The Cause of Shipwreck

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16/20
Nom du groupe Blackbriar
Nom de l'album The Cause of Shipwreck
Type Album
Date de parution 23 Avril 2021
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album14

Tracklist

1.
 Confess
 03:47
2.
 Weakness and Lust
 04:54
3.
 Through the Crevice
 03:28
4.
 The Séance
 03:42
5.
 You're Haunting Me
 03:25
6.
 Walking Over My Grave
 04:29
7.
 My Down-to-Earth Lover
 05:00
8.
 Selkie
 04:23
9.
 Deadly Diminuendo
 05:00
10.
 Lilith Be Gone
 05:36

Durée totale : 43:44

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Blackbriar


Chronique @ ericb4

30 Avril 2021

Une ogive à longue portée aux effets dévastateurs...

Petit à petit, l'ingénieuse araignée batave tisse des toiles de plus en plus efficaces, cueillant ainsi une à une ses victimes, toujours plus nombreuses à s'y être engluées et avoir succombé aux blessures causées par ses venimeuses morsures. Aussi, déjà à la tête de plusieurs singles, dont le touchant « Snow White and Rose » (2019), de trois EP (le prégnant « Fractured Fairytales » (2017), le galvanisant « We'd Rather Burn » (2018) et l'envoûtant « Our Mortal Remains » (2019)), et affichant un capital scénique déjà significatif, notamment en 2019, année ponctuée par moult prestations remarquées sur la scène metal européenne (Elysée Montmartre (Paris), Turbinenhale (Oberhausen-Reinhausen, Allemagne), Budapest (Hongrie), Openluchttheater Hertme (Hertme, Pays-Bas), TT Festival (Assen, Pays-Bas)...), le sextet néerlandais n'allait pas s'arrêter en si bon chemin...

Il aura fallu patienter la bagatelle de neuf longues années depuis sa création avant de voir le combo enfin accoucher de son premier album full length, « The Cause of Shipwreck » ; une auto-production de dix titres inédits égrainés sur un ruban auditif de 44 optimales minutes. Une attente récompensée par une œuvre aussi délicate et subtile qu'intrigante et pénétrante, témoignant tant de la féconde inspiration compositionnelle que du souci du moindre détail de production de la part de ses créatifs et expérimentés auteurs. C'est dire que les six natifs d'Assen souhaitent désormais, et légitimement, porter l'estocade, et ce, dans un univers metal alternatif à orientation atmosphérique gothique et symphonique à chant féminin aujourd'hui marqué par une concurrence galopante. Aussi, ce nouvel arrivage leur permettra-t-il de marquer plus fort encore les esprits de leur empreinte, au point de faire de ces outsiders d'hier les valeurs montantes de cet éclectique registre metal ?

Produit, arrangé et mixé aux Sandlane Recording Facilities, à Rijen, par un certain Joost van den Broek (fin claviériste (Star One, ex-After Forever...) et prolifique producteur/ingénieur du son (connu pour avoir oeuvré auprès de Epica, Ayreon, Xandria, After Forever...)), et mastérisé au Amsterdam Mastering par son propriétaire, Darius van Helfteren (sollicité par Mayan, Revamp, Nemesea, Ex Libris, Autumn...), l'opus jouit d'une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut, d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et orchestration, et de finitions passées au crible. Bénéficiant parallèlement d'une instrumentation à la technicité maîtrisée, cosignée René Boxem (batterie), Frank Akkerman (basse), Ruben Wijga (claviers), Bart Winters et Robin Koezen (guitares), et d'une plume alerte et de mélodies des plus enivrantes, œuvre de Zora Cock, chanteuse aux fluides et claires patines, à la confluence de Jennifer Haben (Beyond The Black), Charlotte Wessels (ex-Delain), Kate Bush et de Tori Amos, cette rutilante offrande renseigne sur la sérieuse détermination à en découdre de la part de nos six gladiateurs.

A l'instar de son troisième EP, sans tourner le dos à sa fibre metal alternatif à dominante atmosphérique gothique originelle, Blackbriar privilégie cette fois une orientation rock'n'metal symphonique gothique un brin opératique et progressive, l'éloignant dorénavant d'un paysage de notes calqué sur Lacuna Coil ou Autumn pour flirter plus intimement avec des vibes apparentées à celles de Beyond The Black, Delain, Xandria ou encore Sirenia. S'affranchissant toujours davantage de l'empreinte parfois sclérosante de ses modèles identificatoires pour égrainer plus largement aujourd'hui qu'hier ses gammes et arpèges propres, le combo confère à son propos une identité artistique stable. C'est dire que l'escadron néerlandais s'est ingénié à réinitialiser ses arpèges, octroyant ainsi une palette étoffée en matière d'exercices de style et d'inédites sonorités au programme. Enfin, à l'image de ses devanciers, l'émotion est bien souvent au rendez-vous de nos espérances. Mais entrons sans plus attendre dans le tant attendu vaisseau amiral...


