"Le prochain album n'est pas encore tout à fait fini, mais je peux d'ores et déjà vous affirmer qu'il est de loin meilleur que
Supremacy".
C'est avec cette déclaration classique et un brin démago que
Jamey Jasta annonçait le nouvel album d'
Hatebreed dans une interview pour le magazine français Rock
Hard. Et au vu de la montée en puissance phénoménale du groupe depuis ses débuts avec
Under the Knife, on était assez enclins à le croire... tout en restant méfiant, car ces derniers temps, nombreux furent ceux qui annonçaient une tuerie et nous ont déçu.
Le single In
Ashes They Shall
Reap fut pourtant une sacrée mise en bouche : un refrain monstrueux, un Jasta hargneux, un morceau qui risque de s'imposer comme un grand classique aux côtés des hymnes I
Will Be Heard ou
Live for This ...
Mais se fier à un morceau n'a jamais été la meilleure manière de juger un album.
Quelques mois avant ce bien nommé
Hatebreed, le groupe nous sortait une collection de reprises,
For the Lions. Et au delà de savoir si ce CD en valait la peine, l'effet le plus frappant en fut un groupe qui redécouvre ses origines, ses influences, ses racines.
Mais UN album-hommage, n'est-ce pas assez ? Si, bien sûr. Alors ne m'en voulez pas si je trouve cela un peu superflu qu'
Hatebreed, via cet album éponyme, nous renvoye à la gueule ses influences d'une façon assez flagrante...
Alors bien sûr, quand les influences sont bonnes, en tirer quelque chose de mauvais est une gageure. Mais il est difficile de ne pas penser à
Slayer sur l'intro de Between
Hell & a Heartbeat, à
Machine Head avec ces plans thrash rebondissants et très riffés gras truffés de soli fulgurants (toujours le même morceau, un peu plus loin), à
Suicidal Tendencies pour les choeurs quelque peu naïfs de No Halos for the
Heartless ou Every Lasting Scar (écart que
Hatebreed avait toujours su éviter malgré une utilisation de choeurs déjà prononcée), ou encore à
Metallica sur un instrumental totalement insipide et inutile (rares sont ceux qui écoutent
Hatebreed pour en entendre un instrumental) ...
Hatebreed avait jusque là fait du
Hatebreed pur jus, sans aucune variété mais avec une efficacité indéniable. Sur cet album, la variété apparaît, mais avec elle apparaît également une certaine faiblesse dans les compos. Car même les très brutaux et très "
Hatebreediens"
Through the
Thorns, Become the
Fuse (dont l'intro pourrait être du
Devildriver, tiens...), As
Damaged As Me ou
Merciless Tide n'ont clairement pas l'impact de titres brulôts comme As Diehard As They Come, To the
Threshold, Doomsayer ou encore Call for
Blood.
Jamey Jasta est en forme, certes, mais ne nous assène plus de hurlements possédés comme il le faisait si bien sur
Supremacy, qui reste à ce jour sa meilleure performance vocale. Seule exception : le titre
Pollution of the Soul, occasion pour le vocaliste de nous balancer quelques cris écorchés du meilleur effet... mais manque de bol, ce titre était déjà présent sur la version japonaise de
Supremacy... comme quoi ! Soulignons toutefois son chant plus mélodique (restons relatifs) sur Every Lasting Scar, qui par son côté old-school reste une vraie réussite et un des meilleurs titres de l'album.
Alors,
Hatebreed, mauvais album ?
Non, bien sûr, car comme je l'ai dit, quand les influences sont bonnes et le talent des musiciens indéniable, faire quelque chose de mauvais est difficile... reste que cette galette n'est clairement pas à la hauteur de ses 2 prédécesseurs alors qu'elle est paradoxalement plus variée et peut-être plus recherchée. Hélas, le mélange d'influences
Machine Headiennes, Slayeresques et consorts ne suffit pas car il manque le côté coup de poing qui plaisait chez
Hatebreed. Retenons toutefois l'hymne véritablement énorme In
Ashes They Shall
Reap et les excellents Every Lasting Scar et Everyone Bleeds Now... le reste est agréable à l'écoute, mais ne me fera pas préférer cet éponyme aux précédents.
Dommage.
faut que j'écoute ça, je suis encore troué par supremacy... quelle claque...
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