Quitte à me répéter, il est de plus en plus difficile de retrouver dans la scène Black
Metal Dépressif le groupe qui se démarque par l’originalité de ses compositions.
Pensées Nocturnes est le projet d’un seul homme, Vaerhon, et Pensées Nocturnes est de ceux-là.
Il faudrait s’immerger dans «
Vacuum » une soirée froide d’hiver, dans la pénombre, et observer la ville, les vulgum pecus qui semblent errer sans but, fraction de vie aussi vite oubliée qu’aperçue,
«
Vacuum » prend place, et la sombre magie de « Lune Noire » opère. Et déjà, vous saurez que vous n’êtes pas en présence d’un quelconque « ersatz de », mais bien d’un album riche d’une noblesse de genre peu commune. Une introduction acoustique cristalline où copulent tristement divers instruments à cordes sur fond d’arpèges lancinants accouche d’une explosion de douleur avec l’intervention du maître des lieux, hurlant et crachant à la face du monde la vision obscure qu’il a de lui : le début du voyage est tourmenté et splendide, et ne s’achèvera qu’une heure plus tard.
La personnalité musicale de ces « Pensées Nocturnes » s’apparentera donc à une plongée vers l’abîme, dont les multiples instrumentations lorgneront essentiellement vers la musique classique par l’emploi d’une diversité atypique - pour le style - d’instruments (citons pêle-mêle le violon, le basson, le cor, le piano etc…) qui, loin de rallonger artificiellement les morceaux par un côté symphonique, sert l’émotion et appuie les poignantes envolées de mélancolie, matérialisées par des plans de guitares majestueux, où la distorsion embrasse les notes soumises par les orchestrations classiques.
Vaerohn, très en voix, est omniprésent par sa griffe de compositeur mais sait aussi s’effacer vocalement comme pour mieux laisser la musicalité pénétrer l’auditeur.
Ame torturée et désabusée qui nivelle la haine vers le bas, arrivant à un seuil de tourments vocaux qui ne seront pas sans rappeler le travail des Australiens d’
Austere, Vaerohn ne répète pas ses plans à l’excès comme d’autres.
Techniquement, c’est à un sans faute auquel vous aurez à faire, la chose étant l’œuvre d’un simple homme forçant d’autant plus le respect, et s’il y a des similitudes avec les ténors de la scène, elles ne concerneront que la durée des morceaux (pas moins de 8 minutes par pièce) et l’intensité du ressenti éprouvé à leur écoute.
Aucun morceau n’est radical, le parti pris par Vaerohn est la diversité et la grande homogénéité des compositions. D’une élégance rare, d’une sincérité d’émotion marquante, l’orchestration est d’une pureté capiteuse et nantie d’une variété riche en surprises, l’introduction très blues/jazzy (oui oui, vous avez bien lu ça dans une chronique de Black
Metal Dépressif) de la bien nommée « Coup de Bleus » en est le parfait exemple.
Les Pensées Nocturnes de Vaerohn, si elles étaient solitaires à la base, nous sont partagées pour notre mélancolique ravissement, et le frisson que procure cette sensation paradoxale de complaisance dans l’affliction, s’il a été oublié, est enfin ravivé par «
Vacuum » qui pour un premier essai rentre directement dans la cour des grands.
Invitant à la contemplation de l’être, et oui rien que ça, «
Vacuum » remporte la bataille, et m’a assurément mis KO par enivrement.
Chapeau.
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