Une faible lumière brillant dans l'obscurité, émergeant de la brume un Knörr (ou Skreid, tant qu'on n'oublie pas que les bâteaux viking ne se sont jamais appelés Drakkars et que les
Viking eux-mêmes ne se sont jamais appelés
Viking), silhouette merveilleuse voguant sur les flots...
Eh oui, il suffit de jeter un oeil à la jaquette pour se sentir emporté dans un passé mythique et glorieux. Et nous pouvons affirmer qu'il y a de quoi s'extasier. Cet album est au coeur même de la culture scandinave ; je dirais même plus que Týr (n'oubliez pas non plus de prononcer "Touyr" !) n'a jamais été aussi proche de ses racines qu'avec ce beau "
Land".
Au niveau du genre musical, évidemment il ne faut pas être trop exigeant, il n'y a pas vraiment de renouvellement de la part de nos amis féroiens. Cela reste du
Viking Metal Progressif, comme toujours depuis la création du groupe. "
Land" est-il pour autant un successeur sans intérêt de "
Ragnarok" ?
Que nenni ! Si cet album reste très intéressant, c'est bien parce qu'ils y développent, comme je l'ai auparavant suggéré, une thématique scandinave encore plus poussée, presque jusqu'à son paroxysme. Notons comme caractéristique principale le nombre de chansons chantées en féringien, cinq sur neuf, si mon oreille fonctionne assez bien, ainsi qu'une petite nouveauté : une chanson chantée en Is
Landais et une autre en Norvégien, ce qui ne réduit les chansons anglophones qu'à deux et demi sur neuf.
Une ouverture assez surprenante, je dois le reconnaître, que ce "Gandkvæði Tróndar" : un monologue en féringien sur des violons et des choeurs qui donne particulièrement envie de se plonger dans l'album.
Que les fans et les puristes se rassurent, dès le milieu de ce premier titre le "style Týr" reprend sa place : guitares heavy, solos qui s'en finissent pas, puis dans les titres qui suivent la voix claire de ce cher Henri Joensen.
"Sinklars Vísa" résonne comme l'hymne (ou le tube, mais hymne ça fait mieux) de l'album, avec ses voix a capella scandant un refrain en norvégien et nous replace en terrain connu ; par ailleurs le choix de la langue démontre le nouveau tournant culturel pris par le groupe et sa volonté d'étendre leur musique à un style scandinave.
Les titres qui suivent se ressemblent tous plus ou moins, comme dans toutes les releases de Týr, "Gátu Ríma" et "Brennivín" sont des chansons peu novatrices, mais qui continuent de nous ravir. Même si les couplets de "Brennivín" sont en anglais, le refrain bien entraînant en is
Landais suffit à nous réjouir.
Avec "
Ocean", rare chanson chantée exclusivement dans la langue de Shakespeare, le groupe touche au plus près le style "Prog" en nous gratifiant d'un titre de dix minutes...Heureusement, vu que nous sommes patients et passionnés, nous réussissons à y prendre goût.
"
Ocean" peut ainsi être considéré par sa longueur comme le point central de l'album, et à sa suite suivent des titres dans la veine de la trilogie" Sinklars Vísa" / "Gátu Ríma" / "Brennivín" : "Fípan Fagra", "
Valkyrjan", plus proche d'une balade, et "Lokka Táttur", toutes trois chantées en féringien. On a beau dire, il fait froid aux Iles Féroé mais le féringien reste une langue exotique et attrayante.
Peu de choses à dire de plus sur ces trois titres, cela reste à l'image de l'album : scandinave, linguistiquement varié, épique et brumeux comme le suggère la jaquette, tout en nous transmettant toute la force et la passion qui étreignent les musiciens.
Pour conclure, le titre "
Land" fait écho au titre "
Ocean" : (très) long - 16 minutes -, chanté en anglais, viking/prog à souhait, donnant à la totalité de l'album une certaine harmonie et une composition finalement tout aussi rigoureuse que celle de "
Ragnarok" tout en s'en démarquant.
Petite chanson rajoutée pour l'occasion, la réédition du titre "
Hail to the
Hammer" ferme l'album, pour moi sorte de tâche qui déséquilibre la structure de l'album, bonus track pas vraiment utile mais qui nous permet de demeurer plongés dans cet univers cinq minutes de plus.
Au final, un album rigoureux comme aime à le faire Týr, pas énormément varié mais replaçant la culture scandinave épique au centre des préoccupations du groupe. Je le trouve plus proche du grand "
Eric the Red" qui, par son hétérogénéité avait plu au public, faisant de "
Ragnarok" une déception pour certains.
Il n'y a peut-être pas de quoi grimper aux rideaux et festoyer une chope de bière à la main comme se plait à le faire le folk métalleux, mais après tout ce n'est pas le but de l'album, puisque, souvenez-vous en, il ne s'agit ni de Folk ni de
Pagan Metal...contrairement à ce qu'on essaye de nous faire croire.
Fin voilà je pense pas la chroniquer, puisque maintenant les soumissions ne se publient pas automatiquement, ça me décourage.
J'aurais du regarder celle-ci d'abord avant de m'intéresser à Ragnarök :s
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire