Plus besoin de présenter
Fen : en l’espace de quatre albums, les Anglais sont devenus les hérauts d’une scène post black metal atmosphérique et aérienne en plein essor. Après un
Winter remarquable en tous points qui asseyait définitivement sa réputation et sa place de leader du genre, voilà le trio de Londres qui revient pour son sixième album,
The Dead Light, désormais épaulés par
Prophecy Productions.
Avec Witness, on s’immerge doucement dans l’univers du groupe au son lénifiant de cette guitare onirique et de cette basse aux secousses langoureuses. On renoue d’emblée avec cet écho lointain, presque spatial, qui confère à la musique une aura quasiment mystique, et ces mélodies chaudes et solennelles ainsi que ces quelques lignes de chant clair incantatoire en fin de morceau nous bercent tranquillement pendant 5,56 minutes. Puis, sur les deux parties du morceau éponyme qui suit, on retrouve tout ce qui fait le style unique des Anglais, avec ce metal à la fois puissant et mélodique gorgé d’émotions porté par des leads majestueux, une basse toujours plus audible et en état de grâce et une voix black profonde très expressive.
Certes, maintenant que
Fen est un groupe confirmé, l’effet de surprise n’est plus là, mais
The Dead Light n’en demeure pas moins un opus de qualité qui nous sert un post black classieux et élégant très largement progressif à la palette d’émotions toujours aussi large, entre exaltation, colère, mélancolie et rêveries. La voix black de The Watcher, toujours largement dominante, se voit appuyée par quelques parties de chant clair, sobres et justes, ainsi que des choeurs ponctuels selon les besoins de la musique, tandis que les compositions alternent paysages syncopés, brefs moments de rage et plages aériennes avec la fluidité et l’aisance mélodique à laquelle on est désormais habituée.
Les passages acoustiques sont toujours présents (ces arpèges tranquilles qui fusionnent avec la basse dès 2,26 minutes de
The Dead Light Part I, le court passage à 4,25 minutes de
Nebula, le break central de Breath of
Void qui fait la part belle à la quatre cordes, le début de Rendered in Onyx), et d’une manière générale, le travail sur les ambiances est toujours aussi soigné (Witness, qui démarre l‘album sur ces sonorités d‘une beauté vaporeuse et béate, la fin d’Exsanguination, avec ces quelques notes graves de piano et ces échos de guitare qui agonisent lentement dans un air chargé de tension dramatique), ceci dit,
Fen ne s’est pas mis pour autant à jouer une musique uniquement atmosphérique, et les parties black sont encore bel et bien de la partie (les cavalcades centrales de Labyrinthine
Echoes, épiques et majestueuses, l’attaque de Breath of
Void, puissante et majestueuse, le break central de Exsangination, certains passages de Rendered in Onyx, qui, même si très mélodique dans l’ensemble, mitraille des rafales de blasts agressifs qui viennent appuyer un riffing en aller-retour majoritairement rapide).
En résumé,
The Dead Light est l’album irréprochable et parfaitement équilibré d’un groupe qui maîtrise parfaitement son art. Les Anglais possèdent toujours cette sensibilité à fleur de peau et le don de nous faire voyager (les superbes
The Dead Light Part II et Labyrinthine
Echoes notamment), mais en ce qui me concerne, ces huit nouvelles compositions, bien qu’inspirées et habitées, possèdent tout de même moins de superbe et des mélodies moins marquantes que sur le somptueux
Winter, qui nous emmenait au firmament dans ses envolées musicales éblouissantes. En fait, l'ensemble est ici plus compact, moins étiré dans les contrastes et semble privilégier une musique plus mature et réfléchie à la spontanéité de l'effort précédent ce qui à mon sens lui fait un peu perdre en impact émotionnel.
Pour conclure,
Fen signe une fois de plus un très bel album, offrant à ses auditeurs 57 minutes d’une musique très riche et complexe mais néanmoins facile d’accès qui devrait combler les aficionados du groupe et pourrait même plaire aux amateurs d'un metal moins extrême. Même si peut-être un peu moins flamboyante que deux ans auparavant, cette lumière soi-disant morte possède donc encore bien assez d’éclat pour briller comme un phare dans la nuit et montrer la voie à toutes ces jeunes formations en devenir. Fermez les yeux, ouvrez les oreilles et votre esprit et suivez la lumière...
C'est vraiment pas mal ça, faudra que je me penche sur cet album un peu mieux, merci pour la chro.
Bravo pour la chronique, qui décrit parfaitement cette nouvelle oeuvre de Fen. Nous pourrons bientôt les voir en concert à Paris, pour la première fois me semble-t-il.
Quelques dizaines d'écoutes de cet album qui m'a fait découvrir le groupe, et toute sa discographie par la même occasion, j'irai les voir en concert si on a la chance qu'ils viennent à Paris.
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