Suite à son départ de
Morbid Angel (après avoir notamment assuré la batterie et le chant sur Abominations Of
Desolation) et à l'arrêt d'
Incubus (FL), Mike Browning fonde
Nocturnus en 1986 autour de Gino
Marino, Richard Bateman et Vincent
Crowley, ce dernier s'en allant toutefois rapidement avec ses riffs pour fonder
Acheron. Le groupe prend un tournant différent dès l'arrivée de Mike Davis et Lou
Panzer, son deathmetal étant alors enrichi par des parties de claviers, pratique encore inédite dans le genre à l'époque. La formation floridienne connaît un grand succès grâce à seconde démo
The Science of Horror de 1988, attirant l’attention de l’écurie Earache sur les bons conseils de Trey Azagthoth (
Morbid Angel). Recrutant au dernier moment Sean McNenney suite aux problème de Gino
Marino, le groupe rentre aux Morrisound Studios en 1990 sous la coupe de Tom Morris (Dig Pearson d'Earache désirait le même ingénieur du son que pour
Altars of Madness de
Morbid Angel), débouchant sur la sortie en fin d'été de son premier album
The Key, magnifiquement mis en valeur par l’illustration fouillée de Dan Seagrave, à la fois sombre et futuriste, préfigurant l’atmosphère occulte et dense de son contenu.
The Key reçoit immédiatement la reconnaissance de la communauté deathmetal, grâce à ses ambiances parmi les plus sombres de l’époque, conférées par les nappes de claviers de Louis
Panzer, en support de riffs techniques et tranchants. Loin d’apporter un côté mélodique aux compositions, elles renforcent au contraire l’aura sombre et maléfique de l’album, à l’image des intros délectables des superbes
Lake Of
Fire & Undead
Journey, où encore de l’intemporel BC/AD sur lequel
Kam Lee (
Massacre) vient pousser quelques beuglantes.
Le second point fort de
The Key réside sans conteste dans la qualité et la richesse des lignes de guitares du tandem Davis / McNenney, empreintes d’une technicité et d’une personnalité incroyables, enflammant alors littéralement les morceaux par des duels de soli vertueux, depuis les échanges au cœur de l’inaltérable Standing In
Blood, jusqu’à ceux du tout aussi mémorables de Droïd Sector. Les sombres
Lake of
Fire et Undead
Journey, le tranchant Standing in
Blood, les planants
Visions From Beyond the Grave &
Neolithic, l’occulte Before Christ
After Death, sont ainsi autant de titres à la force d’attraction et la densité telles qu’on oublie assez vite la basse peu présente (faute au remplacement de dernière minute par Mick Davis d'un Jeff Estes plein comme une outre durant les sessions), ainsi que les grunts monocordes et le jeu de batterie de Mike Browning sans génie particulier.
En ajoutant enfin ses paroles au ton mystique voire anticlérical si cher à Mike Browning (la moitié du disque est basé sur un scénario où des voyageurs temporels remontent quelques temps avant JC, afin de faire en sorte que la naissance de Jésus n’ait pas lieu et ainsi gommer le christianisme de l’Histoire !),
The Key reste envoûtant de sa première à sa dernière note, hissant
Nocturnus parmi les formations les plus techniques et les plus respectées de l’époque. L’album s’inscrit ainsi parmi les plus belles réussites du deathmetal du début des nineties, contribuant à la notoriété grandissante d’Earache, qui s’impose définitivement en cette période 89/90 grâce à l’étonnante qualité de ses formations, depuis
Napalm Death jusqu’à
Morbid Angel, en passant par les incontournables
Carcass,
Terrorizer,
Entombed ou
Bolt Thrower. Une oeuvre à posséder coûte que coûte !
Fabien.
votre avis...
A l'heure de plonger dans l'album de Nocturnus AD, quel bonheur de revisiter le voyage de cet album complètement actuel, près de 30 ans après sa sortie ! Une atmosphère unique, des morceaux hyper inspirés, je me demande si, le temps aidant, ma note ne vas pas monter un chouia à partir de son 17/20 initial. Faut dire que toutes les pièces sont prenantes et l'originalité ici bien présente. Faut que je trouve le CD, car mon vinyle craque un peu, c'était une grosse sensation quand c'était sorti, je me rappele qu'on voulait tous l'avoir, ce disque, sorti à 2000 exemplaires pourtant en édition "limitée Grindcrushing splatter vinyle". Impeccable chronique, bien sûr, on sent le fan. Tiens, que valent les démos, si un deathster le sait, je suis preneur d'avis ?
Putain moi aussi je relis cette chro et ses commentaires passés et je comprends que je suis passé à côté de ce superbe album et je vais me rattraper au plus vite!
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