Longtemps je suis resté enfermé dans cette rancœur que m'avaient procurées les premières écoutes de ce
III Sides to Every Story, troisième opus des Américains d'
Extreme sorti en 1995. Il y avait sur leur précédent opus, l'excellent
Pornograffitti, une simplicité et une spontanéité qu'ils avaient parfaitement su mêler à des aspiration plus exotiques en un équilibre parfaitement parfait que ce nouvel effort, aux propos nettement plus travaillés, nettement plus ambitieux et, n'ayons pas peur des mots, nettement plus abscons n'avait, selon moi, pas su retrouver. Plusieurs décennies plus tard, il était largement temps de redonner une nouvelle chance à cet opus.
Articulé autour du concept des différentes versions d'une même histoire, l'album se découpe en trois parties distinctes. La première, Yours, est la plus classique avec ce
Hard Rock.si typique dans lequel Gary Cherone et ses petits camarades excellent. La seconde, Mine, est plus expérimentale, les guitares y sont moins présentes. Quant à la troisième,
The Truth, elle, elle est carrément Progressive.
Yours, ou "Longueurs et des cadences":
Quel est la bonne longueur pour un titre? A cette question cruciale chacun ira de sa propre réponse. Certains au pragmatisme déroutant et au cynisme patent quantifieront la chose en minutes et secondes. D'autres, plus rêveurs et fantasques, dont je fais indiscutablement partis, répondrons plutôt quelque chose du genre, quand tout a été dit.
Prenons, par exemple,
Rest in Peace, un titre plutôt sympathique au demeurant avec ces jolies notes de violons du début bientôt suivis par couplets et refrains en une construction séduisante. Le tout s'enchaine plutôt sympathiquement donnant un morceau plutôt agréable à l'écoute. Sauf que, selon moi, à partir de 4min 30s très précisément il s'éteint complètement semblant n'avoir plus rien à dire. Un peu comme si
Extreme se regardait jouer franchissant cette limite ténue entre "ambition" et "prétention". Le pire étant même atteint avec cette énième reprise du refrain qui clôt dans une ambiance douce et acoustique la piste. Pourquoi? Aucune idée.
Avec Cupid's
Dead ce sont même plus de 2min, les dernières, où les Bostoniens nous assomment de leur incroyable technicité en un phrasé très Groovy mais presque labyrinthique. On peine, en effet, à comprendre où ils souhaitent nous emmener.
En outre il y a dans l'enchainement de certains titres de cette première partie une certaine maladresse étonnante.
Rest in Peace et Politicalamity sont, en effet, construit sur un phrasé rythmique, et autour d'une cadence, un peu similaire. Du coup on a parfois du mal à les distinguer.
Hers, ou "Langueurs et Des illusions":
Ce second tiers démarre sur
Seven Sunday, une ballade aux pianos un peu dans l'esprit de When I Firts Kissed you. Le souci c'est que ce titre n'a pas vraiment le charme de ce dernier. C'est même une piste plutôt lambda.
Tout comme d'ailleurs ce
Tragic Comic aux accents Pop Rock qui le suit.
The Truth, ou "Rythmes et dédoublement"
Là encore, le problème vient, selon moi, essentiellement, de ces rythmes assez lents et contemplatifs dans lesquels
Extreme essaye tant bien que mal de nous entrainer. Mais aussi de ces longueurs. Et ce d'autant plus que le groupe se promène dans ces lieux très mélodiques et orchestraux, langoureux et doux, loin de ce Groove chaloupé qui fit pourtant sa renommé. Tant qu'il est parfois assez difficile de le reconnaitre. Des contrés comme
Who Cares et Rise 'n Shine, en sont d'ailleurs de parfaits exemples.
Mine, ou "Ma vérité":
Malgré tout ce disque a, quand même, de nombreux atouts à nous offrir. L'entrainant
Warhead, l'une des pistes les moins représentatives de cet album, le sympathique Color Me
Blind, un
Peacemaker Die aux riffs remarquables bien amenés (cette reprise après les premiers refrains venant nous replonger dans ces couplets plus energique, un vrai bonheur...) ou encore Our Father sont autant de chansons vraiment agréable à parcourir. Tout comme
Stop the World d'ailleurs.
Avec ce
III Sides to Every Story,
Extreme aura sans doute été trop ambitieux s'éloignant un peu trop de ces caractéristiques qui avaient pourtant fait de lui quelqu'un d'atypique et de désirable. Il aura aussi fait preuve de maladresse en voulant en faire un peu trop. Ajoutons que la période en proie à certains bouleversements artistiques n'aura sans doute pas aidé à faire de ce disque un véritable succès.
Quant à ma déception d'autrefois, les quelques jours passés à parcourir cet opus et à débusquer ses qualités m'auront, au moins, en partie, réconcilié avec lui. C'est déjà ça.
Dans le même genre de concepts subjectifs qui me font hurler de rire moi j'aime beaucoup "les morceaux de remplissage".
Nos gouts évoluent, c'est sûr. Et en réécoutant certains disques que j'ai, autrefois, boudé, je ne serais pas étonné de les trouver aussi meilleurs. Et vice et versa, bien sûr. Mais Riot...faut quand même pas déconner...lol...
Blague à part, tu pensais à quel disque de Riot?
Pour en revenir à Extreme je vais me le repasser et avoir peut-être un regard plus objectif sur cet opus.
Bon d'accord je lui redonnerais sa chance au Restless Breed...
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