Attendu comme le messie, ce nouveau Septic
Flesh l’était par tout le monde ou presque : les die hard de première heure ayant découvert ce groupe lors des débuts du label Holy Records, mais aussi la nouvelle génération adepte du
Metal symphonique, ayant découvert le groupe avec l’excellent et récent
Communion.
The Great Mass (2011) avait donc du monde à satisfaire. La principale crainte chez ce genre de groupes versatiles est de les voir se lancer corps et âmes dans l’expérimentation en délaissant complètement la violence, pour faire simple les fans de
Metal extrême craignaient un retour à
Revolution DNA ou
A Fallen Temple.
Avant de se pencher sur l’analyse musicale pure, un petit coup de gueule au préalable sur la technique marketing scandaleuse de Season Of
Mist : mettre la pochette entière uniquement sur l’édition digipack limitée est un sacrilège, d’autant que la fresque réalisée par Spiros est tout bonnement majestueuse, telle une version sombre et décadente des marbres grecs d’époque. Bref, le péquin qui achètera l’édition classique ne disposera que d’un échantillon de l’œuvre d’art, c’est peut-être ça la France à deux vitesses…
Evitons un suspense insoutenable, les grecs n’ont pas viré leur cuti (comme quoi...) pour s’orienter à nouveau vers des sonorités Pop / Darkwave comme ils l’avaient fait fin 90’s, c’est à peine si on retrouve quelques réminiscences de cette période sur le titre final.
The Great Mass est même l’album le plus violent jamais composé par Septic
Flesh.
The Vampire from Nazareth est pourtant trompeur avec les murmures inquiétants de Androniki Skoula (
Chaostar), telle une sirène attirant le malheureux marin à la mort. Toutefois passée cette introduction, les violons et les cuivres de l’orchestre philharmonique de Prague se mêlent allègrement au chant profond de Spiros et aux riffs nobles de son frère Christos pour une symphonie violente et noire. La section basse / batterie apporte une puissance considérable à l’ensemble, mettant en lumière l’énorme travail studio : enregistrement au Devasoundz Studios de Athènes (au Smecky Studios de Prague pour l'orchestre), mixage au
Abyss par l’inévitable Peter Tägtgren, et enfin mastering de l’ensemble par
Rising Kjellgren. Michael Berbérian boss de SOM, n’a vraiment pas lésiné sur les moyens alloués.
Le romantisme noir, leitmotiv de leurs œuvres de la première heure, s’était déjà atténué (sans pour autant disparaître) sur les deux disques précédents au profit d’une puissance brute exacerbée,
The Great Mass confirme cette voie vers des orchestrations grandiloquentes, en adéquation avec le jeu plus direct des musiciens. A Great
Mass of Death, ses symphonies prenantes et ses accélérations fulgurantes ne sont pas sans rappeler
Dimmu Borgir (tout comme The Undead Keep
Dreaming), d’ailleurs ce disque est sûrement la réponse Death
Metal à Puritanical Euphoric Misanthropia, Fotis Bernardis y développe un jeu de batterie dense, puissant et rapide assez proche de Nicolas Barker.
Montrant que le groupe de Christos n’a pas totalement occulté son passé,
Pyramid God est plus posée et introvertie, elle sonne d’abord Heavy
Metal symphonique à chant Death, avant de se transformer en marche guerrière triomphale avec cuivres, double pédale et guitares épiques à la clef. Il y a fort à parier que le gamers impénitents voient aussi un côté
God Of
War à ce disque car on y retrouve les mêmes thèmes grandiloquents, notamment sur Five – Pointed Star (titre surpuissant par ailleurs) avec des harmonisations monumentales dignes des dieux de l’Olympe. Pour ceux que les références rassurent,
Apocalypse débute de la même façon que le terrible morceau
Persepolis : orchestration imposante prélude à d’abruptes accélérations.
La seule véritable critique que j’émettrais sur ce disque est d’avoir mis la terrible voix de dragon de Spiros moins en avant qu’à l’accoutumé, dommage de se priver d’un tel atout vu que le bonhomme possède l’un des grains les plus profonds et caractéristiques de la scène. D'aucuns trouveront aussi un côté aseptisé au son, il est adapté à l'ambition de l’œuvre.
Septic
Flesh est un des rares groupes à savoir concilier modernité, puissance et variété sans perdre son âme extrême, c’est sans doute la raison pour laquelle Sotiris et ses sbires attirent des amateurs au delà du simple cercle du Death
Metal (sans rebuter ces derniers, l'exploit est là). De plus il sait perpétuellement se remettre en question et évoluer, à l’image ici du chant féminin de Androniki, n’ayant rien à voir avec celui de Nathalie Rassoulis sur
Ophidian Wheel, moins flamboyant, moins lyrique, mais plus contenu et ténébreux.
Non seulement le quatuor a su reprendre ici le meilleur des éléments qui ont forgé sa longue et versatile carrière, mais y apporte un souffle nouveau avec une inspiration qui ne se dément pas. Le spectre musical de
The Great Mass est en effet large : Heavy
Metal (
Rising), Prog atmosphérique (Oceans of
Grey), Death
Metal symphonique violent (The Indead Keep
Dreaming), on trouve même un titre marchant presque sur les plates bandes du Death technique (
Mad Architect). Cela dit jamais rien ne sonne hétérogène, prenons un exemple cinématographique parlant avec Le Seigneur des Anneaux : que ce soit les loufoqueries des hobbits, le destin tragique du porteur de l’anneau, les batailles dantesques ou le comportement précieux des elfes, tout est parfaitement logique et forme un tout inaltérable.
The Great Mass c’est la même chose : malgré des compositions en apparence très différentes, le résultat est bluffant d’homogénéité.
Comme pour un blockbuster à succès, Septic
Flesh a intégré tous les éléments nécessaires : le script, le synopsis, le visuel, les moments tragiques, les accalmies, les passages épiques ou glorieux, et bien sûr les grandes batailles.
On en revient donc au final à notre comparatif avec le chef d’œuvre de Peter Jackson : les effets spéciaux sont impressionnants mais pas uniquement : les décors, les prises de vue, les dialogues et les acteurs sont fantastiques, lui permettant d’atomiser la concurrence. A l’image de la fameuse trilogie cinématographique, il y a fort à parier que ce nouvel effort des grecs fasse l’unanimité, tant au niveau de la profession, des critiques que du public.
BG
Il est quand même loin le temps d'un Ophidian Wheel.
Pour moi ça manque de spontanéité, on dirait presque que l'on cacherait un certain manque d'inspiration sous des tonnes et des tonnes d'arrangements poussant parfois à l'indigestion.
Pour moi bien inférieur aux précédents albums du nouveau Septic (Sumerian Deamons et Communion).
Je serais quand même aux premières loges lors de leur set au Hellfest. Peut être arriveront-ils à me faire changer d'avis...
12/20
Edit du 9 juillet 2011 : je l 'ai écouté à nouveau et je l'ai trouvé bon cette fois ci. Fallait laisser mijoter en fait... je passe à 15/20. Wait and see dit-on souvent...
là, je le réécoute...
...je suis tombé de ma chaise...bon dieu....quel disque
je sais plus ce que j'avais dans les oreille, mais cet album, n'est pas que le meilleur Septicflesh (...que j'ai)
mais à mes yeux, c'est la quintessence du Gothic et du Néo-Gothic
les ambiences glacées
et les feux des tourments sont magnifiquement et comme jamais rendu
le Youkounkoun sur ce diadéme de diamant étant Mad Architect
expressionniste et délirant
j'aurais aimé en savoir plus sur ton ressenti BG
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