Les puristes ou les plus fins connaisseurs que moi (ce qui n'est pas difficile) pourront me corriger, mais l'étiquette « Hardcore » que l'on colle sur
Hatebreed me paraît quelque peu erronée. Si on parle de certaines de leurs démos initiales, voire de ce qu'ils jouaient dans leur garage peut-être, mais il faut dire ce qui est, ce me semble :
Hatebreed est un groupe de metal inspiré par le punk, son esprit et sa vitalité, nourri même, mais dont le son dès leur premier EP «
Under the Knife » est engrossé par la lourdeur et le gras du metal et en particulier du Thrash, comme le riff de "Before Dishonor" sur «
Satisfaction Is the Death of Desire » (1997) en a tôt donné le ton. Au fil des années, leur musique ne s'est pas calmée contrairement à ce qu'on peut lire ou entendre ça ou là, mais elle n'a jamais quitté ce son caractéristique qui a traversé deux décennies déjà pour arriver jusqu'à aujourd'hui à un huitième opus. «
The Concrete Confessional », ou l'énième illustration de la théorie musicale du « ils font toujours la même chose, mais ils le font bien ».
«
The Divinity of Purpose », opus précédent sorti en 2013, ne nous avait pas laissé en reste en termes de puissance et de générosité. Toutefois, l'orientation quand même très metalcore (c'est logique me direz-vous, puisqu'ils ont été parmi les premiers à le faire) n'en faisait pas un des albums les plus intéressants de leur discographie, comme il en est ainsi des galettes des pionniers qui ne changent pas leur fusil d'épaule lorsque leur style est devenu à la mode. « The
Concrete Confessionnal » n'est pas une déception tant il contient ce qu'on attend des bonshommes. La double-pédale agitée qui ouvre l'album et "A.D", soutenant ce qui sonne comme un Thrash-
Metal énervé avec des vocaux toujours aussi vindicatifs et amenant un solo survolté, ne laissent pas de doute sur la teneur des compositions à venir.
Hatebreed n'a pas perdu la main pour ce qui est du riff efficace qui peut être aussi virulent ("In The Walls") que gras ("
Seven Enemies"), ni pour la lourdeur entraînant immanquablement la nuque à bouger de bas en haut, comme sur "Walking The
Knife".
La construction des morceaux est carrée (c'est un point positif qu'ils ont toujours eu, même dans leur prime jeunesse) et ne fait pas de fioritures, balançant leur énergie et leurs grattes pour le plaisir, et invoquant à l'oreille des références bien thrash comme
Machine Head ("From Grace We've
Fallen"),
Sepultura période « Chaos A.D » ("Dissonance", sur laquelle même la voix rappelle celle de Max Cavalera), voire la clarté du chant et la noirceur de la basse d'un certain néo-métal ("Something's
Off"). N'échappant pas à son époque et comme dit plus haut à la grosse présence désormais d'un genre qu'il a contribué à dessiner, le combo place aussi des passages plus mid-tempo à l'image de "Serve Your Masters", et un breakdown absolument metalcore-like sur "Us Against Us" qui ne brille pas du tout par son originalité, ou par sa complexité...Et aujourd'hui en 2016, c'est peut-être de ce point que peut survenir une espèce de lassitude à l'écoute de «
The Concrete Confessional ».
Hatebreed nous a toujours servi que ce qu'on attendait d'eux, à quelques variantes près, et nous n'allons pas cracher dans cette soupe-là. Mais lorsque sur un album, chaque riff donne l'impression d'avoir été déjà entendu, non seulement dans la discographie du groupe, mais également dans ce qui s'est fait au-delà, la satisfaction totale et décérébrée peut s'avérer difficile...Des morceaux oubliés à peine entendus comme "Looking
Down The Barrel of Today" peuplent plusieurs disques des Américains, et ces compositions mises bout à bout finissent par faire des albums qui s'interchangent à peu de choses près. Si le plaisir d'écouter le nouveau
Hatebreed est toujours au rendez-vous, la fraîcheur ou ne serait-ce que la moindre surprise ont assez échappé aux derniers efforts du groupe, ce qui gâche la fête malgré toute l'envie d'envoyer chier son monde qu'ils nous communiquent depuis leurs débuts.
Pour répondre à tes questions, mais ma connaissance du genre est peut-être trop limitée, quand je parle de hardcore à proprement parler je parle le hardcore du punk hardcore, soit éloigné du metal, "de base". L'étiquette hardcore qu'on donne à Hatebreed n'est pas exacte de ce point de vue strict, puisqu'ils ont dès le début eu, que ce soit dans le son ou dans la rapidité, une attitude metal. Je les trouve pas plus punk en effet qu'un Biohazard ou qu'un Body Count par exemple !
C'est pourquoi je les ai plutôt placés en pionniers du metalcore, soit encore une fois en puriste des 90's exactement, en mélange du metal et du punk hardcore, du stye Earth Crisis ou Converge entre autres...Maintenant le metalcore n'est plus du tout la même chose, on ne peut qu'être d'accord !
PS : En fait le 15 c'est la moyenne des inscrits qui ont mis une note, mais ma note à moi est bien 12, comme tu peux le voir à côté de ma photo de profil :)
Peu de changement à signaler sur ce nouvel album de Hatebreed, d'ou ce sentiment (légitime) de semi-déception (en même temps si le groupe s'était mis au Black Metal personne n'aurait compris !).
Hatebreed continue à balancer un Hardcore très Metallisé (ce n'est pas du Crossover) qui, à l'instar de celui de ses collègues Biohazard et Sick Of It All, est très influencé par le Power/Thrash/Groove Metal de Machine Head et Pantera ainsi que par le Thrash Metal de Slayer.
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