nunno Bettencourt. Quel intérêt sinon, une fois encore, de confirmer ce que nous savions déjà? A savoir qu'
Extreme est construit autour d'individualités remarquables mais qui peinent à s'exprimer dès lors qu'il s'agira d'user de ces dons pour manipuler de l'émotion.
Le constat concernant ce quatrième opus des Américains d'
Extreme est donc cruel. Cinglant. Implacable. Non content de s'être presque totalement éloigné de ces singularités qui faisaient de lui un groupe particulier et sympathique, dénaturant donc presque totalement son image, le quartet de
Boston a aussi épuisé son inspiration et oublier que la musique est avant tout vecteur d'émotions. Alors je sais que la période n'était sans doute pas propice au genre que défendait le groupe à ces débuts et que la vague Neo/Grunge a fait beaucoup de mal aux combos plus traditionnels mais ça n'explique pas tout. Loin de là.
Le clown azur perdu dans ce désert stérile ocre ornant la pochette de cet album à l'air habité par une tristesse infinie (cela dit bien moins que sur l'encart intérieur où il tient un pistolet à la main). Elle n'est cependant rien en comparaison de la notre devant ce qu'est devenu ce collectif en seulement quatre disques.
Merci pour la chro.
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