Suite à un flamboyant «
Of Jupiter and Moons », son quatrième album studio, le prolifique et talentueux quintet italien était attendu au tournant... Après deux années mobilisés aux quatre coins du globe, enchaînant à tours de bras concerts et festivals internationaux (Sala Monasterio (Barcelone, Espagne), Rock House Moscow (Russie), Electric Ballroom (Londres, Royaume Uni), 70000 Tons Of
Metal (Miami, USA)... en 2019 ; CCO (Lyon, France), Trillians (Newcastle, Royaume Uni), Vegallomas Klub (Szombathely, Hongrie)... en 2018), le voici de retour dans les starting blocks. Et ce, muni de son cinquième opus de longue durée dénommé «
Viridian » ; une galette généreuse de ses 11 pistes égrainées sur un ruban auditif de 45 optimales minutes, sortie chez le puissant label
Napalm Records. Une première pour nos acolytes et qui laisse à penser que, sept ans après leur sortie de terre, ils caressent désormais le légitime espoir d'accéder au rang de valeur confirmée du power mélodico-symphonique à chant féminin...
A la barre, on y retrouve l'équipage du précédent opus au grand complet, à savoir : Alessia Scolletti (Era) en qualité de frontwoman ; Michele Guaitoli (Future Is Tomorrow,
Kaledon,
Overtures,
Visions Of Atlantis...) au chant ; Marco Pastorino (Even
Flow, Light &
Shade, Virtual
Symmetry) aux guitares et au chant ; Liuk Abbott (Even
Flow, Light &
Shade,
Revenience...) à la basse ; Alfonso Mocerino (Starbynary, Virtual
Symmetry...) à la batterie. Avec la participation, pour l'occasion, de la flûtiste américaine Sarah Teets (
Mindmaze). A nouveau coproduit par Michele et Marco, mixé et mastérisé par un certain Jacob Hansen (connu pour avoir oeuvré pour
Avantasia,
Delain,
Diabulus In Musica,
Epica,
Evergrey,
Imperia,
Kamelot,
Pretty Maids,
Pythia,
Sirenia...), le méfait jouit d'un enregistrement d'excellente facture, ne concédant pas l'ombre d'une note résiduelle, et équilibrant parfaitement lignes de chant et instrumentation. Pour compléter le tableau, l'artwork de la cover d'inspiration fantastique relève de la patte de Yann Souetre (
Ayreon). Aussi, doté d'une production d'ensemble particulièrement soignée, le combo transalpin serait-il dorénavant en passe de faire trembler ses homologues, toujours plus nombreux à affluer dans ce registre ?
Fidèle à ses fondamentaux, le collectif italien continue d'officier dans un power mélodique symphonique à chant mixte, les cristallines inflexions d'Alessia se mêlant aux puissantes attaques de Michele et aux growls de Marco, cette originale et harmonieuse triangulation le démarquant de nombre de ses pairs. Ce faisant, on effeuille une oeuvre à l'indéfectible pugnacité, aux séries d'accords d'une redoutable efficacité, combinant judicieusement riffs épais, rythmique volontiers frondeuse et empreinte symphonisante ; un vibrant et enivrant message musical dans la veine de
Delain,
Visions Of Atlantis,
Kamelot,
Serenity et
Ancient Bards. Dans le prolongement atmosphérique de son illustre aîné, tout en nous faisant renouer avec le son caractéristique du combo, cet arrivage nous amène à explorer de nouvelles contrées. Mais entrons plutôt dans la cale du navire en quête de trésors secrètement enfouis...
Comme ils nous y avaient déjà sensibilisés, nos acolytes témoigneraient de cette rare capacité à concocter ces sémillantes séries d'accords qui longtemps vous resteront gravées en mémoire, notamment au regard de leurs pistes les plus enfiévrées. Ainsi, l'accroche s'effectuera d'un battement d'aile sous l'impact du refrain catchy dont se pare «
Mission Impossible », up tempo power mélodico-symphonique aux riffs acérés adossés à une saillante rythmique, à mi-chemin entre
Ancient Bards et
Visions Of Atlantis. Dans ce champ de turbulences évolue un duo mixte en voix claires en parfaite osmose que vient rejoindre par touches successives l'ombrageux growler. Dans cette énergie, on retiendra encore les ''rhapsodiens'' « I Am the
Fire » et « Start Another Round » tant pour les sidérantes montées en puissance de leur corps orchestral qu'en ce qui a trait à leur grisante sente mélodique. Et comment échapper à l'infiltrant cheminement d'harmoniques exhalant des entrailles de l'entraînant et ''delainien'' « Let It Beat » ? Autant de pistes susceptibles de figurer dans les charts, donc.
