Au sein du quintet floridien, l’humeur n’est guère au beau fixe en cette année 1992, peu après la sortie de
Thresholds. Tandis qu’Emo Mowery rejoint la bande en tant que bassiste attitré, le batteur Mike Browning digère quant à lui difficilement son éviction du chant, ainsi que l’abandon des thèmes occultes, si chers lors de la fondation de son groupe en 1986, dont il est le seul membre d’origine. Coup du sort, Lou
Panzer et Sean McNenney profitent d’une faille en protégeant le nom de
Nocturnus qui n’avait encore jamais été déposé, afin de limoger sans ménagement notre fondateur de son propre groupe, traduisant l’ambiance tendue entre nos protagonistes.
Faute aux ventes décevantes d’un
Thresholds pourtant somptueux, s’étant écoulé à 30.000 exemplaires tandis que son illustre prédécesseur avait allégrement dépassé la barre des 70.000 pièces, les relations entre
Nocturnus et son label Earache ne valent guère mieux, l'écurie britannique exigeant rapidement quelques démos issues de nouveaux morceaux en préparation. Sans matériel particulier, notre groupe qui comprend toujours en ses rangs Mike Davis et Dan Izzo appelle à la rescousse le batteur James Marcineck en intérim, et ressort alors un vieux titre inédit de derrière les fagots, l’excellent Possess The Priest, paradoxalement composé par Mike Browning, Gino
Marino et Richard Bateman en 1987 lors des jeunes années de
Nocturnus, bien qu’aucun crédit les concernant n’apparaisse officiellement !
Enregistré par Greg Marchark à l’Audio Lab Recording Studio, s'apprêtant à accueillir Vincent
Crowley et son groupe
Acheron à l’occasion des sessions d’
Hail Victory (avec Mike Browning derrière les fûts !), le titre Possess the Priest à l’aura occulte rappelle ainsi plus particulièrement l’atmosphère sombre et possédée des plus anciens titres de
The Key, tel que les intemporels BC/AD,
Neolithic, Standing in
Blood ou Undead
Journey, les parties de claviers délaissant le côté futuriste de
Thresholds au profit d’une enveloppe plus ténébreuse. Comme pour rassurer son label, le groupe suit cette veine mystique qui avait tant envouté durant la première époque, en proposant un second morceau intitulé Mummified, plus technique mais tout aussi traditionnel, aux sonorités moyen-orientales bien plus proches des momies & autres sarcophages que des thèmes de science-fiction abordés sur son dernier album d’avant-garde.
Cette démonstration de dix minutes aux titres plus convenus et de bonne facture n’empêche hélas pas Earache, en pleine négociation avec la major Columbia, de se séparer de
Nocturnus qui, sans soutien d’un label d’envergure, jette l’éponge peu de temps après, sans laisser paradoxalement la possibilité à Mike Browning de récupérer le nom de son propre groupe. Les deux titres oubliés pour un temps ressurgissent toutefois grâce à la volonté du jeune label nord-américain Moribound Records (auteur au même moment du redoutable & unique album d'Infester), qui les édite alors en un CD deux titres à la fin de l’année 1993, muni d’une illustration de Chris Campbell. Ainsi s’achève définitivement la première période de l’inoubliable
Nocturnus, sur deux ultimes morceaux plus traditionnels mais tout aussi recommandables.
Fabien.
Tu m'apprends beaucoup de choses sur ce groupe que j'ai toujours adoré et qui je trouve est injustement méconnu et qui mérite une plus grande reconnaissance.
J'ignorais les relations conflictuelles qu'entretenais les membres de Nocturnus avec Mike Browning.
J'éprouve encore une grande satisfaction à l'écoute du superbe "Threshold" et de cet EP malgré une production un peu faiblarde sur ce dernier.
Quel dommage que ce groupe n'a pas survécu!
Je me console régulièrement avec "The Energy" d'Element qui, même si l'approche musicale est différente, me fait ressentir l'atmosphère développée par Nocturnus à la grande époque.
Dom
Et effectivement, c'est franchement moyen, à mille lieux du fantastique Nocturnus!
A l'occasion, je jetterai une oreille sur l'album d'Acheron que tu cites.
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