Supervillain Outcast

Paroles
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
16/20
Nom du groupe Dodheimsgard
Nom de l'album Supervillain Outcast
Type Album
Date de parution 26 Mars 2007
Style MusicalBlack Electro
Membres possèdant cet album68

Tracklist

1. Dushman 00:56
2. Vendetta Assassin 04:33
3. The Snuff Dreams Are Made of 04:57
4. Horrorizon 04:03
5. Foe X Foe 04:11
6. Secret Identity 01:15
7. The Vile Delinquents 04:20
8. Unaltered Beast 04:39
9. Apocalypticism 05:04
10. Chrome Balaclava 01:41
11. Ghostforce Soul Constrictor 04:14
12. All Is Not Self 05:57
13. Supervillain Serum 04:23
14. Cellar Door 00:56
15. 21st Century Devil 05:37
Total playing time 56:46

Acheter cet album

 $9.98  11,65 €  13,99 €  £11.64  $19.10  12,99 €  15,01 €
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Dodheimsgard


Chronique @ Bakounine

16 Juin 2013

Supervillain Outcast n'a pas fait l'unanimité. Et pourtant...

Supervillain Outcast, quatrième et peut-être pas ultime (Apparemment son successeur devrait venir en fin d'année) album de Dødheimsgard fut un album enfanté tardivement et dans la douleur. En effet, prés de huit ans se sont écoulé entre la sortie d'icelui et son prédécesseur «666 International» et le line-up avait subi moult chamboulements. En effet, nombre de défections avaient eu lieu avec notamment le départ du chanteur-membre fondateur et parolier du groupe, Aldrahn parti vers d'autres lieux. La quasi-totalité des musiciens présent sur l'album précédent l'avait accompagné : le claviériste Zweizz (Fleurety), le bassiste Apollyon se concentrant sur son projet personnel du nom d'Aura Noir ainsi que le batteur Czral (Virus, Aura Noir, Ved Buens Ende) même si celui-ci malgré son départ officiel jouera sur l'album (on y reviendra) ; laissant Vicotnik seul maître à bord.

Entre temps, la scène black industrielle norvégienne avait quelque peu évolué avec notamment l'arrivée d'un éphémère obus nommé Thorns dont Aldrahn, l'ex-chanteur figurait au sein de son line-up. The Kovenant avait sorti un très médiocre S.E.T.I et quelques jeunes loups aux dents longues avaient avancé quelques pions dans l'ombre tels V28 avec ses deux premiers albums ou encore Dimension F3H, side-projet de Morpheus de Limbonic Art.

Dans la tourmente, Vicotnik ne se dégonflera pas et réussira à reconstituer tant bien que mal un line-up pour sortir cet album. Ce line-up n'était d'ailleurs vraiment pas ce qui se faisait de mieux pour rassurer les fans de l'old-Dødheimsgard incluant en tant que nouveau chanteur Kvohst, anglais quasiment inconnu à l'époque, membre de Code et Ion ainsi que du guitariste Thrawn et du bassiste Clandestine, tout deux membres du relativement confidentiel Paradigma, un groupe de doom-death, faisant ainsi de Vicotnik, le seul représentant des racines black metal norvégienne du groupe en tant qu'ex-Ved Buens Ende. Fini d'être enregistré en 2006 mais sorti en 2007 chez Moonfog comme leurs précédents opus, Supervillain Outcast n'a pas fait l'unanimité. Et pourtant...

Alors, certes ce n'est pas avec cet album que Dødheimsgard (ou DHG comme ils sont crédités en gros sur la pochette) reviendra au black metal pur jus de l'époque de «Monumental Possession» ni à plus forte raison du «Kronet til Konge» de 1995. Bien au contraire, c'est la voie moderne et barrée entre metal industriel et black metal initié sur l'Ep «Satanic Art» et réellement concrétisé sur «666 International» que les norvégiens ont continué de creuser ici. Si une preuve était nécessaire, l'artwork, œuvre du duo Trine Paulsen-Kim Sølve assez coté du côté d'Oslo («Sideshow Symphonies» d'Arcturus, «The Adversary» d'Ihsahn, quelques productions d'Ulver, presque tout les Solefald) aurait pu nous orienter. En effet, le monde verdâtre apocalyptique dans lequel il semble nous plonger irradie l'esprit urbain propre au metal industriel et la touche expérimental est également mis en exergue par les étranges et effrayants crânes-libellules présents un peu partout. On notera également l'intégration d'un code-barre dans l'artwork nous faisant penser au «Pain Necessary to Know» d'Ephel Duath, lequel était l’œuvre de Paulsen et Sølve...

