Dustwalker

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16/20
Nom du groupe Fen (UK)
Nom de l'album Dustwalker
Type Album
Date de parution 21 Janvier 2013
Style MusicalBlack Avantgardiste
Membres possèdant cet album23

Tracklist

1. Consequence
2. Hands of Dust
3. Spectre
4. Reflections
5. Wolf Sun
6. The Black Sound
7. Walking the Crowpath
Bonustrack
8. Epilogue

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Fen (UK)


Chronique @ Icare

08 Fevrier 2013

Shoegaze, black, postrock, psyché, prog, il y a un peu de tout ça chez Fen.

Depuis une dizaine d‘années, un courant s’est largement développé jusqu’à devenir un sous-genre à part entière dans une scène black de plus en plus ouverte aux expérimentations sonores et aux hybridations musicales de toutes sortes, il s’agit du post rock black metal, décrié par certains et adulé par d’autres, et initié par des groupes comme Agalloch ou Alcest au début des années 2000. Le côté lancinant et sombre du black couplé aux structures hypnotiques et lumineuses du post rock a conquis de nombreux metalleux avides d’émotions intenses et de mélancolie musicale, et influencé des groupes reconnus tels que AmeSœurs, Heretoir, Lantlôs, ou Svarti Loghin pour n’en citer que quelques uns.

C’est précisément dans ce créneau que les Anglais de Fen évoluent discrètement depuis 2006, et ils nous livrent aujourd’hui sur leur quatrième album, le bien nommé Dustwalker, un black onirique et introspectif, une sorte de voyage initiatique béat dans les méandres brumeuses des rêves et de l’intériorité. Ici, pas ou peu de violence, on est plus bercé par des arpèges lancinants et des riffs tanguant renforcés par les lignes hypnotiques de la basse, avec toujours ce tapis de grattes électriques profondes et limpides en toile de fond, le rythme coule paresseusement au fur et à mesure que les guitares déroulent leurs langueurs électriques et claires en une orgie post rock/black. Le tout est clame, reposé, halluciné, et de ce magma bouillonnant s’élèvent des vapeurs psychédéliques et acides aux doux relents de rêves et d’illusions et qui ne sont pas sans rappeler certains groupes des années 70, Pink Floyd en tête (le déroutant mais néanmoins très sympathique Spectre, entièrement interprété en chant clair).

Les guitares se font tour à tour claires ou plus saturées, souvent superposées en plusieurs couches sonores qui nous portent et élèvent notre âme dans des contrées nébuleuses et lointaines sur lesquelles règnent les voix désolées de The Watcher et Grungyn. Les Anglais aiment jouer sur les contrastes et s’amusent à nous perdre dans un dédale de plans clair obscur, au croisement sonore du rock 70’s entre psyché et prog, du post rock et d’un black calme et intimiste. Ici, il ne faut pas s’attendre à des riffs glacés typiques du black, et à de grosses branlées rythmiques propres au heabang, non. Dustwalker privilégie les émotions et prend son temps pour intensifier ses ambiances, il nous embarque pour un long voyage introspectif qui a plus pour but de nous faire atteindre la paix intérieure que de nous démonter les cervicales.

La basse est très présente, vraiment rock, et rajoute une profondeur bienvenue aux plaintes aigues et aux mélodies naïves des guitares, la batterie, lointaine, résonne d’un écho étouffé qui semble s’échapper de vapeurs languides et acides ainsi que ces voix claires et fragiles et ces chœurs litaniques qui surnagent dans le chaos d ‘effets des guitares. Shoegaze, black, postrock, psyché, prog, il y a un peu de tout ça chez Fen.

Appétissante description, n’est-il pas? Mais voyons voir, ça ne vous rappelle pas quelque chose, ou plutôt quelqu’un tout ça? Ce post rock black introspectif et solennel à la voix tantôt écorchée, tantôt naïve, avec cette petite touche folk presque mystique qui confère à la musique du combo une aura quasiment sacrée, ça ne vous dit rien? Aaaaah, si! Inutile de nier le rapprochement évident avec Agalloch tant les ressemblances avec le combo américain sont flagrantes (le début de Hands of Dust, Walking the Crowpath), on pourra aussi faire la comparaison avec les inévitables Anathema, rois du dark rock lancinant et atmosphérique, pour ces élans progressifs tout en douceur et cette ambiance tout en contrastes, tantôt sombre, tantôt lumineuse, confinant en de rares élans de génie au sublime.

