The Pulsing Wet

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16/20
Nom du groupe Lament Cityscape
Nom de l'album The Pulsing Wet
Type EP
Date de parution 20 Juin 2020
Style MusicalMetal Industriel
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1.
 Lustre
 04:59
2.
 Bleedback Loop
 07:44
3.
 The Great Reveal
 05:46

Durée totale : 18:29

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Lament Cityscape


Chronique @ JeanEdernDesecrator

05 Juillet 2020

Une fleur éclot dans une fissure de sol vitrifié

Je suis détruit, le cuir chevelu raboté par les radiations auditives, les tympans affligés d'une acouphène éternelle, ce qui reste de mes poils du nez sentant le pangolin grillé. Une cendre noire recouvre le sol vitrifié, fine comme du régolite lunaire. Un soleil ridiculement petit luit faiblement à travers le brouillard de poussière qui couvre le monde. Les dernières notes de "The New Wet" resonnent encore dans ma tête, et je me demande si je survivrai à une prochaine attaque.
Je brode, et j'en rajoute un peu, je m'en excuse, mais l'EP de Lament Cityscape sorti en janvier 2020 offrait une parfaite illustration d'une bande son d'explosion nucléaire. Son metal industriel, hybride de Godflesh et Nine Inch Nails, lent comme les secondes qui s'écoulent à l'agonie, à la saturation aussi sophistiquée que chaotique, et à l'ambiance de désespoir incommensurable, était assez marquant pour attendre avec impatience la suite. Car il faisait partie d'une triade de trois EP à sortir au long de l'année 2020.

Lament Cityscape est un groupe de metal industriel né en 2013, et formé autour du guitariste chanteur Mike Mc Clatchey, âme pensante du projet. Le groupe a oscillé entre duo et quatuor selon les années, et a sorti plusieurs EP, un album "Torn" en 2018, et un album collaboratif avec Theologian, "Soft Tissue", dont une reissue augmentée de remixes vient de sortir.

Les américains d'Oakland persistent à s'écarter des sentiers logiques et bien tracés, car plutôt que de sortir un deuxième album studio, ils ont préféré scinder celui-ci en trois EP, qui sont sensés représenter une entité en transformation, à chaque nouvelle étape. L'artwork très réussi de Mike Mc Clatchey reprend celui de "The New Wet", sous un dégradé de couleurs bleu/rose/violet du plus bel effet. Ce concept intriguant n'en titille pas moins l'esprit critique du Casse Couille Intangible qui sommeille en moi, qui se dit qu'il n'ont pas intérêt à pondre trois fois le même disque en changeant juste la charte graphique de la pochette.

Enregistré et produit aux Underland Studios d'Oakland par Mike lui-même, avec l'aide Ben Hirschfield pour la batterie, cet EP est autoproduit et sorti le 20 juin 2020.

"The Pulsing Wet", comme son nom l'indique, se démarque d'emblée de son doomesque prédécesseur par son caractère rythmique, plus enlevé, avec des patterns presque dansants années New Wave, sur "Lustre". On retient surtout cette pulse entre grosse caisse et caisse claire, qui est appuyée par une ligne de basse entêtante qui survole un océan de guitares tourmentées. Ce rythme se fait plus lent et tribal (on remercie l'Amicale des Gros Toms Basses qui frappe fort) sur les deux autres titres, mais avec une énergie presque organique.

Cet EP se révèle bien plus varié, toutes proportions gardées, que sur l'étouffant "The New Wet". La basse citée plus haut pose les fondations mélodiques sur lesquelles les guitares se perdent, et on passe des dissonances indus, des murs de guitare high gain au post rock, ou à l'ambient de manière fluide et naturelle. L'ambiance a aussi changé, la noirceur insondable laisse place à la nostalgie, l'étrangeté ; tout cela est réuni par exemple sur les huit minutes du deuxième titre "Bleedback Loop", un des morceaux les plus réussis que Lament Cityscape ait fait. D'autant plus que les influences de vous savez qui, que j'ai dit plus haut sont bien moins présentes ici, et l'âme de leur musique gagnera à s'en affranchir encore plus.

L'aspect le plus caractéristique de Lament Cityscape, sa production magmatique, chaotique, saturée et réverbérée est toujours présent, mais de manière plus subtile et maîtrisée. Audible aussi, et on a moins besoin de tendre l'oreille pour percevoir tout ce qu'il y a à entendre, le chaos ne submerge entièrement plus la musique, bien heureusement.

Cet EP n'est cependant pas parfait, et le troisième titre "The Great Reveal", assez intriguant et répétitif, traîne en longueur malgré seulement cinq minutes au compteur. Dans le cadre d'un album et raccourci à une ou deux minutes, il aurait fait un parfait intermède, mais je pense qu'avec les règles implicites qui règnent sur le concept, 3 EP de 3 morceaux, semble-t-il, il s'est délayé plus que nécessaire.

Avec ces deux premiers EP, l'évolution qui se dessine est claire et plus qu'encourageante. Lament Cityscape se bonifie, se purge de ses scories et gagne paradoxalement encore en puissance, car on comprend mieux ce qui nous arrive dans les oreilles. Le troisième et dernier volet sortira si tout va bien pour le solstice d'hiver 2020, et j'espère quelque chose d'explosif et de magnifique, une apothéose accouchée de la destruction. Mais je m'emballe peut-être. Pour la couleur de la pochette, je sens bien un dégradé de jaune. Ou vert.

Une fleur colorée vient d'éclore dans le sol fissuré, et une chose que j'avais oubliée perce la gangue de poussière de l'hiver nucléaire, l'azur d'un ciel d'été. Un grondement épaissit au loin, sans que je sache d'où il provient, et je frissonne. Qui sait ce qui va arriver…

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