Leviathan est un groupe de Black metal ambiant des États-Unis. Le nom du groupe est une référence au monstre mythique marin portant le même nom. Il fut formé en 1998 par Jeff Whitehead (Wrest) à San Francisco en Californie. Wrest est alors le seul membre du groupe et le restera tout au long de l'exisTence du groupe. Pendant les premières années d'activité, le groupe sort de nombreuses démos, puis sort enfin son premier véritable album studio en 2003, «
The Tenth Sub Level of Suicide ». Au cours de l'année suivante,
Leviathan sort un deuxième album studio, «
Tentacles of Whorror ».
Aux premiers abords et en continuité dans cet album, il se dégage beaucoup de vélocité, masquée d’une démence quasi palpable. La voix de Wrest est très torturé, et semble venir d’ailleurs, parfois presque robotique, mécanique, glaciale, omniprésente. Le point culminant provient des guitares et du clavier. En effet les riffs sont tranchants, les guitares saturées et le basse ronflante gronde pour appuyer ce qui semble être un orchestre morbide. La musique est assez riche, maîtrisée, ce qui laisse comme une impression de haine canalisée mais belle et bien décriée.
Ce qui revient assez souvent, ce sont ces changements de rythmes, sans tomber dans une construction musicale déstructurée, assenant après un blast souTenu un break, une cassure illustrée à merveille par un clavier posant des ambiances glauques et froides étonnement appuyées. De nombreuses disharmonies participent à une atmosphère décadente et putride, brumeuse même. Les rythmes sont vigoureux (« What Fresh
Hell », « Cut, With the
Night into Mine
Heart »), les mélodies changeantes, et le tout sonne comme un grognement agressif et plaintif. Le mid-tempo n’est pas non plus négligé, comme sur « Deciphering
Legend within the
Serpent's
Briar », rebondissant sur des accélérations furibondes et évitant la linéarité. Ces cassures sont nécessaires pour redonner leur pleine force aux accélérations, brisées par un clavier aux ambiances planantes, glacées, irréelles, comme si l’auditeur se voyait plongé dans un rêve malsain dont il ne pouvait pas sortir. Cet album semble effectivement être un plongeon, un abandon de soi dans des abysses de noirceur horrifiques. En effet ces ambiances se posent quand il le faut pour créer des atmosphères de pourpre et de noir à la frontière du désespoir, sans ennuyer l’auditeur, et ce n’est pas négligeable.
Une pointe thrashy montre parfois son nez (partulièrement dans cet aspect souTenue de certains rythmes) comme sur «
Requiem for a Turd World », et des relents Death de temps à autres, dans ce côté lourd de certains riffs comme sur « A Bouquet of
Blood for
Skull » ou encore « Heir to the Noose of
Ghoul ».
La violence de
Leviathan se ressent non seulement dans la haine qui se dégage de cette galette, mais aussi et surtout dans l’oppression, la lourdeur, la mélancolie, le désespoir, la perdition, tant de sentiments qui découlent d’ambiances impressionnantes. Wrest, en ce sens, est un véritable artiste, maîtrisant ce qu’il fait, et innovant, car rarement mes oreilles auront frôlées de si lugubres et sinistres sons, particulièrement sur des pistes comme « A Necessary
Mutilation », «
Blood Red and
True: Part 3 (Plummeting
Obscure) » ou encore « The History of Rape ». Les effets d’échos renforcent ce côté hypnotique, parfois même bruitiste, mais surtout glacial.
Wrest nous fait profiter de performances vocales ma foi remarquables, entre les vociférations remplies de haine, les râles plaintifs, les hurlements stridents, violents. Car effectivement de cet album se dégage une aura de violence plutôt effrayante, et chaque chanson est comme un long soupir vers l’
Omega. Les riffs se voient même frappées d’un aspect plaintif et poignant, prenant aux trippes, instrument de torture d’un voyage émotionnel riche, comme sur «
Tentacles of Whorror (Reveal the
Tyrant) ». Parfois même, un aspect guerrier et martial est présent, comme une chevauchée macabre vers la mort sur «
Requiem for a Turd World », avec des rythmes de batterie majestueux et des atmosphères suicidaires cauchemardesques sur l’incroyable « The History of Rape », mettant fin à l’album comme un long soupir agonisant, véritable blizzard de tristesse.
«
Blood Red and
True: Part 3 (Plummeting
Obscure) » témoigne d’une musique proche du
Drone ou du
Funeral Doom, quasi monolithique, avec des guitares distordues, voir des plaintes, comme extirpées des limbes florissantes d’âmes perdues.
Ce sentiment d’étouffement, de faiblesse, de profondeur dans les ambiances est comme un souffle continu. En effet «
Tentacles of Whorror » est d’une grande homogénéité, les titres s’enchaînent avec fluidité. Comme un magma sonore, un grouillement, un bouillonnement sourd, la musique de Wrest est compacte et maladive (« Mouth
Orifice Bizarre »).
Leviathan nous propose donc un univers froid, violent, sinistre, malade et glauque et donne naissance à mon goût à une oeuvre de très haute qualité.
17/20.
Triglav.
Prout.
20/20
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