Deux années après le redoutable
The Key, posant les bases d’un deathmetal technique à l’atmosphère sombre & occulte,
Nocturnus retourne aux Morrisound Studios sous la coupe de Tom Morris. Le groupe revient avec quelques remaniements de line up, puisque sur les conseils d'Earache lui demandant plus de présence scénique, il embauche un vocaliste à part entière en la personne de Dan Izzo (l'idée ne plaisant pas forcément au batteur fondateur Mike Browning), et s'associe également au bassiste Chris Anderson lors des sessions d’enregistrement, suite à la défection de Jeff Estes. Baptisé
Thresholds, le deuxième effort des floridiens sort ainsi chez Earache Records en juin 1992, dans les mêmes temps que les seconds albums de
Cancer,
Deicide et
Unleashed.
Tout en conservant l'architecture de son death technique,
Nocturnus enrichit au passage son couple rythmique grâce à l’apport du bassiste Chris Anderson, sur un middle tempo propice au tandem Mike Davis & Sean McNenney qui, tels deux guitar heroes, entremêlent leurs riffs et se surpassent en multipliant les plans incroyables. Le duo s’emballe ainsi dans des duels de soli somptueux, à l’image des fabuleux plans de Tribal Vodoun & Gridzone, ou encore de l’instrumental apaisant Nocturne in Bm composé par Lou
Panzer.
Le groupe floridien délaisse cette fois l'atmosphère occulte de son précédent album, au grand regret de Mike Browning qui désirait poursuivre dans cette veine, orientant ses claviers vers des sonorités spatiales & futuristes. Lou
Panzer, au jeu complexe et discret, en pleine osmose avec les guitares de Davis & McNenney, reste ainsi loin des schémas classiques où les mélodies pompeuses & synthétiques règnent par leur omniprésence. Ses claviers renforcent parallèlement le thème de chaque morceau, à l’instar du souffle du vent et des bruissements d’eau sur les intros respectives de
Climate Controller et Aquatica. Au final, seul le guttural monocorde de Dan Izzo et le mixage parfois confus de Tom Morris viennent ternir quelque peu la préciosité de l’ensemble, points faibles toutefois rapidement oubliés par le raffinement du climat de
Thresholds et la virtuosité de ses interprètes.
Hormis Arctic
Crypt & Alter Reality possédant un côté plus direct & entraînant,
Thresholds reste toutefois un album difficile d’accès, la faute à son avant garde et ses plans alambiquées. L’album rencontre dès lors un succès injustement limité à sa sortie, précipitant l'arrêt de
Nocturnus, qui se sépare l'année suivante peu après le divorce avec Mike Browning. A l’instar d’
Atheist sur Unquestionable
Presence ou d'
Obliveon sur From this Day Forward, le quintette se démarquait pourtant idéalement du schéma traditionnel des formations deathmetal de l’époque. Depuis sa technicité affolante jusqu'à ses ambiances futuristes,
Thresholds figure en effet parmi les albums clés à insérer dans toute discothèque deathmetal, aux côtés de
The Key, son invincible prédécesseur.
Fabien.
Le nouveau Nocturnus s'appellera apparemment Nocturnus AD ce qui confirme ce que tu expliques concernant le copyright. Je ne savais pas que Browning était brouillé avec deux des autres membres.
J'avais jeté une oreille sur Incubus et Acheron il y a quelques années, mais j'avoue n'avoir pas insisté et un peu oublié. Je vais me les écouter prochainement.
Concernant Incubus, c'était bien celui de Browning que j'avais écouté. ;)
Comme quoi, tout arrive ! Intéressant de relire les commentaires d'alors à l'heure où l'album sort, surtout lorsqu'on lit les premières réactions positives à sa sortie.
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