Brian Williams, compositeur incroyable et perfectionniste revient en
1994 avec ce nouvel album. Un disque qui rompt radicalement avec les précédents opus de Lustmord. D’une part l’anglais met de côté sa thématique de la terreur inorganique chère à Lovecraft qu’il mit en valeur sur «
The Monstrous Soul ». Fini aussi cette sensation d’apocalypse liturgique mise en place sur «
Heresy », Williams change de fusil d’épaule pour un album qui mérite sa place de classique instantané mais jamais reconnu comme tel...
« The Places where the Black Stars hang » est à ce titre l’album qui marqua bon nombre de compositeur. Jamais
New Risen Throne n’aurait été ce qu’il est s’il n’avait écouté au moins une fois ce disque... Jamais le fameux
Inade n’aurait la réputation qu’il a s’il n’avait pas jeté un oreille sur cet enregistrement (et je reste persuadé qu’on ne trouverai jamais cette puissance des basses si ce disque n’avait pas vu le jour). Et je ne parle pas d'une grande partie du label Cyclic Law (
Visions,
Gustaf Hildebrand,
Svartsinn,
Kammarheit). Y'a pas à dire, ça fait du monde qui mérite tout à ce disque...
Maître incontesté de la scène ambiante par excellence, Lustmord marque ici un profond intérêt pour le vide intersidéral et l’espace permettant ainsi de travailler, rechercher les différentes combinaisons possibles de sonorités comme l’assemblage d’un puzzle. Aussi sommes nous en « présence » de longues plages minimalistes où se greffent, s’attachent d’autres éléments épars donnant ainsi forme et vie à ce magma décharné mais en tout point cohérent appelant au questionnement...
Nul doute que l’émotion la plus palpable qui défile lors de l’écoute du disque n’est autre que la solitude, la crainte de la cavité et de la distance d’où la durée astronomique des titres atteignant sans problème le pole des vingt-cinq minutes. Le concept spatial de l’album ne peut que sied à merveille à la démarche mathématique d’un Brian Williams appliqué qui trouve ici son plus bel écho. Si l’on excepte la présence de chœurs étirés montrant par là la discrète apparition d’une entité humaine (et que cet album est le fruit d’un effort qui n’a rien d’extra-terrestre) le contenu de « The Places where the Black Stars hang » se vit comme un trou noir, étrange, fascinant et non moins vecteur d’une angoisse diffuse et écorchée...
Album planant voire psychédélique, « The Places where the Black Stars hang » est un disque charnière. On pourrait en parler encore et encore, mais cela serait en pure perte. Ce type d’album demande la participation active de la part de celui qui l’écoute car il faut bien dire il n’est tout de même pas aisé de rentrer de plein pied dans ce disque et que l’immersion se fait si l’auditeur et lui seul le décide. En effet, le contenu se fait souvent répétitif et chaque son bouturé peut-être la vision fugace d’une étoile qui va en s’éteignant.
Toutefois, ceci n’enlève en rien les qualités incroyables de cet album, peut-être le meilleur qu’ait composé Brian Williams ou du moins le plus marquant sur la scène. Il est difficile après écoute de « The Places where the Black Stars hang » de ne pas penser que bon nombre de projets doivent en parti leur sonorité et leur ambiance à ce disque…
Brian Williams, Lustmord, « The Places where the Black Stars hang »,
1994... Une date mageure...
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