Homme occupé, leader d’un
Angra qui aurait pu partir à la dérive, tentative carrière sous son nom et un nouveau projet fusion prenant son temps actuel,
Kiko Loureiro semble plus que jamais épanoui et inspiré.
Le guitariste brésilien, en partie responsable du succès d’
Angra en dotant le groupe de riffs inspirés et incisifs et de soli à donner le tournis aux meilleurs, Kiko avait, suite au chef-d’œuvre des brésiliens
Temple of Shadows, tenté un exercice en solo avec l’incroyable
No Gravity en 2005.
Premier opus resté dans beaucoup d’esprits, marqué du sceau d’une dextérité caractéristique et d’un sens de la mélodie unique (privilégiant la mélodie à la débâcle de notes), la suite se faisait attendre mais personne n’aurait cru que Kiko enchaînerait aussi rapidement, à peine un an après le torturé et controversé
Aurora Consurgens.
Il remet le couvert, et nous livre ce
Universo Inverso troublant, et surtout complètement inattendu.
Là où ses autres productions gardaient constamment un pied ferme dans le métal, la rapidité et le heavy, ce second opus lui laisse un champ nouveau sans réellement l’être. Ses influences de bossa nova, ainsi que celles plus flamenco, prédominent dans une ambiance de bars enfumés et de cigares havanais.
Désormais centré autour d’un réel line-up (dont un Yaniel Matos au piano dont nous préférerons éviter le caractère polémique de son nom), Kiko a composé sans contrainte, sans complexe et propose un disque qui risque de décevoir. Non pas que
Universo Inverso soit mauvais, mais simplement que le public n’est plus le même.
On retrouve une fluidité commune, une certaine virtuosité même mais s’intégrant dans un ensemble au final peu intéressant. Loin de la beauté d’un titre comme "La Force de l’Ame", "Feijão de Corda" ouvre le disque avec de nombreuses parties de piano jazz qui, en étant belles, ne provoquent pas grand-chose.
Les notes se suivent, certaines parties solistes très discrètes démontrent un talent toujours aussi unique dans l’assemblement de notes asymétriques, mais les oreilles ne frissonnent pas.
Une grande uniformité ressort également du disque, loin de la variété d’un
No Gravity encore en apesanteur. Et malgré de nombreux efforts, il devient presque impossible de sortir un titre plutôt qu’un autre de l’album tant tout se ressemble. Le fait que la musique soit jazz n’est, à mon sens, pas en cause, mais bel et bien que cet opus souffre d’une homogénéité si forte qu’elle en devient ennuyeuse.
On pourrait ressortir le solo très typé de ""Anastacia, mais sans grande émotion. Tout se ressemble, et la lecture dans son intégralité en devient difficile. Un aspect groovy certes, une basse en avant, une batterie se limitant à un aspect rythmique minimaliste, mais une musique qui jamais ne semble porter une note plus haute que l’autre.
Nous pourrions évoquer la ligne très technique de basse sur "Camino a Casa", mais qui, une nouvelle fois, malgré un talent évident, en deviendrait presque vide.
Universo Inverso n’est ni mauvais, ni excellent, mais il s’adresse à un tout autre public que celui des autres projets de Kiko. Et là où il continuera sur la même voix avec son nouveau projet
Neural Code, le charmant brésilien est revenu à ses premiers amours avec un
Fullblast sous son nom qui effectue un retour à
No Gravity, mais avec une rage et une détermination peu commune, tout en gardant quelques bribes jazz et acoustiques.
Autant te dire que je ne suis ni d'accord avec la note, ni avec ta chronique :)
Peu importe la note finalement, c'est une question de goût. La chronique, en revanche, est limite réductrice et revient presque à dire "Kiko, stp, fais du Angra ou du No Gravity, c'est ce qu'on attend de toi" !
Au contraire, je trouve que, non seulement l'album est une réussite (pour peu qu'on aime le jazz), mais en plus il a le mérite d'être une bouffé d'air frais dans la sphère des guitar heros !
J'adore les premiers Angra, ainsi que No Gravity (j'ai eu la chance de voir Kiko en masterclass pour cet album justement) et je me souviens de l'agréable surprise de ma première écoute de Universo.
En effet, la petite touche brésilienne, elle a toujours été présente dans son jeu. Ce n'est pas juste pour faire "style" je suis brésilien donc je joue des trucs brésiliens.
Non, Kiko a un réel amour de la musique traditionnelle de son pays, il la connait et je peux comprendre qu'il ait eu envie de retranscrire ça en musique.
Je prends cet album comme une sorte d'hommage, qui auraient perdu tout intérêt en version speed metal.
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