L’association entre Rick
Rozz et Chuck Schuldiner n’a été que de courte durée, faute au caractère entier des deux personnages. Viré de Death,
Rozz rejoint ainsi
Kam Lee pour redonner vie à
Massacre, tandis que
James Murphy le remplace au pied levé, participant alors à l’écriture de quelques morceaux avec Terry Butler, bien que l’immense majorité des compositions revienne encore à Chuck, le leader incontesté. Fin prêt, le quatuor retourne aux Morrisound Studios fin 1989 pour les sessions de
Spiritual Healing, en compagnie de Scott Burns, devenu désormais incontournable depuis ses enregistrements d’
Obituary,
Sepultura et
Terrorizer.
Alors que les ténors du deathmetal au début des nineties comme
Deicide ou
Entombed n’ont pas encore sorti leur premier album, Death aligne déjà son troisième effort, commercialisé en mars 1990 pour le compte de la célèbre écurie Combat. Mais l’avance continuelle du groupe floridien ne s’arrête pas là, puisqu’à l’inverse des groupes nageant encore dans une imagerie morbide, gore ou satanique, Death aborde déjà divers sujets de société comme la drogue, l’avortement ou le télé évangélisme états-unien, commandant dès lors une pochette plus sobre au grand Edouard Repka, qui conserve impeccablement une douce cruauté dans sa nouvelle illustration.
Côté musique, Death marque également le pas, adoucissant nettement son style, subissant alors la critique de quelques confrères intolérants taxant le groupe d’un certain opportunisme.
Spiritual Healing garde en effet une approche deathmetal caractérisque mais élimine en contrepartie les passages tapageurs, délivrant des morceaux plus aérés sur un rythme résolument middle tempo, permettant la mise en place de duels de guitares mémorables entre Schuldiner et Murphy, l’une des grande réussite de l’album. En outre, maintenant un chant guttural, Chuck module incroyablement sa voix, désormais beaucoup plus compréhensible et abordable.
Les huit titres de
Spiritual Healing possèdent ainsi un sacré équilibre et dégagent une atmosphère magnifique, transcendés par l’excellence des interprètes. Le couple basse batterie de Butler & Andrews est parfaitement calé, supportant les jeux de guitares fluides de Schuldiner et Murphy, qui rivalisent alors d’ingéniosité pour apporter une couleur, un relief et une épaisseur exceptionnelles à l’ensemble. Ainsi, les classiques s’enchainent à l’image de Living
Monstrosity et ses riffs entrainants,
Killing Spree et ses soli hallucinants,
Spiritual Healing et son break somptueux, ou encore Within The Mind et son final époustouflant.
Conservant l’agressivité et le son caractéristiques de Death,
Spiritual Healing offre en revanche un deathmetal limpide et plus posé, d’une musicalité et d'une sobriété remarquables, divinement mis en valeur par la production soignée du grand Scott Burns. En ce début d’année 1990, le groupe floridien survole une fois encore la scène deathmetal grâce à son inspiration et sa technique lui permettant de se renouveler sans aucun problème, maintenant immuablement cette longueur d’avance sur ses concurrents et confirmant dès lors sa suprématie parmi les leaders incontestés du style. Du grand art !
Fabien.
Pour ma part, j'aime beaucoup ce disque, acheté puis égaré ou revendu/échangé malencontreusement à l'époque. En dessous de son intouchable prédécesseur bien sûr. Mais quelle musicalité, quelle richesse, quel talent !!!
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