La sortie d’un album de
Born Of Osiris est toujours un événement à part entière. Même si le groupe a beaucoup participé à l’émergence du djent, le quintet américain a toujours été à la recherche de nouvelles sonorités, cette petite étincelle qui lui a pris de se différencier et d’être parfois copié par ses semblables sans jamais été égalé. Il est certain qu’après le départ de
Jason Richardson en
2012, laissant derrière lui les deux meilleurs opus de la formation (
A Higher Place,
The Discovery) ainsi qu’un EP mémorable (
The New Reign), nos musiciens n’ont pas réellement su confirmer leur bonne impression de leurs débuts.
Malgré un
Soul Sphere très convaincant, qui marquera les premiers pas des Américains dans un style metalcore, BoO avait perdu de sa superbe, malgré l’arrivée d’un guitariste d’exception du nom de Lee McKinney. C’est d’ailleurs lui qui a posé, via notamment son projet personnel, une signature plus progressive et plus aérienne, toujours en maintenant un certain niveau de technicité.
Malheureusement, l’arrivée de
The Simulation il y a deux ans n’allait pas arranger les affaires de notre quintet. Malgré quelques retours aux sources dans des tonalités plus death, l’opus se trouvait être dans son ensemble assez peu mémorable, très déséquilibré, avec des titres parfois téléphonés et simplistes.
Angel or Alien, sixième disque du groupe, va tenter de gommer les défauts d’antan.
Le disque démarre avec Poster Child, un morceau qui montre déjà la capacité des musiciens à varier leur musique. Au départ, seul quelques notes de claviers nous accompagnent. Viendront ensuite un riffing de guitare accrocheur et frappant et une batterie certes mécanique mais à la rythmique dansante. L’association du growl de Ronnie Canizaro et du scream de Joe Buras font tanguer le titre entre death et metalcore. Le chorus se montre plus mélodieux, dû à un riffing moins primitif et au chant de Joe Buras plus apaisé. La mélodie affichera sa progression avec un breakdown contemporain et entraînant et par son outro jazzy au saxophone déconcertant mais plaisant.
White Nile garde à peu près les mêmes propriétés que son prédécesseur, à l’exception près que le riffing est plus retentissant, également plus bondissant et nous offrira un petit solo signé Lee McKinney. Le titre éponyme amène une palette un peu plus pop mais préserve une belle efficacité avec une triplette guitare/basse/batterie harmonieuse. Il est cependant dommage que le chant clair de Joe Buras ne soit pas plus mis en avant lors des refrains. De même, sur ces mêmes passages, le synthétiseur est trop mis en arrière-plan, si bien qu’il semble inexistant.
Les erreurs du passé vont malheureusement resurgir assez rapidement. Tout d’abord, certains titres sont clairement dispensables à l’écoute de cet album, même s’ils sont moins nombreux que pour
The Simulation. Parmi eux, nous pouvons citer Waves avec un schéma assez classique, un riffing cyclique et un chant clair de Lee McKinney qui ne sonne pas vraiment juste. Truth
And Denial offre quelques airs de
The New Reign, en intégrant notamment des notes de clavier mélodieuses. Malgré un screaming qui dépasse les autres prestations, nos Américains retombent dans la banalité et la ressemblance flagrante ce qui leur fait perdre leur charme.
Cependant, le quintet sait toujours produire des morceaux époustouflants. You Are The Narrative est un splendide hommage aux prémisses du groupe avec une performance à la batterie de Cameron Losch hâtif et technique, une progression plutôt bien camouflée et un riffing séducteur. Shadowmourne conclut l’opus presque de la manière dont il avait commencé : instrumental et même solo de saxophone, double travail vocal émotionnel et surtout une mélodie douce et apaisante qui vient créer un contraste par rapport aux précédentes compositions.
Angel or Alien n’est pas encore le retour tant attendu de
Born Of Osiris mais il est l’album le plus abouti depuis
Soul Sphere. Le quintet américain continue à innover, à jongler entre death, metalcore et musique progressive mais se saborde parfois avec des musiques dispensables. Ce sixième disque peut cependant compter sur une production irréprochable, des prestations vocales convaincantes, qui faisaient clairement défaut à son prédécesseur et montre que nos musiciens n’ont pas encore dit leur dernier mot.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire