Pour faire simple, voire simpliste, on pourrait classer les groupes de métal/rock dans deux paniers : Les bons et les mauvais (appréciation subjective ,bien entendu). Mais pour être un peu plus complet, on pourrait ajouter une troisième catégorie : Les groupes qui créent quelque chose de nouveau. Ceux qui arrivent à se créer un climat musical à eux , des ambiances, des riffs, des manières de chanter qui rendent le groupe immédiatement reconnaissable, quel que soit l’album ou la chanson qu’on écoute. L’humble auteur de cette chronique considère que les «meilleurs» groupes ont tendance à être dans cette troisième catégorie. Si il y a bien un point sur lequel les fans comme les détracteurs de
Mastodon peuvent s’accorder, c’est le caractère unique de leur musique.
Cette bande de fous d’
Atlanta a réussi à se créer un univers visuel et musical complètement inédit et très bien pensé, faisant qu’à la sortie de «
Leviathan», beaucoup dirent que
Mastodon serait «THE next big thing». Cependant, malgré le succès critique important du groupe au fur à et mesure des albums , on ne peut pas dire que
Mastodon soit devenu le nouveau
Metallica ou
Dream Theater, comme certains l’annonçaient… Pour quelles raisons ? Principalement le chant, extrêmement brut, déroutant et trop rarement juste en live … L’autre raison est probablement le caractère très... trop «différent» de leurs compositions pour un public métallique habitué à certains codes et règles en terme de musique (exemple type : la chanson « Bladecatcher » sur
Blood Moutain). Il est d’ailleurs important de souligner que ces deux tares rebutent parfois les fans eux-mêmes,(dont je fais partie) y compris sur leur dernier chef d’œuvre en date, le monumental et progressif «
Crack the Skye». Et après l’incroyable réussite de ce dernier, ces mêmes fans pouvaient douter de la capacité de
Mastodon à nous surprendre, et à nous pondre encore un excellent album.
Eh bien, autant être clair : nous avions tort de douter !! Car, à l’écoute de «
The Hunter» , on a beau ouvrir grand nos esgourdes, on ne se trouve jamais gêné par l’un ou l’autre de ces «défauts» évoqués plus haut ; que la musique de
Mastodon pouvait avoir par le passé et qui pouvait la rendre très hermétique. En effet, on constate que nos amis les bûcherons ont fait un effort considérable sur les lignes de chant, faisant qu’elles sont agréables à l’écoute et tout simplement belles, à l’instar de l’envoûtante «
Curl of the Burl» ou de «Thickening» qui sonne très Queens of the
Stone Age (tiens tiens, Josh Homme avait chanté sur
Blood Moutain). Concernant l’approche instrumentale de «
The Hunter», force est de constater que le groupe n’a pas voulu recommencer l’expérience d’un album au format progressif, avec de longues chansons «à tiroirs» façon Pink Floyd ou
Porcupine Tree, ce qui fera autant d’heureux que de déçus. Les chansons sont en effet toutes en dessous de la barre des 5 minutes, et on sent que le groupe avait envie de revenir vers quelque chose de plus spontané et direct (je n’ai rien pour le prouver, c’est juste mon ressenti), comme on peut l’entendre sur le morceau introductif «
Black Tongue» qui ouvre l’album de manière directe et puissante. Avec l’album qui défile , on a l’agréable impression d’entendre un concentré de tout ce qu’on aime chez
Mastodon, tout ce qui fait que ce groupe est unique depuis «
Remission», et cela sans que le groupe se répète (cf : «Blasteroid»).
Concernant l’agressivité de la musique, on se rend vite compte que la rage de «
Leviathan» et «
Blood Moutain», qui s’était considérablement réduite sur «
Crack the Skye», n’est toujours pas revenue. Bien sûr, la musique est puissante et «
Mastodonte», mais le côté corrosif et énervé des premiers albums n’est plus vraiment là. Et cela s’accorde avec une certaine baisse de vitesse d’exécution, qui n’est pas flagrante, mais qu’on peut ressentir si on connaît les débuts discographiques du groupe. Heureusement, chez
Mastodon, baisse de violence ne signifie pas baisse de créativité. L’album est en effet très varié et nous fait tout autant voyager que l’avait fait chaque album auparavant. Un voyage plus paisible que par le passé, mais tout aussi beau et impressionnant, à l’instar du majestueux refrain de «All the Heavy Lifting» chanté par Troy Sanders. On retrouve toujours ces magnifiques passages de guitares harmonisés et toujours aussi agréables à l’oreille. Avec «
The Hunter»,
Mastodon a donc su parfaitement doser les ingrédients qui ont fait son succès et sa célébrité, tout en y ajoutant quelque chose de nouveau. Et ce petit quelque chose qui fait toute la différence, qui fait que cet album est peut être le meilleur et le plus mature de la carrière de
Mastodon, c’est un sens toujours plus accru de la mélodie.
Et ce que j’affirme pourrait se prouver avec n’importe quelle chanson de l’album , mais il y en a une qui mérite toute l’attention : je vous parle de la première quasi-ballade de
Mastodon !! Oui, il n’y a pas de drogue dans votre café,
Mastodon nous a composé une sublime «power ballade» qui répond au nom de «
Creature Lives».
Elle s’ouvre de manière très bizarre avec des bidouillages électroniques et un sample de rire qui nous rappelle très fortement les délires de Pink Floyd sur «On the Run», tiré du célèbre
Dark Side of the
Moon. Commence ensuite la «vraie» chanson et là on est juste bouche bée, tant cette pièce vous fait vibrer, aussi bien au niveau de la musique que des paroles, qui sont tout aussi magnifiques. Il faut noter que c’est Brann Dailor, le batteur, qui chante «
Creature Lives» et qui nous prouve à quel point c’est un musicien complet et talentueux , à l’instar de ses trois potes.
En somme,
Mastodon nous livre avec «
The Hunter» un album qui respire la sérénité, la joie de vivre, presque. On aurait pu croire que «
Crack the Skye» serait l’apogée de ce groupe, incapable de faire mieux ... Le défi a été relevé avec brio et maîtrise, «
The Hunter» étant sensiblement différent de son prédécesseur mais tout autant envoûtant et ciselé, faisant que celui-ci va peut être ouvrir le monde de
Mastodon à de nouvelles hordes de fans. C’est tout ce qu’on leur souhaite ! (avec peut être des performances live plus régulières au niveau du chant)
Mastodon rocks !
ps: vous avez droit en prime au clip de la très belle "Spectrelight" !
"tout ce qui me plaisait chez Mastodon s'est dilué dans un style plus lisse" sera mon résumer ...
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