A Umbra Omega

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17/20
Nom du groupe Dodheimsgard
Nom de l'album A Umbra Omega
Type Album
Date de parution 16 Mars 2015
Style MusicalBlack Electro
Membres possèdant cet album46

Tracklist

1.
 The Love Divine
 01:03
2.
 Aphelion Void
 15:14
3.
 God Protocol Axiom
 13:13
4.
 The Unlocking
 11:21
5.
 Architect of Darkness
 11:59
6.
 Blue Moon Duel
 14:20

Durée totale : 01:07:10

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Dodheimsgard


Chronique @ Icare

21 Mars 2015

Un puzzle musical minutieux à assembler pièce par pièce,un magma sonore expérimental et ambitieux

Putain, huit ans! Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on l’aura attendu le nouvel album de Dodheimsgard ! Il avait déjà fallu attendre huit ans entre 666 International et Supervillain Outcast, deux albums révolutionnaires qui avaient indiscutablement imposé le groupe d’Oslo comme l’un des fers de lance du black avant-gardiste à tendance indus et expérimentale, après deux albums bien plus dépouillés et directs s’inscrivant dans la tendance du black norvégien, et voilà que la bande à Vicotnik nous refait le coup ! Huit longues années entre Supervillain Outcast et ce A Umbra Omega donc, qui sort sur Peaceville et nous confirme, s’il en était encore besoin, que DHG est un groupe définitivement unique.


Après une courte intro, Aphelion Void débute par un enchaînement de riffs ultra rapides, complexes et tordus appuyés par un blast mécanique et complètement déshumanisé, qui montre tout de suite que, même s’il est définitivement progressif et expérimental, DHG conserve toujours un aspect black metal glacial et mordant. Les guitares sont affreusement compressées et dissonantes, les vocaux d’Aldrahn, qui effectue ici son grand retour, sont déclamatoires et terrifiants, et cette première minute est furieusement intense. Ceci dit, la violence va bientôt se fondre en quelque chose de plus insidieux, avec ce piano brumeux et énigmatique et ces cuivres perchés, les Norvégiens malmenant nos sens dans un long passage musical mené par une basse très présente, quelques arpèges malsains et d’inquiétantes notes de piano par-dessus lesquels les hurlements complètement déments du chanteur viennent nous hérisser les poils, un peu comme le crissement d’une craie sur un tableau noir (dès 4,12 minutes) : la musique de DHG est plus dérangée que jamais, totalement schizophrène et maladive avec cette noirceur indus et vomitive qui couve même dans les passages les plus calmes.

Les pistes sont longues, très longues (trop longues ?), oscillant entre 11, 21 et 15,14 minutes, difficiles à suivre de bout en bout, empruntant les méandres tortueux d’un esprit aliéné aux personnalités multiples et éclatées, et s’égarant dans de nombreux changements de rythmes et d’humeur explorant chacun une facette différente de la noirceur, entre souffrance, colère, mélancolie, solitude, tristesse ou folie.
D’une manière générale, les guitares nous cueillent d’entrée, nous entraînant directement dans un tourbillon black extrême et bruitiste où les grattes sifflent comme mille essaims purulents ( Aphelion Void, God Protocol Axiom, The Unlocking, aux riffs particulièrement déstructurés et grinçants), et la batterie annihile toute forme de vie, après quoi les musiciens noient leur fureur dans de longs passages instrumentaux faussement calmes, sorte d’anesthésie morbide suintant l’angoisse et la dépression, masquant de leurs accords de piano et leurs arpèges de guitare les rêves brisés et l’aliénation mentale qui guettent tapis dans chaque recoin sombre de nos cerveaux malades.

Ainsi, passages jazzy et chauds, parties ambiant énigmatiques, divagations musicales suivant le fil d’une basse particulièrement mise en avant, tout se fond en un magma sonore expérimental et ambitieux, supervisé par le génial et psychotique Aldrahn aux vocaux incroyablement diversifiés, expressifs et truffés d‘effets. Si les morceaux déroulent des ambiances multiples et parfois presque contradictoires au sein d’un même titre (on peut penser à Wealldielaughing dans certaines parties particulièrement mélancoliques et désespérées résonnant comme la BO improbable d’un vieux film fantastique, à Hail Spirit Noir pour le côté bruitiste et expérimental toujours mâtiné de mélodies à couper le souffle, voire à une sorte de Pinkfloyd sous acides particulièrement sombre et malsain avec ces cuivres et ces longs passages progressifs hallucinés ; d’ailleurs, cette pochette ne vous rappelle rien ?), le côté glacial et synthétique qui caractérise la musique du combo depuis 666 International est prédominant, nous agressant les synapses en douceur sur God Protocol Axiom, avec ce rythme complètement haché et déstructuré, ces vocaux désaxés semblant droit sortis du gosier d’un dément en pleine crise, ces arpèges lugubres, et ces pianos désaccordés et effrayants, envoyant une pléiades de notes brisées, mi mélodiques mi dissonantes, qui nous maintiennent dans un état second entre béatitude et angoisse.

