Prendre une claque est souvent désagréable, ça fait mal, c’est surprenant sur le moment et en plus ça laisse un souvenir immuable dans l’esprit. Au contraire, prendre une claque lorsqu’on parle de musique est toujours synonyme de bonheur voire de béatitude à la suite de la découverte d’un groupe ou d’un album nous ayant transportés si loin qu’il nous est difficile de revenir sur Terre. Et en 2011,
Born Of Osiris m‘en avait mis une belle avec son
The Discovery. Beau, magique, mélodique, technique, ambiancé, virulent, progressif… Les mots me manquent, tant de qualificatifs élogieux pour un album de
Deathcore (vous trouvez ça paradoxal ?) qui me mit surement une des plus grosses baffes musicales de ma vie. En effet grâce à ce grand album,
Born Of Osiris peut être actuellement considéré comme le gratin de la scène
Deathcore et c’est en cette belle année 2013 qu’il décide de remettre le pied à l’étrier avec un nouvel opus intitulé sobrement Tomorrow We
Die Alive. Alors réussiront-ils à réitérer leur succès passé ?
Mais avant de commencer à parler musique, il est nécessaire de discuter du line-up qui a connu récemment des changements avec le départ forcé du talentueux
Jason Richardson (ex-
All Shall Perish) s’en allant faire évoluer (dans le bon ou le mauvais sens, à vous de me dire) le groupe
Chelsea Grin. La bande de Chicago se retrouve désormais avec un unique guitariste et tout au long de l’album une épée de Damoclès planera au-dessus de sa tête, le forçant à être à la fois polyvalent et techniquement au point. Ce dernier opus est donc de nouveau labélisé par la maison Sumerian Records, produisant à la chaîne des groupes modernes aux styles controversés (Metalcore/
Deathcore mélodique parfois polyrythmique), et produit et mixé respectivement par les deux nouvelles pointures du milieu c’est-à-dire Nick Sampson et Joey Sturgis s’étant déjà occupé de groupes comme
Asking Alexandria et
I See Stars. L’artwork à l’esthétique similaire à celle de
The Discovery est quant à lui de nouveau signé Cameron Gray.
Bref, passons maintenant à la musique ! On entame donc la galette avec
Machine. De la symphonie, des violons, une montée en intensité qui finit par aboutir sur un gros breakdown : on en en face de soi une ouverture (rappelant au passage les intros symphoniques à la
Asking Alexandria) très différente de celle de
Follow the Signs qui rentrait directement dans le lard. Les
Born Of Osiris auraient-ils encore gagné en subtilité depuis l’album précédent ? La réponse est incontestablement non, comme en témoigne la suite qui s’avère plus… déconcertante. Oui, déconcertante car après une première écoute de l‘opus, il est impossible de ne pas être déçu. La faute, entre autres, à un amas de breakdowns injustement placé partout dans la musique. Certes au début c’est entraînant et même fort sympathique pour une courte séance de musculation soudaine des cervicales, mais plus la musique avance plus ça devient monotone et lourd. Ce Tomorrow We
Die Alive est trop saccadé montrant un
Born Of Osiris en panne d’inspiration sur les trop nombreux breakdowns aux riffs Djent minimaliste.
Le deuxième point négatif de cet opus réside dans la sur-utilisation du synthé. Non mais franchement qui vous a dit que c’était une bonne idée d’en foutre à toutes les sauces ?! Je suis désolé mais cet album est mal équilibré et la mauvaise utilisation de cet instrument n’en est certainement pas pour rien. Le clavier tantôt électronique tantôt symphonique est la plupart du temps inutile, rajoutant sans cesse son grain de sel là où il n’a pas lieu d’être. On note aussi le petit ratage du claviériste sur la fin de Divergency en jouant avec de la Dubstep pour un résultat peu satisfaisant et totalement hors contexte. Si seulement il avait été utilisé avec plus de parcimonie comme sur
The Discovery, on aurait évité l’overdose. Mais bon, Joe Buras réussit quand même à se rattraper en proposant à l’auditeur quelques sonorités appréciables. En effet son travail sur les intros de
Machine, Mindful, Exhilarate, The
Origin et
Vengeance est sublime donnant vraiment envie à l’auditeur de se plonger tête baissée dans la musique.
Tout au long de l’album il manquera cette atmosphère spatiale et onirique qui était si chère à
The Discovery. On remarque tout de même de bonnes idées comme ces riffs ou ces touches électroniques dégageant une ambiance « égyptienne » (chose normale pour un groupe se nommant
Born Of Osiris) sur Divergency et Mindful. Côté gratte Lee McKinney reste très bon à son poste et joue les passages techniques avec une habileté déconcertante. Ses leads mélodiques sont toujours très lumineux et permettent à bon nombre de refrains de l’album de prendre leur envole dans des moments épiques et démonstratifs. Du côté de la section rythmique (basse/batterie), le job est accompli avec brio, même si le tout paraît assez calibré et souvent répétitif. Il est toutefois impossible de passer à côté sans remarquer la basse qui accomplit un travail extraordinairement audible pour le style joué et ajoute du punch et ce côté percutant aux compositions.
Au niveau du chant, Ronnie est resté le même avec ses beuglements toujours aussi puissants. À ses côtés on retrouvera au chant de soutien, le claviériste Joe accompagné de ses screams plus écorchés. La dualité entre ces deux protagonistes est par ailleurs formidable (on dirait qu’ils se répondent) créant des contrastes intéressants à travers leurs timbres différents. On assiste également à l’apparition d’un chant clair naturel un chouïa rugueux permettant d’accrocher encore plus facilement l’auditeur lors des refrains (ce fait est particulièrement visible sur les très catchy Exhilarate et
Absolution).
Enfin, l’album est très bien construit, l’enchaînement des morceaux s’inscrivant dans une sorte de continuité particulièrement admirable. Toutefois les morceaux sont très inégaux entre eux et la première partie de l’opus se révèle au final assez banale pour du
Born Of Osiris et aurait mérité davantage de travail au niveau des ambiances. La deuxième moitié par contre se révèle plus intelligente avec des pistes mémorables pour leurs atmosphères uniques telles que The
Origin (mon coup de cœur), Imagianry Condition, Illusionist et
Vengeance (un titre grandiloquent parsemé de riffs mélodiques de haute voltige, à l’atmosphère magnifique et à l’outro sublime). Tomorrow We
Die Alive se trouve moins dans le délire progressif du troisième album. Non, ce disque paraît plus structuré, plus formaté dirons-nous, plus proche décidément de
A Higher Place que de
The Discovery.
Pour conclure, je vais répondre à ma question de départ, « Non, Tomorrow We
Die Alive n’a pas la grandeur de
The Discovery et n‘arrivera certainement jamais à reconquérir l‘ampleur de ce succès passé ». Ce quatrième album, bien qu’il semble être le moins bon de la discographie prestigieuse des Chicagoans, reste tout de même d’un niveau fort acceptable malgré son inégalité.
Born Of Osiris offre en fin de compte un bon disque, technique, parfois ambiancé, efficace, entraînant … En somme tout ce qu’il faut pour passer un bon moment. Il est tout de même dommage que l’appréciation de la musique soit gâché par ce côté trop saccadé et par ce sytnhé qui nous inonde de sonorités superflues et parfois indigestes.
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