On le sentait arriver depuis la publication de «
Cursed To
Live » en
2012, mais la confirmation est belle et bien tombée :
Morgoth est de retour. Sans révolutionner le genre, les allemands peuvent se targuer d’avoir publié «
Cursed » (1991) qui fit date aussi bien dans la discographie du groupe que chez les deathsters de tous poils, forgeant, par la même occasion, l’identité musicale de
Morgoth. «
Cursed » sera suivi de «
Odium » (1993) s’inscrivant dans le même caveau que son prédécesseur. Mais lasser de jouer du death-metal, à l’issu d’une tournée intensive en soutien à «
Odium », le combo commit le crime de lèse-majesté en réorientant son propos et publiant l’abominable (selon les goûts) «
Feel Sorry for the Fanatic », qui délaissait son death d’antan pour évoluer vers une musique plus proche de
Killing Joke, le groupe ne s’en relèvera pas et splitera quelques temps plus tard.
Il est vrai que la tournée «
Cursed To
Live » avait quelque peu rassuré sur les intentions du groupes et à un retour à des velléités plus death-metal, mais c’est avec une anxiété non dissimulée et un brin de scepticisme que votre serviteur aborde la découverte de «
Ungod », nouvel opus de
Morgoth, 18 ans après son prédécesseurs, dont le choc fut très rude à l’époque, il faut ajouter à cela, l’éviction du hurleur originel, Marc Grewe pour des raisons personnelles, remplacé par Karsten « Jagger » Jäger, bien connu pour ses vociférations au sein de
Disbelief.
Les doutes s’estompent dès les premières notes de « House Of
Blood » qui ouvre «
Ungod », les allemands sont assurément revenus au death-metal qui fit sa renommée et, le reste de l’album sera du même acabit. Point ici d’expérimentations hasardeuses, de bidouillages électroniques,
Morgoth a décidé d’envoyer le bois et reprend les choses là où il les avait laissés à l’époque bénie de «
Cursed » et de «
Odium ». D'obédience mid-tempo, «
Ungod » ne manque pas de puissance comme en témoignent les riffs massifs de «
Voice Of
Slumber », « Prison In
Flesh », «
Traitor » ou « Black Enemy » mais les allemands savent pertinemment varier les plaisirs en appuyant sur le champignon comme sur « Prison In
Flesh », «
God Is Evil », « Descent Into
Hell » ou les accélérations de « Black Enemy » et de « Snakestate ». Le combo se fend même d’un véritable instrumental (« The
Dark Sleep » peut-être plus considéré comme une sorte d’outro) avec le morceau titre, une composition montant crescendo et qui laissera l’auditeur sur le carreau. Le plus surprenant dans «
Ungod » est, il est vrai, qu’il a été concocté avec une recette milles fois éprouvées, sans grande originalité, mais d’une efficacité redoutable, propice au headbanging aussi intensif qu’inattendu.
La production est au diapason, à la fois massive et claire, elle laisse une place de choix à chaque instrument, quant aux musiciens, ils sont tous au diapason. Cependant, il faut souligner la grande performance de Karsten « Jagger » Jäger dont l’organe vocal se situe quelque part entre Chuck Schuldiner et John Tardy (
Obituary), réussissant l’exploit de remplacer Marc Grewe au pied levé dont l’identité vocale est indéniable et, pensait-on, indissociable de l’entité
Morgoth. Jagger relève le challenge, parvenant à presque faire oublier son prédécesseur.
Même si «
Ungod » est d’une qualité intrinsèque assez élevée, force est de constater que le groupe n’a voulu prendre aucun risque, voulant certainement éviter la mésaventure vécue à la sortie du calamiteux «
Feel Sorry for the Fanatic ». Il reprend les mêmes ingrédients qui ont fait son succès jadis, délivrant à ses aficionados ce qu’ils attendaient. Aussi, «
Nemesis » et « The
Dark Sleep » s’avèrent plutôt dispensable, le premier présentant quelques longueurs, n’arrivant jamais à véritablement décoller, le second est une sorte de longue outro instrumentale aussi inutile qu’inintéressante,
Morgoth ayant eu sans doute la volonté d’appuyer le côté obscur de son propos avec ce morceau rehaussé de bruit de carillon sinistre, de pluie et d’orage.
Avec «
Ungod »,
Morgoth fait du
Morgoth et nous ressert le même breuvage qu’à l’époque de «
Cursed », mais, malgré l’usure du temps, ce breuvage est toujours aussi délicieux. «
Ungod » permet à
Morgoth de revenir sur le devant de la scène et, à l’instar de
Carcass, le combo signe un come-back réussi et remarquable, espérons seulement que l’idée de nous refaire un « Feel Soory For The Fanatic 2» ne germera jamais….
Un peu de hargne, sans doute, des tempi différents aussi. Et puis, les similitudes peuvent paraître gênantes (le début de "Nemesis" versus "Resistance" sur Odium). Finalement, un album solide, certes, mais pas très attachant.
Ouai moi aussi je le trouve terrible cet album
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