Rares élans, car malheureusement, n’est pas Anathema ou Agalloch qui veut, et les jeunes Anglais, même s’ils ont un potentiel certain et qu’ils maîtrisent plutôt bien leur art musical, n’ont pas encore atteint la maturité de leurs aînés. Si sur certaines pistes, la magie opère (le premier titre Consequence, qui ouvre de manière grandiose l’album, parfaite osmose de tous ces éléments qui font un titre post rock black indispensable, quelque part entre Svarti Login, Lantlos et Alcest, l‘excellent Walking the Crowpath qui, du haut de ses 13 minutes, résume parfaitement l‘essence musicale et spirituelle de Fen), Dustwalker peine souvent à nous immerger complètement et bien que la musique reste toujours agréable et apaisante, elle ne parvient pas toujours à épouser l’hypnotisme sombre et torturé qui sublime toute œuvre de ce genre, si complexe dans sa simplicité apparente. Le groupe semble parfois se perdre au milieu de toutes ses influences, hésiter entre quelque chose de totalement onirique et calme et une musique plus rock et directe, et à trop se chercher, finit par s’égarer (Wolf Sun et The Black Sound, qui peinent à convaincre entièrement).

Le tout manque d’homogénéité, les transitions sont parfois malhabiles, le chant clair n’est pas toujours juste et pas franchement adapté aux parties musicales que, bien souvent, il dessert plutôt qu’il ne les transcende (The Black Sound et cette voix forcée irritante), et certains passages deviennent longuets par manque d’intensité, même si les compos fourmillent de bonnes trouvailles et s’écoutent bien. Disons simplement que même si Dustwalker est très bon dans son ensemble, l’approximation dans un style musical aussi épuré ne pardonne pas, et l’auditeur qui achète ce genre de musique qui joue plus sur l’émotion et l’ambiance que sur la technique instrumentale ou l’efficacité rythmique est en droit de s’attendre à palper la magie du bout des doigts.

Que conclure donc de ce troisième album de Fen? Une bonne réalisation qui devrait plaire sans problème aux amateurs du genre, mais qui ne risque pas de venir supplanter leurs références. Un bon moment en perspective avec quelques passages forts vraiment prenants et intenses, mais un arrière-goût amer de frustration et d’inachevé pour les auditeurs les plus exigeants qui sentent qu‘il ne manquait pas grand-chose aux Anglais pour magnifier leur musique et faire de ce Dustwalker un incontournable. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec cette galette, Fen nous met l’eau à la bouche et nous dévoile un énorme potentiel qui ne demande, espérons-le, qu’à être pleinement exploité et exploser à la face du monde sur un quatrième album…



8 Commentaires

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godgrinding - 08 Fevrier 2013: Epoch m'avait drolement plu.
Je suis quasiment sur que celui-ci me plaira aussi!
rikkit - 13 Fevrier 2013: On va arrêter avec l’appellation Shoegaze les mecs, d'accords. Post-rock oui, Shoegaze, non. Il n'y a absolument rien de Shoegaze chez Fen.
Icare - 13 Fevrier 2013: Si on s'en tient d'un point de vue strictement musical en s'arrêtant aux grandes références du style, non effectivement, la musique de Fen ne ressemble pas trop à du shoegaze, c'est moins aérien et lumineux... Par contre, si on se laisse porter par son ressenti, et surtout si on fait allusion à ce que désigne le terme à proprement parler d'un point de vue technique, à savoir l'utilisation de nombreux effets sur des nappes de grattes, là, je ne trouve pas le terme usurpé.

Fen n'est clairement pas du shoegaze, mais je ne trouve pas choquant d'y voir des influences et des similitudes avec ce courant musical...
rikkit - 14 Fevrier 2013: Je peux peut être me tromper mais je doute de la surenchère d'effet sur les guitares dans Fen. Ca me fatigue en fait, car depuis que Neige a avoué puiser en grande parti son son de la scène Shoegaze des 90's, à partir du moment ou un groupe de Black se revendique de la scène Post-Black, tout le monde croit en entendre partout c'est juste ultra fatiguant. Ecoute Loveless de My Bloody Valentine, Nowhere de Ride ou même le premier Slowdive, on ne retrouve rien de tout ça chez Fen. Dans ce cas là Agalloch sent le Shoegaze ou même Paysage d'Hiver, sisi, y a un mur de guitare !!! Nocturno Culto aussi était un grand fan de Kevin Shields. Je suis désolé d'être agressif comme ça mais ça m'irrite... En revanche, qu'il y ai des influences clairement rock, c'est certain et je trouve ça délicieux :) Svarti Loghin est excellent dans le même délire. Et puis, c'est vrai, Fen fait penser a Alcest justement pour sa touche Rock alternatif.
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