Vögguvísur Yggdrasils

Liste des groupes Folk Metal Skálmöld Vögguvísur Yggdrasils
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17/20
Nom du groupe Skálmöld
Nom de l'album Vögguvísur Yggdrasils
Type Album
Date de parution 30 Septembre 2016
Style MusicalFolk Metal
Membres possèdant cet album43

Tracklist

1. Múspell 05:20
2. Niflheimur 05:03
3. Niðavellir 04:39
4. Miðgarður 04:36
5. Útgarður 04:29
6. Álfheimur 06:35
7. Ásgarður 05:43
8. Helheimur 03:00
9. Vanaheimur 09:17
Total playing time 48:42

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Skálmöld


Chronique @ AlonewithL

17 Novembre 2016

Un réactionnaire aux variations de la mer.

"Change", "Le changement c'est maintenant". Ah oui, le changement, noble cause, superbe slogan. C'est ce que l'on promet aux damnés pour qu'ils vous portent sur un trône. Mais, le porteur de la promesse des jours meilleurs fait office de prophète. Et l'idéologue fait très souvent un mauvais prince. St Jean nous avait révélé qu'à l'approche de l'Apocalypse, le monde serait parsemé de faux prophètes. Même si le texte sacré révèle plus de la blague que de la vérité, il est vrai que les périodes de grande difficulté ont été propices aux opportunistes et ambitieux de toutes sortes. Méfions nous donc des promesses de changement. A l'heure où on assiste à ce qui pourrait être un début de chamboulement dans l'univers folk/pagan au point de voir plusieurs groupes d'importance bousculer leurs habitudes et tester d'autres types de formules, la formation islandaise "Skálmöld", déjà repérée pour sa rigueur et un certain manque d'originalité, choisi de résister aux modes et aux idées neuves. Pire encore avec "Vögguvísur Yggdrasils" ré-explorant les neuf mondes nordiques, leur quatrième album en près de sept ans d'existence, on observe un rétropédalage remontant aux origines, mettant quelque peu au placard leurs intentions symphoniques datant de la période "Börn Loka". Le rocher "Skálmöld" est devenu malgré lui un réactionnaire aux variations de la mer.

Et comme une mer agitée, le disque débute sans répit, frappant les pierres du rivage par gros paquets d'eau salée. C'est la règle sur le palpitant "Muspell". On y retrouve l'intensité et la rigueur, sinon la rugosité, de la formation. Les coups sont néanmoins particulièrement puissants et encaissés. Donc, même si la musique s'illustre par une certaine sobriété, toutefois cassée par un solo de guitare et quelques chœurs inlassables en seconde partie, cette rythmique tempétueuse par coups sourds maintient l'attention autant que la pression. Toujours aussi palpitant, "Niðavellir" se montre plus élancé. Les chœurs lui confèrent notamment plus de charme en addition à la mélodie. A partir du milieu de piste, le jeu se durcit, la guitare conçoit alors un riff très entraînant. Si vous avez jugé que ceci allait vite, "Skálmöld" créé véritablement la surprise avec "Helheimur" et son rythme effréné. Nerveux et colérique, les cris sont d'ailleurs très perceptibles, ce morceau viral se révèle un des extraits les plus abrasifs et fibreux de cet opus cantonné dans la tradition.

Baissons d'un ton vous le voulez bien. La vitesse mêlée à l’âpreté du chant et des riffs ne sont parfois pas suffisantes pour traduire la dangerosité ou la colère. "Útgarður", par exemple, ne joue pas au plus pressé. Le ton est en revanche tout ce qu'il y a de plus intimidant. Le riffing salvé, le chant barbare et la répétitivité sont les ingrédients d'une formule primitive assez singulière et prenante. On se situe quelque peu loin de celle-ci pour ce qui est d'"Ásgarður". La tonalité est manifestement plus conquérante et élancée, aussi aidée par une profusion du chant clair. Musicalement, il y a une certaine similitude avec le confrère néerlandais "Heidevolk". Cependant ne vous arrêtez pas en si prompt chemin, car le titre plonge, bascule d'un seul coup dans la profondeur des abîmes, et cela peu avant le milieu de la piste. L'auditeur en ressortira sans trop de dommages. Il est à noter une profusion de ces petites surprises, où le groupe nous initie à un ensemble tout ce qu'il y a de plus massif, avant que l'on découvre des petites caches que l'on n'aurait pas imaginé.

