Au royaume de ces résurgences mûes par de nostalgiques souvenirs d’adeptes avides (retour pour lequel l’engouement actuel ne se dément pas), la reformation d’
Extreme paraissait inévitable. Celui qui fut aussi inventif et novateur ne pouvait décemment pas rester muet plus longuement. Après deux premières œuvres atypiques bousculant le traditionalisme d’une scène
Hard Rock conservatiste à l’aide de mélodies à l’esprit, et au groove, indéniablement funky,
Extreme (1989) et II :
Pornograffitti (1990), tous se souviendront que ces natifs de
Boston furent de formidables créatifs.
Plus tard ils finiront par s’empêtrer dans les obscurs méandres d’une démarche, peu être, un peu trop ambitieuse, III : Sides to Every Story (1992), avant de finalement revenir à une expression certes plus classique mais nettement moins inspirés, Waitin for the Punchline (1995). Or il semblerait que Gary Cherone et ses comparses ne soient jamais aussi empruntés et maladroits qu’enfermés dans ce classicisme redondant.
Car, soyons franc, si la virtuosité, la musicalité et le travail mélodique si particulier qui transparaissent de ce
Saudades de Rock, nouvel effort des Bostoniens sorti en 2008 après treize longues années de silence, sont bien l’œuvre d’
Extreme ; le résultat qui nait de cette signature si atypique manque singulièrement d’atout. En effet, si le talent de ces musiciens est indéniable et si l’on reconnait volontiers que Nunno Bettencourt fut l’un des guitaristes les plus doué de sa génération et qu’à ce jour encore son travail, et notamment ses soli, ne manquent pas de charme et que, de surcroit, nul ne peut décemment nier que le phrasé parfois si personnel du remarquable chant de Gary Cherone soit délicieux, le constat d’un ensemble manquant cruellement d’âme est d’autant plus amers. Poursuivant son chemin interrompu par
Waiting for the Punchline, le groupe se contente de réciter des gammes certes maitrisés mais totalement conformistes. Le paradoxe de ce conformisme est d’autant plus étrange que si le groupe fut, et reste, esclave d’une imagination redoutable, il ne se contente pas d’ânonner une œuvre que d’autres auraient pu penser mais bel et bien une que lui-même auraient déjà pu composer. Ainsi
Extreme fait du
Extreme. Ce constat pourrait n’avoir rien de scandaleux si ces américains ne nous avait pas tant habitué à une certaine excellence créative.
Ce
Saudades de Rock nous renvoie donc l’image bien pâle d’un
Extreme sans inspiration. Le
Hard Rock conventionnel de titres tels que
Star, Learn to Love, Run ou encore, par exemple,
Sunrise aux amalgames entre une musique, parfois, funky et un propos propre au genre (
Aerosmith,
Led Zeppelin…) dévoilant les aptitudes d’artistes aguerris, peut apparaitre comme séduisant. Toutefois l’esprit enivré de l’auditeur retrouvant sa raison s’interrogera alors sur la pertinence d’une telle démarche déjà proposé par d’autres, et notamment par
Extreme lui-même. Quoiqu’il en soit, le plaisir éprouvés né d’une émotion déjà ressentis ne peut, et ne doit pas, être négligé.
Au-delà de ces titres nous offrant une satisfaction minimale, d’autres nous laissent dans un doute déconcertant. Evoquons dès lors le morceau
Take Us Alive qui, en une gigue enjouée dévolue à un Country Rock endiablé, laisse en nos pensées le gout acre de ces déceptions cinglantes.
De plus les airs de ces romances émouvantes, devenues impérieuses pour le genre, demeurent intéressants même si elles ne réinventent pas l’exercice alors même qu’étonnamment,
Extreme l’avait pourtant fait autrefois avec
More Than Words. Mais relevons, tout de même, les jolis instants de titres tels que
Ghost,
Interface, ou encore, par exemple, Peace (Saudade).
Saudade de Rock est donc une œuvre exsangue d’inspiration d’un groupe qui, pourtant, fut l’un des plus inspirés de son époque. Proposant un exercice de style consistant à se contrefaire lui-même,
Extreme ne trouvera aucune rédemption s’il demeure impuissant à réinventer quelques peu sa musique.
Au-delà de ça, il n'y aucun souci concernant l'aspect sans concession de tes interventions. Lorsqu'elles défendent des opinions intéressantes, étayées par des arguments pertinents, je n'ai aucun souci à être "bousculé" par elles (contrairement à ce que ma réputation ici pourrait laissé croire).
Bon ok, la prochaine fois, j'envoie du bois alors lol !!
Merci en tous cas pour ta chronique, en rédiger une reste un gros travail et c'est appréciable quel que soit l'avis qui en ressort.
Peut-être que sur le prochain album, nos avis se rejoindront, va savoir ;)
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