Darkestrah fait partie de ces groupes qui sortent de l'ordinaire. De par ses origines tout d'abord, la bande provenant tout droit du Kirghizistan au fin fond de l'Asie Centrale, mais aussi de par son style musical, mélangeant son black atmo/pagan à des influences folk et shaman. Ecouter
Darkestrah, c'est faire un voyage quelque part dans les montagnes. C'est aussi s'asseoir au coin du feu, dans une yourte, et écouter des Kirghizes nous raconter des histoires ancestrales. Chaque album fait son petit effet, du terrible "
The Great Silk Road" au récent "
Manas" : mélodies entêtantes, ambiances particulières et instruments traditionnels...tout est fait pour nous dépayser. Pourtant, il y a eu du changement récemment, notamment dans le line-up avec le départ de la chanteuse (qui en a fait baver plus d'un) remplacée par un mâle, un vrai (un dénommé Merkith, tout droit venu de
Nebelstille). Pour le reste, on reste toujours chez
Osmose Prod et sur une durée d'une cinquantaine de minutes avec ce nouvel album sobrement appelé "
Turan".
"One with the
Grey Spirit" introduit l'opus avec tranquillité. Nous sommes tout près des rivières de l'Oural en compagnie de nos guides kirghizes et des animaux sauvages. Une narration nous envoûte, accompagnée de quelques instruments folkloriques (violons, flutes, percussions), avec ce côté shamanique atypique, qui se poursuit lors de l'arrivée des guitares et du chant black. On reconnaît tout de suite la patte du groupe, qui s'était étoffée et transcendée avec "
The Great Silk Road", avec son riffing particulier et ses harmonies qui font mouche. Les incursions au violon font des merveilles ainsi que ces claviers discrets mais efficaces. Les blasts sont tout aussi les bienvenus, tranchant littéralement avec des moments plus calmes, plus sereins.
Si ce "One with the
Grey Spirit" semble montrer un
Darkestrah en grande forme, c'est un peu moins le cas avec les quelques morceaux qui suivent. Le black reste convenu, avec ses relents à la
Drudkh, et ne montre pas plus de fioritures malgré quelques bonnes offensives et un chant rageur, bien que classique. Un "Conversations of the
Seer" ou un "Erlik-Khan" n'apportent pas grand chose à l'album à part les quelques narrations, parties atmo/folk et passages en force des claviers, mais les longueurs gâchent un peu le plaisir... Pour autant, on retrouve toujours des petites sonorités qui nous rappellent notre voyage comme le throat singing de "Gleaming Madness" ou les percus et mélodies orientales de "Bird of
Prey".
Il est toujours agréable d'écouter un nouvel opus de
Darkestrah car on est sûr de faire un nouveau voyage et d'en prendre plein les oreilles. De ce côté là, c'est réussi, mais on peut reprocher au combo de ne pas prendre davantage de risques, l'ensemble étant bien trop convenu et parfois répétitif. Il serait dommage de mettre la faute sur les nouveaux membres, qui font malgré tout du très bon taf en continuant de faire perdurer l'âme du groupe. On se retrouve avec un bon album et un excellent "One with the
Grey Spirit", mais on est très peu surpris et pas aussi transporté.
Puis le changement de chanteur, si il fait gagner en puissance, fait perdre en originalité.
14/20 pour moi aussi!
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