Voilà que pour son sixième album, « Týr » bénéficie une nouvelle fois des talents du grand illustrateur Gyula Havancsak qui a déjà signé plusieurs couvertures d’albums d’«
Annihilator », d‘«
Elvenking », de «
Destruction », de «
Grave Digger », de «
Sear Bliss », mais également «
Polaris » et «
Elysium » de «
Stratovarius ». L’illustration de ce «
The Lay of Thrym » est l’une des plus belles qu’il a réalisé. Que représente-t-elle? Un passage du poème chanté « Thrymskvida », issu de la mythologie nordique, contant l’histoire du vol de Mjöllnir, le marteau de
Thor, par le géant Thrym. Celui-ci ne voulait rendre le marteau qu’en échange de la main de la belle déesse Freyja.
Thor, déguisé en Freyja, aidé par
Loki, parvient à reprendre le marteau et à tuer le géant. C’est ce dernier instant précis du récit qui est exposé sur la couverture de ce nouveau né de « Týr ».
Cette formation des îles Féroé, au creux de la vague avec les dernières sorties «
Land » et «
By the Light of the Northern Star », était pointée du doigt. « Týr » nous avait habitué à une musique certes très personnelle, mais rude, et en grand manque d’inspiration. Il était temps pour eux que ça change. Et le changement semble s’être amorcé sur ce «
The Lay of Thrym ». Le mixage est toujours de la main de Jacob Hansen. De même Heri Joensen s’attèle à la quasi intégralité des compositions. Mais des compositions retravaillées, repensées, nous emmenant dans de nouvelles contrées. On quitte
Asgard pour le monde des géants. « Týr » paraîtrait bien avoir retrouvé son marteau de guerre.
Des compositions qui se voudront moins linéaires que les précédents albums. Certains titres sont témoins de ce changement comme le très aguicheur «
Shadow of the Swastika » sortant entièrement des sentiers battus auxquels « Týr » nous avait habitué. La musique devient étrangement plus fluide, plus vivace. Le refrain hymnesque créé un vrai élan dynamique en plus des riffs mélodieux. Les guitares auront l’occasion de marquer à maintes reprises et tout le long de l’album, leur empreinte par quelques heureuses sorties, dans un style oscillant entre heavy voir power mélodique sur les solis de 2/3 piste. Cela aura pour effet notamment de casser la monotonie d’un titre comme « Ellindur Bondi a Jadri ».
Autre surprise du genre, « Fields of the
Fallen » nous donnera accès à un riffing et à un jeu de guitare réaménagés, plus innovants. Thrashy lorsque l‘ambiance devient quelque peu ombrageuse, puis totalement aéré. Le groupe nous comble là avec un très bon morceau paré d’un esprit et d’un refrain efficaces. Des titres plus accessibles, même dans le morceau éponyme «
The Lay of Thrym » à l‘ossature progressive. Celui-ci s’ouvre avec parcimonie, un peu de la même façon que l’avait fait « Regin Smidur », les riffs ont encore gagné en fluidité et en mélodicité, mais on assiste à un véritable tumulte comme il n’y avait jamais eu auparavant. Une vraie prise de conscience. Une grosse surprise qui finira par un air lancinant et voluptueux.
L’opus offre des morceaux à la fois plus concrets et plus vigoureux, si l’on en juge notamment le titre d’entrée ,«
Flames of the Free », qui use de sa force d’impact pour nous captiver. Même s’il n’y a rien de vraiment novateur en soi. Le groupe donne indéniablement de son énergie et de sa puissance, principalement du côté de la batterie, élément clef avec le chant de Heri Joensen. La batterie de Kari Streymoy alliant précision et puissance, jouera les trouble-fêtes sur l’excellente ballade « Evening Star ». Le chant y est étonnamment posé et chaleureux. La ballade se transforme en véritable hymne passionné, renforcé par la double-pédales de batterie.
Hormis ces excellents instants qui nous montre un visage inattendu chez nos féroïens, on aura droit à la vieille recette éculée, du «
Tyr » traditionnel, monotone et répétitif. Cela se s’avérerait être plus que correct sur « Hall of
Freedom », si ce n’est qu’en plus, le refrain tente quelque chose en incorporant un vrai duel entre chant et chœurs. On aurait pu croire en une réitération de la ballade « Evening Star » en écoutant l’entame acoustique de « Konning Hans ». Mais on aura droit à nouveau au chant récité et aux riffs compressés, trop souvent employés par le groupe. Même chose sur « Take Your
Tyrant », un titre poussif, bien décevant. Véritablement ce que l’on ne devrait plus voir chez eux. « Ellindur Bondi a Jadri » comme «
Nine Worlds of Lore », pourtant dans cette même redondance, cette même cadence tempérée, si caractéristiques et faisant la signature de « Týr », se montreront un brin dynamiques, recréant le déchainement de la mer, les mouvements de houle venant s‘écraser impitoyablement sur les rochers.
«
The Lay of Thrym » contiendra deux morceaux bonus sur sa version édition limitée digipack. Deux reprises rendant hommage au regretté Ronnie James
Dio: « I » de «
Black Sabbath » et «
Stargazer » de «
Rainbow ». Difficile pour Heri Joensen d’égaler le maître. La version faite de « I » par « Týr » respecte assez le ton de l’original, sans toutefois se montrer aussi transcendant. La reprise de «
Stargazer », elle par contre, est beaucoup moins convaincante. On en reconnaîtra le titre d’ailleurs que par ses quelques accents groovy.
On attendait beaucoup de cette formation. Oui! On en attendait encore. Et on a bien fait d’attendre. « Týr » que l’on disait si peu inspiré aura, en cette année 2011, eu un véritable sursaut d’orgueil. Cherchant de nouvelles formules à ses titres, sacrifiant un pan trop envahissant de sa personnalité. Néanmoins, on pourra regretter qu’ils n’aient pas amorcé un virage complet. Certaines pistes ne pourront pas résister à l’usure et seront sautés par les auditeurs. «
The Lay of Thrym » est une bonne surprise pour ceux qui n’attendaient plus grand-chose de ce désormais grand du viking metal.
15/20
Týr est depuis le début à mes yeux un groupe moyen-bon qui fait une musique moyenne-bonne et le reste à ce jour.
A noter cependant une certaine évolution au fil du temps et sur la plupart des albums de bons passages.
Un grand du Viking Metal ? Non, il ne faut toutefois pas confondre avec Windir, Thyrfing, Einherjer ou encore Moonsorrow pour ne citer qu'eux.
Il faut rester lucide.
Enfin, chacun ses goûts...
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