Après une introduction arabisante assez étrange m'évoquant curieusement l'accompagnement du «Fais, moi du Couscous chéri» de Bob Azzam (Désolé, ça sera la seule référence variété française débile de la chronique), on rentrera dans les hostilités et les titres axés black. Et là, c'est la foudre qui va parler, dés le premier blast-beat, on sent que les norvégiens ne sont pas là pour enfiler des perles mais bien pour tout détruire sur leur passage, une batterie très en avant dans le mix, puissamment électrifiée et numérique avec un accent mis sur les coups de grosse caisse et toms contrairement à « 666 International » où ce sont les éclats de cymbales qui étaient mis en avant. Les guitares sont elles légèrement plus en retrait mais on les entend bien notamment du fait de l'aspect acerbe donné par les harmonies aiguës qu'elles développeront souvent (la palme aux trilles stridentes merveilleusement marquantes du début de « Supervillain Serum »).
Les titres sont plus homogènes et compacts qu'auparavant, tournant chacun autour des cinq minutes entrecoupés régulièrement d'interludes étranges avec des sortes de chants de chorales planants a capella (« Secret Identity », « Chrome Balaclava » et « Cellar Door »). La puissance est au rendez-vous avec souvent cette persistance du coté direct et droit au but propre au black (le couplet de « The Vile Delinquants », l'excellent refrain de « Horrorizon »,...) avec encore une fois ce blast-beat « artificiel » monstrueux de Czral, qui avait enregistré les parties de batterie avant son accident en 2005 qui lui fit perdre l'usage d'une de ses jambes l'obligeant à abandonner l'instrument pour se consacrer uniquement à la guitare et au chant par la suite. On a donc ici l'un des ultimes enregistrements durant lesquels on peut l'entendre derrière les fûts. Son jeu fera d'ailleurs merveille, varié et parvenant à instaurer une vraie puissance malgré le coté numérique de celle-ci et les effets électroniques qui l'accompagnent. Il n'est d'ailleurs pas le seul des « anciens » à être présent ici puisque le co-fondateur Aldrahn viendra poser sa voix sur deux titres dont un dont il avait écrit les paroles (« Ghostforce Soul Constrictor »).

Tous les morceaux ne sont pas dans la droite lignée du black et n'en possède ni la vitesse ni la rage, on notera notamment l'étrange « The Snuff Dreams are Made Off » faisant penser à un Fear Factory sous acide avec presque une petit coté hardcore décelable de ci, de là comme à un certain nombre de passages dans l'album ou le final « 21st Century Devil » et son refrain délicieusement catchy. Le groupe se perdra par contre un peu en route lors d'un «Foe x Foe» peu convaincant aux aspects neo vaguement écœurants avec au final un titre peu marquant, seul pétard mouillé de l'ensemble de l’œuvre. Dommage, puisqu'il arrive assez tôt dans l'album. Mais deux morceaux sont encore un peu plus à part et éloigné du black metal : En premier lieu, «Apokalypticism» très easy-listening avec son riff de basse chaloupé et dépouillé et son refrain entêtant évoquant presque Marylin Manson. Pour autant, il s'agit d'un morceau plutôt réussi avec des paroles acerbes assez jouissives. Le second, «All is Not Self» entièrement en voix claire, sorte de rock pseudo-guimauve dépressif est vraiment un excellent titre à l'esprit rappelant un chouïa Lifelover dans le genre ; un morceau planant qui ressort tout à fait à sa place dans l'ambiance post-apocalyptique qui règne ici.

Puisqu'on est dans l'ambiance de l'album, elle est vraiment intense et inquiétante, servie idéalement par une production très froide et compacte, assez folle même si un peu plus en maîtrise que sur «666 International». Le chant de Kvohst est dans la continuité de celui d'Aldrahn et on sent que l'anglais a fait l'effort de faire un chant black qui ne déparie pas de celui de son prédécesseur, celui qui n'est pas prévenu pourrait même croire que le chanteur n'a pas changé. Il se permet simplement quelques passages en voix claire ainsi que des cris hargneux et malade hurlés guère black quand on y pense... En même temps, cette voix est plus variée que ce que l'on n'a jamais vu chez Dødheimsgard, bien aidée parfois par la fée électricité mais sans surenchère d'effets de vocodage non plus. Exit par contre, le piano torturé de Zweiss qui n'a pas été remplacé si ce n'est par des dénommés Mort et Bliss chargé de la programmation. En résulte un panel de bruitages diverses et variés, des bruitages électriques classiques utilisés un peu partout tantôt accompagnant la batterie mais souvent intercalé donnant un effet de contraste et rebonds rythmiques (voir sur « Unaltered Beast » par exemple) avec une présence constante à des choses bien moins courantes (l'espèce de flûte arabisante bizarre sur «The Snuff Dreams are made off»). Le résultat est une sorte d'océan artificiel de sonorités nous emmenant vers des contrées inexplorées (et qui en mon sens le sont encore...)

Au final, que retenir de ce « Supervillain Outcast » qui a perturbé nombre d'auditeurs de Dødheimsgard et a perdu en route certains qui accrochaient encore à « 666 International » et définitivement écarté les fanatiques de l'époque où le groupe faisait partie intégrante de la deuxième vague du black metal norvégien classique. Plus homogène, maîtrisé et compact que le « 666 International », il en a perdu en contrepartie un peu de la folie mais il n'en demeure pas une œuvre puissante, fondamentalement industrielle et avant-gardiste. Dødheimsgard pousse encore plus loin avec cet album son parcours tout sauf linéaire au sein de la scène extrême. En conservant une partie de son background black et sa folie naturelle (du moins depuis « Satanic Art ») et en saupoudrant joyeusement des influences industrielles et électroniques plus marquées que jamais, Vicotnik et consorts ont sorti un album de black industriel expérimental qui résonne encore aujourd'hui comme une pièce maîtresse du genre.
Gnaw Their Tongues a pour lui son coté ambiant et maléfique, Iperyt sa violence et sa puissance, T3chn0ph0b1a avait ce coté catchy comme l'avait avant eux Thyrane. Mais aucun n'a su ne serait-ce qu'approcher le degré de folie maîtrisée qu'a su créer Dødheimsgard sur cet album. Que nous réserve la suite ? On devrait le savoir d'ici la fin de l'année puisque Vicotnik a annoncé qu'il voulait sortir deux albums en deux ans. En tout cas, il ne faudra certainement pas s'attendre à une redite de cet album, en effet, le parcours de Dødheimsgard a toujours montré qu'ils ne faisaient jamais deux fois la même chose et c'est avec curiosité qu'il faudra observer leur évolution...


0 Commentaire

5 J'aime

Partager
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire