Le viking metal initié par les grands pionniers «
Bathory » et «
Enslaved » est aujourd’hui l’objet de controverses. On l’approprie à tort à des groupes n’ayant jamais fait la moindre référence aux vikings ou à sa mythologie («
Korpiklaani », «
Eluveitie », «
Ensiferum »). L’islandais « Skalmöld » ne fera l’objet d’aucun doute quant à son appartenance au genre. Délivrant un pagan épique et bourrin, parfois agrémenté de quelques solis heavy metal, le groupe fait une totale allégeance aux dieux vikings. Ses textes sont principalement basés sur la mythologie nordique, voire inspirés par celle-ci. « Skalmöld » nous conte à travers un album-concept l’histoire tumultueuse de Hilmar
Baldursson et Brynhildur contre le dieu
Loki. Ce dernier est protégé par certains de ses enfants, des monstres qui hantent la mythologie nordique à l’instar du loup
Fenrir ou de Hel la reine des enfers (le titre de l’album «
Börn Loka » signifie d’ailleurs « les enfants de
Loki »). Après un «
Baldur » remarquable et remarqué, les six islandais tentent de se pérenniser avec un second album dans la chair musicale du premier. Cependant, au loin, le loup
Fenrir guette, la progression de « Skalmöld » s’avèrera plus compliquée que prévue.
La dualité entre les voix d’opéra baryton/mezzo-soprano et le growl de Björgvin fait l’effet d’une douche froide d’entrée sur « Odinn ». Ce titre dont le seul but est d’ouvrir l’album comme on ouvrirait une représentation théâtrale par les fameux trois coups, nous fait craindre un ralliement de « Skalmöld » aux clichés des dernières pièces de «
Turisas » et d’«
Ensiferum ». On croit la musique symphonique poindre son nez, mais en fait non. Car «
Sleipnir » reprend la musique que l’on avait croisé au premier album de la formation : un pagan rude et épique associé à un chant growlé particulièrement hargneux et graveleux. Toutefois cette fidélité au style montre quelques essoufflements et une perte d’endurance, y compris sur « Fenrirsulfur » qui avait eu le privilège d’introduire la performance vocale d’Edda Tegeder Óskarsdóttir, superbe chanteuse actuellement membre du groupe «
Angist ». On la retrouvera sur l’inquiétant « Hel », porté par de vives secousses et la détermination des guitares. Cet aperçu d’apocalypse trouvera un répit au milieu de piste. Après l’univers infernal se dessine un paysage triste et isolé. Mais nous ne tarderons pas à redécouvrir les flammes de l’enfer sous l’impulsion de dame Edda jouant parfaitement le rôle de Hel par son chant puissant et corrosif.
Autre lieu oppressant traversé dans notre péripétie, « Himinhrjóður » fera dresser quelques cheveux sur la tête.
Pas vraiment de musique, mais des grondements sauvages, une atmosphère hostile, avec en toile de fond le meurtre d’un monstre à coups d’épée. Oui ! Ça ne rigole pas chez les islandais. On aime avant tout guerroyer que festoyer. La force martiale qu’impose le rythme de « Vali » est là pour nous le démontrer. Cela se révèle néanmoins assez répétitif. Il faudra attendre le milieu du titre, puis le dernier tiers de piste pour que la pression se relâche et qu’on nous délivre enfin quelques mélodies intéressantes. C’est là que l’on pourra d’ailleurs retrouver quelques solis heavy metal de grande valeur, comme le groupe avait commencé à nous habituer. Les chœurs épiques prendront aussi une place importante dans la réussite de cette fin de titre. Ceux-ci figureront un peu partout au sein de l’album, plus ou moins actifs suivants les différentes pistes, mais toujours aussi déterminants. Les chœurs seront plus mis en considération sur « Miðgarðsormur ». Avec un tempo alourdi, on fait tout de suite le rapprochement avec les féringiens de « Týr ». Le titre ne se basera pas uniquement sur ces chœurs et ce tempo sans grande profondeur, on aura la surprise de suivre des riffs de thrash musclés sur le milieu de piste, cassant ainsi brièvement la redondance qui commençait à se faire lourdement ressentir.
«
Börn Loka » n’est pas fait que de violence et de bravoure guerrière. L’auditeur aura droit aussi à des moments plus festifs et radieux, notamment avec la cavalcade « Gleipnir », qui s’assimile davantage aux performances d’un groupe comme «
Vanir », bien que « Skalmöld » se montre ici un brin plus furtif. La furtivité n’est pas la spécialité du charmeur « Narfi », jouissant d’une tonalité beaucoup plus posée et d’un très fort esprit épique. Les débuts de «
Loki » font preuve également d’un certain enthousiasme. On se sentirait cavaler à la tête d’une grande armée. Palpitant et guerrier, le morceau affiche cependant dans sa progression des passages plus cruels et sombres. Ce long titre semblerait être un résumé de l’album en son entier. Les paysages et les ambiances défilent assez rapidement, nous amenant finalement aux voix d’opéra du tout premier titre. Le digipack en édition limitée de «
Börn Loka » inclura le onzième titre « Eldur », adoptant le rythme pachydermique et les airs de « Týr ». Un morceau souffrant de longueurs qui n’apporte rien de bénéfique à l’album.
C’est à une baisse de régime auquel on assiste chez « Skalmöld ». Après le succès quasi-immédiat de «
Baldur », le groupe pensait sans doute que la voie était toute tracée pour atteindre le succès. L’histoire des enfants de
Loki inventée par la troupe islandaise n’est pas inintéressante en soi, mais aurait mérité une musique plus ambitieuse et reposant moins sur les mêmes éléments qui avaient fait la réussite du premier opus. A notre grand dam, seuls deux ou trois morceaux arrivent à se démarquer. Juste arrivé à son second album et « Skalmöld » commence déjà à nous lasser.
Loki, le dieu de la discorde aura-t-il le dernier mot sur l’avenir de la formation viking ?
Seul Odin le sait.
13/20
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