Difficile de converser de manière exhaustive des forces et des faiblesses de ce
The XIII Skull, nouvelle offrande des Italiens de
White Skull, sans d'emblée évoquer, une fois encore, le nom de celle qui donna vie, autrefois, aux mots les plus inspirés de cette formation transalpine. De cette voix rauque et puissante elle sut, en effet, offrir un supplément d'âme essentiel au Heavy Speed d'influence indéniablement saxonne de ces ultramontains. L'apogée de cette créativité fut même grandiose sur un superbe
Public Glory, Secret Agony paru en cette fatidique année 2000. Mais l'apothéose de ce triomphe devait pourtant être de courte duré puisque la sémillante Federica Boni, car c'est évidemment d'elle dont il s'agit, dût se résoudre à quitter le groupe. Elle fut remplacée par un Gustavo "Gus"
Adrian Gabaro aux talents certes plus variés que sa consœur mais étrangement desservis par des compositions clairement plus anecdotiques sur un moyen
The Dark Age paru en 2002. De fait, le groupe démarra alors son voyage dans le périple tragique d'une descente aux enfers dont le terme ressemblait à s'y méprendre à la mort artistique. Grandeurs et décadences.
Sans volonté aucune de développer ici certaines théories interminables philosophico-psychanalytiques pompeuses et imbéciles, interrogeons-nous tout de même sur ce curieux phénomène qui fit perdre à Tony Fontò, principal compositeur de
White Skull, de cette verve qui fit pourtant merveille autrefois. Au-delà de certains cas particuliers aux génies évidents (et souvent facétieux), la créativité individuelle, semble-t-il, ne survit donc pas en un terreau que les autres acteurs d'un projet n'arrosent pas de leur propre créativité. Une œuvre de groupe doit rester une œuvre où chacun aura mis de lui pour la faire grandir. Partage et métissages.
Quoiqu'il en soit revenons donc à ce nouvel effort de
White Skull pour constater, en premier lieu, que les chœurs y manquent indéniablement d'ampleur. Ce constat est d'autant plus embarrassant que dans le style que le groupe tente de défendre, ce manquement est une faute presque impardonnable. Néanmoins au-delà de cet affront dont les puristes exigeants et excessifs exagèrent un peu l'impact, on ne peut nier que cette carence grandiloquente et, ou, épique est dommageable. Imperfections et défauts.
En outre, une fois encore, les morceaux de ce plaidoyer ne sont pas vraiment marquants et le navire de guerre bâtis naguère par
White Skull et aujourd'hui, malheureusement, vieillissant se contente de voguer sur la mer quiète et calme d'un Heavy Speed académique techniquement parfait mais duquel aucune émotion, belle ou hideuse, ne jaillit. Et ainsi les titres s'enchaînent telle de vastes étendues d'eau dont le paysage désespérément plat finis par conduire le marin à un ennui morne et désolant. Lassitude et découragement.
Il y a bien quelques trop rares moments qui viennent éveiller en nous certains sursauts salutaires (Top Secret et ses refrains enjoués et enthousiastes, Last Navigator malgré quelques passages caricaturaux,
Creature of the
Abyss et son préambule celte, ou encore, par exemple, cette ballade épique, I Wanna Fly Away, qui constitue une jolie interprétation d'un standard éculé du genre). Cependant ces instants sont bien trop succincts pour véritablement asseoir la saine constance d'un plaisir minimum. Lueurs vacillantes et, finalement, faux espoirs.
Ni mieux que son prédécesseur, ni même pire,
The XIII Skull se contente donc de nous proposer l'expression artistique incontestablement maîtrisé mais épouvantablement conventionnelle de musiciens à l'agonie créative indéniable. Ces artistes demeurent ébranlés et semblent peiner à retrouver une lucidité créative après la désillusion liée au départ de leur chanteuse emblématique. Désenchantements et déceptions.
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