Après deux EP remarqués,
Morgoth, groupe allemand de Death
Metal, sort en 1991 chez
Century Media, son premier véritable album, "
Cursed", en plein boom du style. La localisation du groupe pour le style pratiqué ainsi que celle de la maison de disques a dû jouer en faveur de cette collaboration, bien que
Morgoth, par ses capacités évidentes, n'avait pas besoin de ce genre de détails.
Mais il est vrai qu'en 1991, entre l'assaut de toute la scène Death américaine et l'explosion de la scène scandinave, on pouvait se demander ou se placait un groupe allemand. La réponse est simple: entre les deux. Il est évident que les mecs de
Morgoth sont des fans de Death, le groupe. Ca transpire dans leur musique. On appela même
Morgoth le Death Européen. On remarque aussi une inspiration venu de la scène nordiste, par certaines sonorités guitaristiques et un côté moins produit.
Justement, la production. Enregistré à
Los Angeles par le célèbre
Randy Burns, "
Cursed" est doté d'un son assez clair, mais manquant un peu de puissance, typique des productions d'époque. On ne pourra pas reprocher au groupe une profusion de pistes et d'effets en tout cas. C'est sobre et il n'y a rien besoin de plus.
Venons en aux membres du groupe. Le chanteur Marc Grewe est une sorte de croisement entre John Tardy (
Obituary) et bien sûr Chuck Schuldiner (Death). Il éructe en tout cas avec un conviction notable. Côté guitares, rien à signaler de marquant, ils font leur office, distillant parfois même quelques soli peu techniques, mais attrayants et propres. Le côté rythmique est mis en valeur par une batterie omniprésente, avec une double caisse bien sonore. Bon point.
En ce qui concerne les compositions, le rythme n'est jamais vraiment super rapide.
Morgoth affectionne les bons gros mid tempi roulants, alternés avec des passages lourds évoquant parfois le
Doom. Le morceau "Bodycount" se détache nettement du lot, avec un rythme entrainant et un refrain simple et mémorisable. Hormis cette belle mise en bouche, le reste des titres forment un tout compact, cohérent, difficile d'y extraire quoi que ce soit. Ca s'écoute d'une traite. Mention tout de même à l'excellent "Sold
Baptism". Je trouve malgré tout l'introduction instrumentale et ambiante un peu longuette, ainsi que le titre de conclusion assez faible. On a tout de même là un savoir faire indéniable. Bien dans la tradition en tout cas, mais comment pouvait il en être autrement à cette époque.
Un bien bon album, quoi que pas forcément indispensable par rapport aux maîtres du style. Une oeuvre assez conventionnelle en somme, fidéle aux codes du style. Mais
Morgoth nous prouvera par la suite qu'ils en ont sous le pied au niveau créatif, pour le plus grand dépit des "
True Deatheux"...
14/20
J'ai le même regard que toi sur cet album, lui préférant pour le coup son successeur mésestimé, Odium.
Ce mois de mai 1991 marquait plus généralement de nombreux changements sur la scène deathmetal, à coups de Blessed are the Sick, Gothic & Cursed montrant des Morbid Angel, Morgoth & Paradise Lost avec un visage différent, par rapport à leurs précédents Altars of Madness, Lost Paradise & Eternal Fall sortis une ou deux années auparavant. Cette période était ainsi l’heure des seconds albums pour nombre de groupes précurseurs du style, et tout jeune deathster que nous étions, sans recul sur cette scène nouvelle, nous ne pensions pas forcément que ces formations que nous adulions puissent sonner différemment sans pourtant trahir profondément leur identité.
Cult of Death.
Fabien.
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