Au rayon des défauts, pas grand-chose à relever, bien sûr, si vous voulez du black traditionnel et que vous n’aimez pas l’expérimentation, DHG n’est pas fait pour vous, et effectivement, on peut trouver quelques longueurs ici et là, et déplorer un style trop éclaté et difficile à suivre, question de goût.
Les fans de la première heure regretteront aussi que les parties black soient extrêmement minoritaires, nous servant des riffs assez similaires dans leur tonalité et leur distorsion, enfin, certains seront probablement décontenancés par la prestation d’Aldrahn aux éructations tant impressionnantes qu’irritantes, et qui ne peuvent définitivement pas laisser indifférent. Ceci dit, les 67 minutes qui composent ce full length forment un tout cohérent auquel chacun de ses éléments contribue de manière indispensable, un peu comme un puzzle musical minutieux à assembler pièce par pièce, les vocaux étant certainement l’une des clés de voûte de l’édifice sonore.


Vous l’aurez compris, A Umbra Omega est une oeuvre complexe et ambitieuse qui nous malmène sans pitié et nous entraîne sur des terres dévastées au fil des névroses des musiciens. Ce voyage au cœur de la folie demande un réel investissement de la part de l’auditeur, et ne se décante qu’après de longues écoutes attentives, révélant ses vapeurs nocives et sa beauté vénéneuse aux plus aguerris d’entre nous. Un album qui divisera à coup sûr, sonnant comme un chef d’œuvre absolu pour les uns, une bouillie sonore inaudible pour d’autres, et qui reste en l’état un bloc brut et monolithique de musique magistrale qui ne se laisse pas facilement apprivoiser.
A réserver aux plus dérangés uniquement, et à consommer uniquement sous prescription médicale.

3 Commentaires

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Ad_Astra - 22 Mars 2015: Chro sympa. Depuis le temps que je l'attendais celui-ci. Des frissons des que la guitare s'active un peu, l'ambiance toujours aussi prenante, fan depuis monumental (ouch ça commence à dater), c'est toujours le pied total.
Fyrnael - 10 Juillet 2018:

Merci pour cette chro! Ca m'a donné envie de rejeter un oeil sur ce groupe que j'ai découvert au Hellfest 2016 ou 2017 je sais plus et qui m'avais laissé un souvenir mitigé. J'avais adoré la prestation mais je n'étais pas complètement rentré dans leur délire. Mais vu ce que tu en dis, il va quand même faloir que je creuse!

Edit: Je viens d'écouter l'album, il est monstrueux! Ta chronique le décrit parfaitement. Et paradoxalement, pour un album complètement halluciné, je le trouve relativement facile d'accès, peut-être cette production particulièrement léchée, ces accélérations et descentes de manche malsaines si judicieusement placées, ou ce talent indéniable pour la mélodie mélancolique. Et pourtant je ne suis habituellement pas très friant des expérimentations trop barrées! Un disque qui va bientôt finir dans ma disco =)

Atmosfear - 11 Octobre 2018:

Un album plus facile à apprivoiser que prévu, et plein de surprises (dont de beaux passages mélodiques au milieu d'un chaos extrêmement organisé, et notamment de très belles lignes de basse, souvent sacrifiées dans d'autres albums de Black Metal et de Metal tout court...), avec un chant captivant, entre théâtralité, souffrance et joyeuse malice, et une instrumentation plus riche qu'il n'y paraît, aux multiples influencés, bien digérées, de beaux passages acoustiques, ambient ou atonaux, pour un style définitivement aussi progressif & avant-gardiste qu'il est extrême...(par moments il me rappelle le style de SLEEPYTIME GORILLA MUSEUM, un groupe difficile à classer également). Je ne sais pas pourquoi mais j'adhère complètement et plus je l'écoute, plus j"y trouve une rermarquable cohérence, Je suis donc tenté de dire "attention, chef d'oeuvre !" 18/20

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