La victoire écrasante du néo-metal (
Limp Bizkit,
Linkin Park, P.O.D. ou
Adema pour se restreindre à seulement quelques groupes) face à l'inactivité et à la faiblesse historique du mouvement de Seattle aura malheureusement contribué à décimer les dernières formations grunge de la planète à l'aube de la dernière décennie. Un match assez inégal et prémédité puisque cette scène crasseuse avait déjà bien souffert depuis le décès de
Kurt Cobain en
1994 et d'autant plus lors de la seconde moitié/fin des 90's. Finie l'époque des garages mal entretenus et délabrés, des cheveux gras et pouilleux, des chemises à carreaux et de la distorsion à outrance, non, les envahisseurs ont changé de look, se métamorphosant en de grands gaillards tatoués qui n'ont de cesse d'attendre les Canadiens de
Nickelback à la sortie de leur ranch pensant leur flanquer une ultime raclée. Mais ce ne sera pas une mince à faire que de se séparer de ce combo à la réputation naissante, car "
Silver Side Up" est en fait bien plus solide que ce qu'il n'y paraît.
En dehors du contexte très particulier (les attentats du 11 septembre) auquel l'Amérique ne s'attendait probablement pas à connaître un jour tant l'épisode reste dramatique à bien des égards, la sortie de cet opus continue de marquer parce que "
Silver Side Up" fait partie de ces derniers rejetons grunge que le public retiendra des années 00'. Le succès ainsi nommé reste bien évidemment fidèle à leurs précédentes œuvres, et servira de modèle, de référence à la future scène post-grunge Canadienne qui ne se déploiera véritablement que d'ici quelques années avec
Theory Of A Deadman,
Default (Chad Kroeger ayant par ailleurs soutenu leur premier album) ou encore Thornley. En soutien à cette fine équipe, le maître incontesté des grands noms du grunge, à savoir le célèbre producteur Rick Parashar (
Temple of the Dog,
Pearl Jam,
Alice In Chains...) et le mixeur
Randy Staub au passé discographique riche et glorieux (
Metallica, Mötley Crüe).
Dans la suite logique de "
The State" oui, mais pourquoi ? Des éléments stoner fourmillent et se faufilent discrètement sur le crade "Hollywood" et là encore, la progression du morceau est hypnotique, répétitive, et le petit solo hard-rock éclairant est bien caractéristique. Le riff d'entrée de "Where Do I
Hide" est lui aussi, très évocateur de la tendance générale prise par le titre et tous deux doivent sans doute avoir été influencé par la
Palm Desert Scene (
Kyuss, les
Queens Of The Stone Age...). Puis, sublime conclusion qui donne envie de s'aventurer en terrain country rock avec la pièce "Good Times Gone" dont l'ingéniosité tient essentiellement de la guitare résonnante et sur-présente de
Ian Thornley, futur petit protégé de Chad Kroeger.
Sur ce,
Nickelback vient de créer le tube indémodable de sa carrière ("
How You Remind Me"). Un pur moment de bonheur grunge orchestré par un vocaliste empli d'identité, des riffs solides, des breaks agressifs, quelques backing vocals restant ancrés dans la mémoire et un Ryan Vikedal nous dévoilant de plus en plus son jeu de batteur (assez orienté grunge old-school cependant, avec un son assez proche de "
Too Bad"). Bref, une oeuvre culte des années 2000 comme l'a également été "Blurry" de
Puddle Of Mudd sur le bon "Come Clean". Concernant les lyrics, certains sont assez sombres et intimistes comme nous le prouve "
Too Bad" se rapportant à l'enfance difficile vécue par Chad Kroeger lorsque son père l'a abandonné à l'âge de deux ans ou bien "
Never Again" à propos de la violence domestique (ce qui explique peut-être l'agressivité générale du morceau).
Et arrivé à la moitié du disque, un sentiment de profonde nostalgie nous traverse l'esprit. Une émotion d'autant plus renforcée que "Just For" était pour de nombreux auditeurs, le coup de foudre de "
Curb" - premier opus de la saga grunge délivrée par les Canadiens de
Nickelback. En version évidemment plus clean il faut s'en douter, mais toute aussi touchante : un choix judicieux de l'avoir ré-enregistrer, cinq ans après sa sortie. Roadrunner Records peut donc se targuer d'avoir signé avec le quatuor, celui-ci s'améliorant constamment au fil des albums, avec des mélodies à fort cachet ("Woke Up This
Morning" et ses effets wah-wah ou "Just For" justement) et une efficacité toujours plus renforcée.
"
Silver Side Up" est l'occasion de faire un point sur l'ère grunge d'avant les années 2000 et même plus, il constitue une référence, un tournant pour le groupe et la scène post-grunge Canadienne. Ce troisième opus sera donc celui du combat sanglant contre les fiers garnements du néo et de la résistance du Seattle Sound menée par les papys grungers en voie d'extinction.
Mais le reste, j'ai pas plus aimer que ça... Quand j'étais plus jeune, j'adorais ce groupe, mais là, il passe de plus en plus difficilement, surtout après le dernier album....
Je trouve ce "Silver Side Up" très simple musicalement, mais il possède un groove ultra carré, une production énorme, et un chanteur au timbre de voix idéal pour ce genre de style, comme en atteste le second single "Too Bad".
Les titres "Never Again" et "Money Bought" sont pour moi les plus efficace de l'album. On retrouve aussi un Nickelback version Stoner/Rock sur le très réussi "Woke Up This Morning", un titre qui vaut vraiment le détour à l'image du très Grunge "Just For" qui me rappelle énormément Nirvana sans pour autant faire du copier/coller.
Un album qui au final manque juste un peu de piment et de saveur, mais pour le reste c'est du très bon!
Note: 16/20
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