Mû par un soudain élan d'inspiration, voici le combo néerlandais cofondé il y a 13 ans déjà par le batteur Ivar de Graaf (ex-
Within Temptation) et par la chanteuse Judith Rijnveld enfin revenu dans les rangs !
Pas moins de quatre années séparant cet opus de son prédécesseur, «
Arms of Morpheus », son troisième et rayonnant album full length, c'est dire que la patience de la fanbase du groupe était mise à rude épreuve. Pour le mettre en appétit, le collectif batave lui aura toutefois concocté un opulent mais discret single, «
To Turn the Tables », et ce, un an seulement avant la sortie de son quatrième effort de longue durée, «
Technicoloured Eyes ». Quels seraient alors les atouts des 11 pistes de cette auto-production pour espérer voir nos belligérants opposer une farouche résistance face à leurs si nombreux homologues stylistiques ? Ce faisant, les 49 minutes du ruban auditif de la rondelle permettront-elles à nos acolytes de se hisser parmi les valeurs confirmées de ce registre metal ?
Dans ce dessein, l'équipage du dernier single se trouve réuni au grand complet. Aussi, nos deux maîtres d'œuvre ont-ils à nouveau requis et savamment conjugué les talents de : Edo van der Kolk (feu The
Saturnine) aux guitares ; Nick Verschoor à la basse ; Maaike Peterse (guest chez
Ayreon,
Delain,
The Gathering,
The Gentle Storm) au violoncelle ; Erik van Ittersum (HDK,
Trillium, ex-Phantom
Elite) aux claviers. Avec la participation, pour l'occasion, de Valerio Recenti au chant, déjà sollicité sur l'album précédent, et de Faber
Auroch au nyckelharpa (instrument traditionnel à cordes frottées, également dénommé ''vièle à clavier'').
Resté partiellement fidèle à ses fondamentaux, le sextet nous immerge au sein d'un environnement rock'n'metal mélodico-symphonique gothique aux colorations folk, heavy et progressif ; se dessine alors un propos à la fois fringant, un brin énigmatique et empreint de délicatesse et de profondeur, dont les sources d'inspiration seraient à chercher du côté de
Lyriel,
Nemesea,
Within Temptation,
Stream Of Passion,
Autumn et
The Gathering. A l'instar de «
Arms of Morpheus », ce méfait a été mixé et mastérisé au Split Second Sound, à
Amsterdam. En découle une production d'ensemble de bonne facture, à commencer par une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut. Mais montons sans plus attendre à bord du vaisseau amiral pour une croisière que l'on espère ponctuée de quelques terres d'abondance...
A la lumière de ses passages les plus enlevés, c'est d'un battement de cils que l'inspiré collectif aspirera le pavillon du chaland. Ce que révèle, en premier lieu, « Walk with Brothers », mid/up tempo heavy mélodique aux riffs crochetés bien cadencé ; concédant un pont techniciste qui ne s'imposait pas nécessairement mais livrant de sémillantes séquences d'accords soulignées par les poignants médiums de la déesse, le méfait aurait quelques atouts pour espérer aspirer le tympan du chaland. On ne saurait davantage laisser pour compte «
Cornelia », mid tempo heavy progressif où s'harmonisent un fin toucher d'archet au violoncelle, une basse graduellement vrombissante et une interprète bien habitée, disséminant ses puissantes et rocailleuses oscillations à l'envi. Et la sauce prend, in fine. Dans cette dynamique, on pourra également opter pour «
Technicoloured Eyes », et ce, tant au regard de son atmosphère mordorée et de son refrain finement ciselé et des plus enivrants que de l'insoupçonnée et seyante montée en régime de son corps orchestral avant que ne s'amorce la chute finale.
Lorsque la cadence se fait plus mesurée, nos acolytes parviennent non moins à nous assigner à résidence. Ce à quoi nous sensibilise, d'une part, « Sky Scrape Window », mid tempo syncopé aux riffs épais, à la confluence de
Within Temptation et
Autumn ; pourvu de truculents couplets, relayés chacun d'un refrain immersif à souhait mis en exergue par les sensuelles inflexions de la sirène, et d'un flamboyant solo de guitare, le grisant propos ne se quittera qu'à regret. Dans cette énergie, on ne saurait davantage éluder l'aérien et ''gatherien'' mid tempo «
Next in Line » eu égard à un paysage de notes irisées des plus enveloppants, à une frissonnante et opportune muraille de chœurs, et à un chavirant solo de guitare à mi-morceau décoché. Difficile, enfin, de résister à l'emp
Rise des vibes enchanteresses jaillissant des entrailles de « Reveries », low/mid tempo au croisement de
Stream Of Passion et
Nemesea. Entamé et achevé par un fin picking à la guitare acoustique et quelques perles de pluie pianistiques, et recelant un entêtant refrain mis en relief par les célestes volutes de la princesse, l'enivrant manifeste pourrait bien laisser quelques traces indélébiles dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le tympan.