Quand la cadence s'accélère un tantinet, nos compères trouvent là encore matière à nous happer le pavillon. Ce qu'illustrent précisément « My Demons Can't
Sleep » et «
The Cult of
Mystery », échevelants et luxuriants up tempi à la confluence entre
Serenity et
Kamelot. Dans un cas comme dans l'autre, tout en restant calé sur un sillon mélodique propice au total enivrement de nos sens, c'est sur un torrent de lave synthétique que déambulent nos vocalistes patentés, avec, pour effet, de nous retenir plus que de raison. Dans cette dynamique, tels
Ancient Bards, tant le pulsionnel et symphonisant «
Viridian » que l'offensif et ''folkeux'' « Nanook » déversent leurs riffs corrosifs en tirs en rafale tout en s'écoulant le long d'une enchanteresse rivière mélodique. Dans le premier cas, on appréciera les insoupçonnés changements de tonalité tout comme l'entêtant refrain mis en exergue par l'inspiré duo en voix claires, alors en totale osmose ; le second méfait, lui, retenant l'attention à la fois par les troublantes oscillations insufflées par une cornemuse samplée et ses choeurs d'enfants, alors judicieusement inscrits dans sa trame.
Lorsqu'ils retiennent les chevaux, nos gladiateurs se muent alors en de cruels bourreaux des cœurs, nous livrant ainsi leurs mots bleus les plus sensibles. Ainsi, à l'aune du romantique « Scent of Dye », c'est dans une mer d'huile que le pavillon plongera, et ce, dès les première mesures entamées. Non sans rappeler
Kamelot, cette ballade aux airs d'un slow qui emballe emmenée par deux tourtereaux bien habités révèle des enchaînements couplets/refrains des plus sécurisés. Glissant sur une ligne mélodique certes convenue mais d'une précision d'orfèvre et apte à générer cette larme au coin de l'oeil que l'on feindrait d'ignorer, l'instant privilégié ne pourra que malaisément être esquivé par l'aficionado d'intimistes espaces. Dans cette veine, la fringante ballade progressive «
Gaia » nous imprègne de sa lumière tamisée et de ses chavirants harmoniques pour mieux nous retenir. C'est cheveux au vent que s'effectue la traversée, le combo nous menant alors au cœur d'un tourbillon de saveurs exquises, que l'on ne quittera qu'avec l'indicible espoir d'y goûter à nouveau...
On ressort de l'écoute de la rondelle gagné par l'agréable sentiment de plénitude, la troupe livrant un manifeste bien équilibré sur le plan rythmique, d'une rare intensité émotionnelle et bénéficiant d'une production d'ensemble coulée dans le bronze.
Pas de doute, le collectif transalpin a élevé ses exigences logistiques, artistiques et techniques d'un cran, nous offrant une œuvre à la fois solaire, enjouée, pétrie d'élégance, un brin romantique, jouissant de finitions passées au peigne fin et de mélodies accrocheuses mais nullement tapageuses ou par trop mielleuses. Exception faite du bref et dispensable « Catch the
Dream », la galette n'accuse pas l'ombre d'un bémol tout en demeurant éminemment accessible. Aussi, pierre par pierre, le groupe solidifie l'édifice, étoffant son offre de sonorités inédites et de joutes oratoires plus abouties aujourd'hui qu'hier. On comprend dès lors que le quintet italien signe un cinquième et audacieux élément susceptible de l'asseoir parmi les valeurs confirmées de son registre metal d'affiliation. Bref, une formation qui a le vent en poupe...
Merci pour ta chronique.
Très bonne impression pour ce groupe de Power mélodique.
Album très frais et homogène du début à la fin.
A suivre de très, très près.....
Merci à toi! Pour ma part, il s'agit-là de l'une des meilleures sorties de cette année. Un groupe qui a bien progressé au fil du temps et qui a su se renouveler. A suivre donc...
Curieusement, je trouve que les titres les plus faible sont le morceau éponyme, ainsi que Let it beat, car comme tu le cites il est très Delain, que je n'apprécie pas du tout.
merci pour la découverte et la belle chronique!
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