Inondant la plupart des portées du méfait, la colorature metal symphonique s'avère le plus souvent apte à nous retenir plus que de raison, à commencer par ses passages les plus vitaminés. Ainsi, c'est d'un battement de cils que l'entraînant et ''delainien'' mid tempo progressif « Confess » imposera sa mélodicité toute de fines nuances vêtue sur laquelle viennent se greffer les cristallines inflexions de la sirène, et ce, parallèlement à ses riffs acérés et sa basse résolument claquante. Dans cette énergie, on retiendra également l'élégant et ''sirénien'' « Through the Crevice » tant pour la prégnante gradation de son corps orchestral qu'au regard de son bref mais fringant solo de guitare. Quant au solaire et fringant « Selkie », son enchanteur riffing tout comme sa frondeuse rythmique et ses profonds roulements de tambour feront plier l'échine aux âmes les plus rétives à son assimilation. Et ce ne sont guère les angéliques impulsions d'une interprète bien habitée, que l'on croirait alors touchée par la grâce, qui nous feront lâcher prise de ce hit en puissance fortement chargé en émotion. Mais nos belligérants sont loin d'être à bout d'arguments pour asseoir leur défense...

Sur un tempo un tantinet plus mesuré, d'autres espaces d'expression de cette nature pourront non moins avoir raison des plus tenaces des résistances. Ce qu'illustre, d'une part, l'intrigant et ''xandrien'' low/mid tempo « Weakness and Lust » à la lumière de son refrain immersif à souhait mis en exergue par les limpides et troublantes volutes de la déesse. Dans cette dynamique, c'est d'un battement d'ailes que le fondant mid tempo progressif « My Down-to-Earth Lover » imposera ses couplets finement esquissés et le fin legato du lead guitariste. Un headbang bien senti sera également de la partie sous le joug de « Lilith Be Gone », un dévorant mid tempo metal gothique aux arrangements d'excellente facture et porté par une frontwoman au top de sa forme, recelant en prime d'insoupçonnées et poignantes montées en puissance du dispositif instrumental. Et comment ne pas se voir happé par le tubesque « The Séance », un chavirant et énigmatique mid tempo symphonico-gothique aux riffs émoussés et à la basse ronronnante, glissant le long d'une radieuse rivière mélodique et encensé par les frissonnantes oscillations en voix de tête de la belle ?

Quand elle en vient à explorer d'intimistes contrées, la troupe trouve là encore les clés pour nous assigner à résidence. Ce qu'atteste, en premier lieu, « Walking Over My Grave », une somptueuse power ballade à l'infiltrant cheminement d'harmoniques et aux grisantes variations rythmiques. Difficile également d'éluder « You're Haunting Me », une atmosphérique et mélancolique ballade a-rythmique composée par Joost van den Broek. Sur fond de craquements d'un vinyle que le temps a érodé doublés d'une violoneuse assise, mis en habits de soie par les caressantes patines de la maîtresse de cérémonie, et en dépit de quelques linéarités mélodiques, l'instant privilégié pourrait bien recueillir l'adhésion de l'aficionado du genre. Enfin, on ne saurait davantage se soustraire ni aux délicats arpèges d'accords ni aux hypnotiques incantations dont se pare « Deadly Diminuendo », une ballade gothique délicieusement tourmentée, empreinte d'authenticité et pétrie d'élégance. Une œuvre maîtresse de ce registre, que pourraient bien leur envier moult de leurs pairs.


A l'issue d'un parcours aussi mouvementé et énigmatique qu'enchanteur, on ressent l'irrépressible envie de plonger à nouveau le tympan dans cet océan de félicité. Ce faisant, le combo batave nous livre une œuvre à la fois racée, empreinte de grâce et des plus efficaces, sans l'ombre d'une fausse note, transpirant le talent compositionnel de ses auteurs. De fil en aiguille, nos six acolytes sont parvenus à digérer leurs sources d'influence au point de s'en approprier les vibes sans pour autant s'y être réduits exclusivement, délivrant dès lors un message musical singulier, authentique et éminemment émouvant. En outre, la fibre symphonique désormais majeure dans leur projet metal gothique sied à merveille au collectif néerlandais, ce dernier l'exploitant judicieusement.

Diversifié sur les plans atmosphérique et rythmique, témoignant d'une technicité maîtrisée, d'une inaliénable inspiration mélodique et surtout d'une production d'ensemble aux petits oignons, ce premier effort de longue durée comblera assurément le fan de la première heure tout comme l'amateur de metal symphonique gothique à chant féminin. Bref, une ogive à longue portée aux effets dévastateurs insufflée par nos acolytes...


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