Quand elle retient davantage encore les chevaux, la troupe trouve sans mal les clés pour nous retenir plus que de raison. Ce qu'illustre, tout d'abord, « Paving Stones », félin et intrigant low tempo à la croisée des chemins entre
Nemesea et
Lyriel ; doté d'un fondant refrain mis en habits de soie par le magnétique vibrato de la belle et par la chatoyante empreinte oratoire de Valerio Recenti, l'apaisant mouvement poussera assurément à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée. Tout en se calant sur une mélodicité toute de fines nuances cousue, la ballade progressive « Golden
Thrones », elle, nous plonge dans une atmosphère folk ;laissant entrevoir quelques notes des plus troublantes échappées du nyckelharpa de Faber
Auroch corrélativement au virevoltant toucher d'archet de la violoncelliste, la soyeuse aubade se fait des plus pénétrantes. On ne saurait davantage esquiver « Swimming Against the Tide », ballade atmosphérique gothique un brin mystérieuse dans le sillage de
The Gathering. Cela étant, la tendre aubade n'en livre pas moins de sémillantes séries de notes ainsi qu'un inattendu et fringant solo au synthé, auquel succède un non moins vibrant solo de guitare, histoire de refermer la marche avec les honneurs. Et comment ne pas se sentir porté par l'infiltrant cheminement d'harmoniques que nous invite à suivre « Stop the
Silence » ? Investi de gammes pianistiques d'une infinie délicatesse dans lesquelles viennent se lover les larmoyantes ondulations d'un violoncelle mélancolique, et encensée par les ensorcelantes modulations de la diva, cette ballade a-rythmique d'une sensibilité à fleur de peau fera assurément plier l'échine à plus d'une âme rétive.
Mais ce serait à l'aune de sa pièce en actes symphonico-progressive que le combo batave serait au faîte de son art. Un exercice de style étrenné il y a un an à peine, à l'instar du dantesque single «
To Turn the Tables », que le groupe sublime ici sur l'épique et romanesque fresque «
Dream Beyond a
Dream ». Abondant en coups de théâtre tout en se drapant d'une radieuse rivière mélodique sur laquelle se greffent les fluides patines de l'interprète, nous gratifiant parallèlement d'un flamboyant solo de guitare, d'arpèges d'accords peu convenus, et jouissant en prime d'arrangements instrumentaux de bon aloi, l'opulente offrande n'aura pas tari d'armes effilées pour asseoir sa défense et se jouer des nôtres. Aussi, cette orgiaque et poignante offrande constituerait-elle, selon votre humble serviteur, le masterpiece de la galette.
Arrivés au terme de notre traversée, force est d'observer qu'un agréable sentiment de plénitude nous étreint, nos compères s'étant dotés d'un arsenal esthétique et technique des plus efficaces, apte à maintenir constante l'attention de leurs hôtes. Bénéficiant d'une ingénierie du son plutôt soignée, témoignant d'une signature vocale aisément identifiable et des plus poignantes, varié sur les plans rythmique et atmosphérique, n'accusant pas l'once d'un bémol harmonique et ouvrant plus largement aujourd'hui qu'hier sa palette en matière d'exercices de style, cet opus, en l'état, serait de nature à propulser l'inspiré quintet parmi les valeurs confirmées de cet espace metal. Et ce, en dépit de p
Rises de risques encore timides, de l'un ou l'autre passage techniciste qui ne s'imposait pas, de duos en nombre insuffisant et en l'absence d'instrumentaux, exercices pourtant souvent requis par un tympan déjà sensibilisé aux codes du genre. Quoi qu'il en soit, avec un quatrième mouvement chatoyant, intimiste et délicat dans son escarcelle, l'aventure se poursuit sereinement pour la formation néerlandaise...
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