Divine-X a le goût d’une œuvre achevée, mais non parachevée.
De fait, le Vicomte
Vampyr Arkames, chanteur et poète du groupe, en a écrit les paroles sans toutefois y poser sa voix. Or, il a été remplacé par un chanteur qui ne semble pas avoir compris, ou plutôt senti dans sa chair, le rasoir de ces textes. Sans compter que son chant est d’une gravité monotone…
Ensuite, Faucon Noir, bassiste sur les deux premiers albums, a quitté SETH peu après l’enregistrement de L’
Excellence. Je crois qu’il apportait aux compositions d’Heimoth une certaine maturité, plus précisément une aisance technique, plus de netteté dans les contours des morceaux. Le défaut majeur de Divine-X s’avère en effet un manque de fermeté dans la charpente musicale.
Toutefois, Divine-X réaffirme, au niveau instrumental, la clef de voûte de l’art de SETH : cette souplesse équilibrée et annelée, fascinant charme de la musique reptilienne.
L’expérience électronique de L’
Excellence s’y confirme. Mais les simples mélodies machinales prennent une ampleur polyphonique, en ce sens que la musique électronique devient instrument à part entière, ample et profond, à égalité avec la batterie, la basse, le chant et les guitares.
L’architecture temporelle des morceaux en est transformée. Les premières mesures introduisent une mélodie polyphonique comme inachevée, floue, impure, fondue dans une ligne rythmique classique ; elle se découvre ensuite à nous progressivement dans une harmonie chaque seconde plus épurée, avec une alternance de retours en arrière, de reconquêtes ; avant de parvenir à un paroxysme éclatant. L’intérêt de cette construction est l’impression de vitalité qui s’en dégage. La musique, toujours à sa propre recherche, semble se construire au fur et à mesure de l’audition. Et c’est une création dont la violence la révèle comme arrachée, accouchée dans la souffrance. L’âme de l’auditeur ne peut en sortir que sanglante, lacérée, la chair spirituelle à vif. La sourde sonorité des textes du Vicomte s’y insèrent comme le joyau mordoré à l’écrin ou inversement. Ils en constituent, par leur profondeur, la transsubstantiation dans le domaine de l’intellect abstrait.
Le fier mépris de la mort, la puissance spirituelle conquise par la souffrance, contre soi et dans la solitude ; la croyance en une immortalité de la chair spirituelle, en un absolu, mais désespéré, où la réalité n’est plus la sœur du rêve ; mais une réalité d’un ordre inférieur, comme un Enfer insipide traître à un Paradis ; un Paradis odoriférant d’un feu sacré…Telles se descellent le sens de ces poèmes d’une acuité qui dénudent notre âme.
Car notre poète est un Savonarole luciférien. J’en avance trois preuves.
Le premier morceau,
Evil-X, s’ouvre ainsi : “Murder the spectre of humankind ! /May the light flash /From the abject open scar /
That appears before my eyes”, puis se termine sur quelques ambitions philosophiques : “I murder the spectre of humankind /So that the light flashes at last /From the abject depravity /
That became our world”.
Dans le troisième morceau, francophone mais gracieusement intitulé Walk on
Fire with me, Arkames invite « un ange », que l’on devine l’auditeur ou lecteur désigné sous un vocatif féminin, comme par Dieu le croyant dans Le Cantique des Cantiques. Cet ange luxurieux se voit promettre la transcendance infernale par ces mots : « Il est donc temps que le spectacle final /Enlève à ta charnelle enveloppe /Le don de jouir sensiblement. » Quelle chasteté chez notre
Lucifer.
Dans le dernier, Divine-X, l’ambition d’Arkames est “To ascend to foreign skies”, avant de déclarer “I take my leave”, puis de terminer en une prière vociférante et réitérée : “
Divine X, put their world on fire ! /
Divine X, take this world higher ! ” Le Luciférianisme n’y est pas une morale ou contre-morale, mais leur dépassement. Le regard nous porte par-delà le Bien et le Mal.
Mais ce « monde » tant craché, est celui de notre quotidien ! De nos référence morales et sociopolitiques. “Higher” ! Arkames ne les attaque pas pour les remplacer par d’autres, mais pour leur absence de qualité, seul reproche des vrais libertaires.
Et c’est cette qualité que la musique tend à susciter, à forcer ou, pour les plus médiocres (les congénitaux), à déployer devant eux comme un drapeau enflammé et dangereux.
SETH a réalisé par Divine-X une œuvre très élitiste, méprisante, élevée, avec, hélas ! un goût d’inachevé, ou plutôt de non parachevé !
17/20 (pour la qualité par trop supérieure à la moyenne)
Hum...
Libertaire est synonyme d'anarchiste. Les anarchistes n'on absoluement rien à voir avec l'idéologie du black metal, elle en est même l'inverse;
L'anarchisme souhaite remplacer l'état et l'autorité par le tissus social, elle souhaite le partage des ressources; l'anarchisme est une société ultra sociale, ultra collective. C'est l'inverse le plus extrême de l'individualisme. Ca n'a absoluement rien à voir avec le "luciférianisme".
Sinon, bonne chronique.
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