Bien entendu, il existe des contre-exemples, à l'image du pesant et neutre "Niflheimur", figure du pagan pataud et rude, typique de ce que nous avait offert la formation islandaise jusque là. Le tonique et frais solo de guitare avant le dernier tiers de la piste ne casse même rien au rythme de base. Bien qu'entreprenant, il le conforte. Ce morceau taillé dans la pierre laissera moins de souvenirs que le riche morceau "Miðgarður", fruit de ce qui semble être un meilleur investissement de la part du groupe. L'ambiance est dynamique, enthousiaste. Les chœurs sont ici en retrait contrairement aux habitudes prises, mais on reconnait pourtant la marque de fabrique du groupe. Ce titre absolument délectable reste révolutionnaire dans la forme, pour l'énorme part conférée surtout à l'instrumental, fournissant accélérations et coups formidables. En comparaison, "Vanaheimur" et ses coups de cloches ressemble plus à une longue marche funèbre, mais le titre aura aussi ses moments extatiques. L'articulation est également lente sur "Alfheimur". Celui-là par son atmosphère épique et ses riffs caractéristiques fait ressortir l'influence de "Tyr", autre groupe vivant dans les îles glacées du Nord.

A travers "Vögguvísur Yggdrasils", "Skálmöld" s'emploie à une résistance vigoureuse et exemplaire face à la vague de dégénérescence qui se met à gagner l'univers folk/pagan. Point de nez rouge ou de poulet en plastique encore chez eux. On prie que ça ne vienne jamais. La trahison reste néanmoins tentante pour beaucoup. Certains font du folk et du pagan en respect des sources, pour honorer leurs ancêtres et faire revivre le feu de l'Histoire et des traditions que nous avons perdu de vue au risque de vivre et de mourir en pures anonymes. D'autres formations remettent cela en question, pressées par les attentes d'un troupeau de chèvres réclamant du foin plutôt que de la nourriture divine. Des prout-prout, des pouet-pouet, plutôt que des chœurs célestes. Une exubérance stérile face à une sobriété créatrice, comme a su nous montrer "Skálmöld" avec ce volume en conformité et de qualité similaire au sommet de leur discographie qui est pour l'instant "Baldur". Pour beaucoup d'autres malheureusement c'est l’appât du gain et la rapide notoriété qui prévaut. "Skálmöld" est une exception, devenue rapidement célèbre grâce à son originalité et en partie à sa localisation exotique. Pour d'autres résistants, les jours sont comptés. Les hérétiques penseront acquérir gloire et richesse, mais laisseront plus tard au mieux l'image d'un berger plutôt qu'un roi. L'inconvénient est qu'aujourd'hui le bâton se troque plus facilement que le sceptre.

15/20

4 Commentaires

6 J'aime

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Fonghuet - 18 Novembre 2016: J'ai bien aimé le concept de l'album qui reprend des comptines islandaises sur les neuf mondes, je crois que c'est Skyforger ou un truc dans ces coins de pays qui avait également fait un albumbasé sur des comptines traditionnelles
Ensiferum93 - 18 Novembre 2016: Merci pour cette chronique !! J'espère que ta plume sera autant appréciée par les autres lecteurs que par moi, tant pour cet album que pour l'engouement mis dans ces mots.
J'avoue être un peu étonné par ta note qui "dénote" avec ce que je ressens à la lecture de ta chronique.
J'ai eu un peu de mal à la première écoute, trouvant le son un peu trop plat par rapport à la dureté de leur style, mais avec un peu de patience je pense l'apprécier maintenant à sa juste valeur: un très bon album de Skalmöld =)
Darksaucisse - 18 Novembre 2016: Merci pour la chronique, bien rédigée comme tu nous y a maintenant habitué !

Perso Skalmold autant en live j'apprécie (ils font d'ailleurs généralement l'unanimité), autant sur album je suis moyennement fan... Ce chant guttural monocorde à tendance à m'emmerder et c'est bien dommage du coup je reste sceptique malgré de bonnes idées...
AlonewithL - 18 Novembre 2016: Je l'ai toujours considéré comme quelque chose de voulu et de parfaitement cohérent à la rudesse de la musique. Disons un côté primitif consenti, comme pour "Troglodyte" et leur "bigfoot" death metal.
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