Mission ô combien délicate que de tenter de chroniquer un groupe que l’on adule.
Faith No More s’est séparé en 1998 après la sortie de «
Album of the Year ». En 2009, il se reforme et donne une série de concerts dans le monde entier. Les années qui suivent, FNM participe à de nombreux festivals jusqu’à vouloir composer de nouveau pour varier les set-lists. C’est ainsi qu’au printemps 2015,
Sol Invictus, septième album de la formation de San Francisco voit le jour, dix-huit ans après leur dernier effort.
Faith No More, c’est un chanteur,
Mike Patton, à la carrière longue comme le bras, arrivé pour l’album
The Real Thing en 1989. Il est aussi membre de nombreux groupes influents tels que Mr. Bungle,
Tomahawk ou encore Fantômas. « Mondo Cane » sorti en 2010, qui reprend des thèmes de la pop italienne des années 1950 et 1960, vaut le détour tant sa prestation est de haute volée. FNM c’est une assise rythmique composée de Mike Bordin (batterie) et Billy Gould (basse) que peu de groupes peuvent se vanter d’avoir. Roddy Bottum (claviers) et Jon Hudson (arrivé à la six cordes pour «
Album of the Year » en 1997) assurent les mélodies. Bref
Faith No More, ce sont cinq musiciens aux bagages techniques exceptionnels.
Comme je me plais souvent à le répéter : FNM n’est pas un groupe de musique, c’est le groupe de toutes les musiques et styles. Qui d’autre est capable, dans un album, de proposer du disco, du metal, du funk, du rock, du rap ou encore de la pop ? La folie créatrice de Patton.
Depuis le début de leur carrière, ils nous ont proposé des merveilles à la pelle :
We Care a Lot;
From Out of Nowhere; Surprise! You’re
Dead!;
Land of Sunshine;
Midlife Crisis;
Evidence; Cuckoo for Caca; Diggig the Grave; Just a Man;
Stripsearch;
Ashes to Ashes;
Pristina… La liste est longue. Avec les morceaux énoncés précédemment vous pouvez vous concocter un “Best of” plus que dantesque. Et c’est là où le bât blesse dans
Sol Invictus, hormis
Motherfucker et éventuellement «
Superhero » et Black Friday, aucun des autres titres proposés ne pourrait figurer sur un « Best of » de cette qualité.
Soyons bien d’accord,
Sol Invictus n’est pas un mauvais album. Cependant, au vu de la qualité de leur carrière et de la longue période entre lui et son prédécesseur, cet album est un peu décevant. Si ce n’est
Motherfucker, et son entêtant refrain Good Bye
Motherfucker, on ne se surprend pas vraiment à chantonner en dehors des écoutes de cet album. Aucune chanson ne sort réellement du lot.
Tout au long de l’album, Rody Bottum ne joue que du piano alors qu’il nous gratifiait auparavant d’un jeu de clavier bien plus synthétique comme sur
From Out of Nowhere ou
Stripsearch par exemple. Les lignes de basses sortent parfaitement à l’écoute de cet opus et nous montre une fois de plus, pour ceux qui en douteraient encore, à quel point Billy Gould est un bassiste d’exception. Seule la guitare paraît en retrait et semble être légèrement sous mixée par rapport au reste des instruments.
Globalement l’album ne présente pas de chansons très rapides hormis
Superhero où les « Go » de Patton semblent être taillés pour la scène, et Separation
Anxiety, Jon Hudson y réalisant un très bon solo, la voix de
Mike Patton étant rugueuse et Bordin y martelant ses fûts.
Sol Invictus et
Motherfucker sont deux chansons particulièrement lentes. Le morceau éponyme, situé en début d’album est une parfaite introduction à
Superhero évoqué plus haut avec un chant sombre et froid de Patton, une guitare atmosphérique et un piano discret.
Motherfucker quant à elle, ne repose uniquement que sur la voix de Patton. Mike Bordin ne se sert presque que de sa caisse claire, charleston et grosse caisse sont utilisés avec parcimonie. Une chanson qui semble banale aux premières écoutes mais qui s’avère finalement bien plus consistante.
L’opus navigue entre bonnes chansons (Rise Of The
Fall qui fait penser à Mr. Bungle en moins barré avec des notes de piano jouées à contre temps sur le refrain,
Sunny Side Up, où le chant nasillard de Patton renvoie aux belles heures de
The Real Thing, avec un refrain énergique, un break piano/guitare bien exécuté, Mike Bordin se permettant même de terminer la chanson à la double pédale, ou Black Friday, avec cette excellente paire basse/batterie) et chansons moins inspirées (
Cone of Shame ou Matador, cette dernière, nous faisant uniquement lever un sourcil pour son refrain qui monte progressivement jusqu’au Like A Matador vociféré par Patton.
From
The Dead clôture ce
Sol Invictus. Jouée à la guitare sèche et présentant de nombreuses sonorités « pop » (chœur, tambourin à cymbalettes), elle figure dans la parfaite lignée des
Pristina, Just A Man ou autre
Edge of the World situées en dernières pistes de leurs albums respectifs. Le Welcome
Home My Friend prononcé par Patton sonne comme une invitation à replonger dans leur univers.
Dix-huit ans après
Album of the Year,
Faith No More est de retour avec ce
Sol Invictus. S’il n’atteint pas les sommets de composition d’un
Angel Dust ou d’un
King For A Day… Fool For A
Lifetime, la patte
Faith No More est tout de même bien présente. L’album est court (40 minutes) et est très aéré, trop aéré même, si bien qu’aux premiers passages du CD dans le lecteur, les chansons ont tendance à toutes se ressembler. Compliqué à appréhender donc. Cependant, comment ne pas être enjoué à l’idée de la reformation et du nouvel album proposé par ces artistes hors du commun?
Faith No More is back… Et ils nous avaient manqués !
Concernant Bottum, et son piano, je pense qu'après tout ce temps, et tous ces claviers déja vu et revus (même dans d'autres groupes depuis), il s'impose comme l'instrument mature, qui apporte une réelle nouveautée dans son jeu.
Cela lui fait même gagner en profondeur et en présence.
Concernant les chansons "moins inspirées", je ne partage pas ton avis sur cone of shame, qui est pour moi un des meilleurs titres de l'album (l'ambiance et l'évolution de la chanson est dantesque). Maintenant les goûts et les couleurs...
Matador est une vrai pépite, truffée de tout ce qui fait FNM, ainsi que de ces nappes de synthés dont tu énonçais le manque.
Par rapport à From the dead, elle s'inscrit plutôt dans une lignée Bunglesque que dans les titres de fin habituels...
Ah oui, et Bordin n'a pas de double pédale, cf Cuckoo for caca ;)
Voila, pas d'accord, mais ta critique n'en est pas pour autant mauvaise, tu souligne les qualités rythmique de Gould/Bordin avec brio.
Ton anamyse sur la durée est correcte, même si je trouve que trop long on décroche, perso, cela ne m'a pas choqué.
Peace l'ami
Alors Bottum et son piano, je n'ai jamais dis que je n'aimais pas, bien au contraire. Je souligne uniquement le fait que les sons plus "synthétiques" ont disparus de son jeu.
Matador m'as beaucoup emballée au début des écoutes puis au fur à mesure je l'ai trouvé moins accrocheuse.
Comme tu le souligne, les goûts et les couleurs ;).
Et bien si ce que j'entends n'est pas joué à la double par Bordin, je peux te dire qu'il m'impressionne encore davantage!!
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