Fen.
C'est un nom qui sonne court et peu enclin à nous dévoiler ses secrets (pas de page wikipédia, très peu d'articles sur le groupe, ou alors tous datant d'il y a un moment déjà). Alors non, et oui. Non parce qu'avant tout
Fen, c'est pas du Black
Metal traditionnel et court sur pattes comme pourraient nous servir n'importe quel chevelu maquillé possédant une guitare.
Non aussi, parce que
Fen est avant tout un mélange de genre: certes les racines Black sont bien présentes, le chant grunté, les guitares très distordues et quelques rares blasts en sont la preuve, mais les influences post-rock, rock atmosphérique et Shoegaze sont l'évidence de l'ouverture dont peuvent faire preuve les groupes de la scène "Post-Black".
Non aussi car
Fen, c'est une musique recherchée, mélodique, qui n'évoque pas spécialement la haine, mais qui transporte réellement vers des contrées sombres et vertes à la fois, un peu à la manière d'
Agalloch en qui on croirait reconnaître une inspiration pour ce groupe anglais.
Mais oui. Oui parce que la musique ne se laisse pas découvrir en un clin d'oeil, et bien que tout semble avoir la cohérence qu'il doit avoir, la seule chose que
Fen laisse paraître, c'est sa propension à filer le mouron et faire planer. Quand j'écoute "Colossal Voids", je me sens comme un être maudit volant au dessus de la forêt.
Oui, car tous les instruments se découvrent petit à petit, mais ne laissent réellement la porte ouverte au déballage du paquet que quelques secondes où on se dit "Mais c'est évident, pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt"... Avant de se laisser embarquer sur les riffs d'une nouvelle chanson (exemple évocateur avec le final de "Colossal Voids" qui laisse un piano seul exploiter l'émotion dernière, rompu immédiatement par le riff plus enjoués d'As Buried
Spirit Stir)
Oui, car du début à la fin de l'album, il y a cette forte réverbération qui fait paraître tout plus grand. Tout semble imposant. Beau? Disons merveilleux. Majestueux. On pourrait s'imaginer à partir de la pochette de l'album, marchant au milieu d'un chemin boisé et faisant des rencontres un peu inopinées.
Alors oui, avec toutes ces caractéristiques, on en voit un peu plus sur ce nom qui n'est que trop peu connu sur la scène dite extrême. Mais parlons un peu plus de l'album en lui-même. Étant le premier (de, je l'espère, une longue série) album du groupe, on peut s'étonner quant à la réussite de ce balbutiement. Balbutiement? Que dis-je!!!!
Parce que là c'est vraiment un dialogue construit et intelligent: les compositions sont bien ficelées, des guitares sombres, et parfois aériennes avec des arpèges ou envolées solistes, une batterie bien mise en avant, et ces petits relents de guitare folk au milieu de la cohue metal, un peu à la manière d'
Agalloch encore, les claviers qui donnent cette ambiance particulière se métamorphosant parfois en piano, le tout saupoudré par la voix de The Watcher, qui présente cet album comme une réussite.
Mais c'est justement cette voix qui me fait ôter des points positifs au groupe: En black, c'est une petite perle, bien maîtrisée, qui effleure nos sens avec une rage trop longtemps réprimée, et dont le timbre accompagné de la dite réverbération donne une immense part de son identité au groupe, comme un impact.
Mais la voix claire, dont la démonstration la plus évidente est sur le troisième titre de l'album, est un exemple à ne suivre qu'à moitié. Le timbre de voix n'est pas laid, mais les notes sont fausses bien trop souvent. On sent que ce n'est pas un domaine dans lequel le chanteur guitariste excelle, ce qui est fort dommage.
Les paroles quant à elles touchent au côté Dépressif de la chose. Ici une plainte d'un homme solitaire, là la désolation d'un être sur le déclin de son univers et de sa société, ou bien l'appel de la fin... Bien moins vide de sens que les paroles de certains groupes DSBM, et écrites dans un anglais que j'ai eu peine à traduire parfois.
En conclusion, on retiendra de cet album et de ce groupe le côté voyage au coeur d'un monde sylvestre, enchanteur, mais mélancolique et sombre. Les compositions sont dignes des plus grands groupes de la scène "Post-Black" actuels, planantes et maîtrisées du commencement à l'achèvement. Le chant clair reste le seul point à retravailler (et non à supprimer, ça rajoute quand même un énorme plus!!!).
Un très bon album. Que je conseille à tout amateur de Black, ambiant, folk...
N.
A quand une chronique de l'album suivant 'Epoch' ?
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