« Le salut pour nous n’est nulle part » pourrait servir d’exergue à cet album convulsif. Et dans cette convulsion, quelle maîtrise ! Désespoir et transcendance par la poésie, maîtrise et convulsion par la musique, me paraissent les quatre piliers de l’album.
Car si « Les Blessures de l’Âme » furent le chant intime d’un idéal aristocratique, au sens le plus nietzschéen, « L’
Excellence », quant à lui, abhorre la fadeur et la médiocrité satisfaite de notre époque, au nom du même idéal. L’
Excellence se révèle ainsi un titre de noblesse.
Mais c’est une noblesse virile et méprisante, amère et vindicative, amoureuse d’absolus. Et elle se présente, « in nomine
Seth », sous la forme du Luciférianisme. Le monde extérieur devient un efféminement christianisé (mon ange…), pour l’imitation duquel le chanteur, - Vicomte
Vampyr Arkames, judicieusement rebaptisé
Acid Christ, - prend une voix ridiculement aiguë. Quelle humiliation pour notre si fière époque !
Toutefois, notre poète se veut guide. Il nous montre le chemin par lui pratiqué afin de tuer en nous nos grossiers masques sociaux : la scarification, la lacération intérieure !
Dans son essence, comme tous les vrais artistes, c’est un mystique : il nous invite à retrouver une âme dans notre vide, un absolu.
La musique d’Heimoth accentue le caractère convulsif des textes, mais les rehausse par sa maîtrise. Elle est froide sans être glacée, grandiose sans grandiloquence, d’une majesté torturée qui trouve dans cet ondoiement de souffrance l’opportunité de rehausser sa noblesse serpentine. N’en attendions-nous pas moins de notre reptile, SETH, le dieu-
Serpent ! Je le répète ici, à l’instar de ma chronique des Blessures de l’Âme : l’originalité de SETH consiste dans le caractère annelé de ses mélodies. Leur harmonie torturée nous en fait ressentir les ondulations sinueuses de plus en plus sèches et violentes.
SETH, à l’image de son superbe livret, est un soleil bleuté, argenté, lacté.
Le groupe a eu l’idée originale (à l’époque…) d’ajouter à son métal un coté musique électronique. Mais ces sons étranges, étonnants, jamais déroutants, souvent judicieux, renforcent la froideur et la cruauté de l’atmosphère, instaurent une distance plus grande entre l’entité SETH et l’auditeur. En un mot, ils étayent la noblesse du style.
Jusqu’au cri abortif qui clôt cette œuvre !
J’avouerai cependant que je n’aime plus ce disque. Le chant de V.V.A. devient un hurlement perpétuel, fatiguant. La musique manque par trop de simplicité. Enfin, je n’ai jamais ressenti un art aussi haineux de toute ma vie. Il a un coté juvénile dans le malsain, dans son rapport à la vie, qui me gêne.
J’avouerai aussi avoir adoré ce disque à 22 ans, à sa sortie, pour les mêmes raisons qui me le rendent antipathique aujourd’hui.
Toutefois, le but de la critique n’étant pas d’exprimer ses goûts ni ses humeurs, mais de savoir la valeur d’une œuvre, je reconnais l’art inouï de SETH. 17/20
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