Mises aux Poings, troisième album des Basques de
Killers, apparaissait indiscutablement comme un album de transition, né de la fracture définitive entre nombre de ses membres et un Bruno Dolheguy désappointé. Résistances, quant à lui, constitue assurément celui de la résurrection, ou plus exactement de la véritable naissance artistique du groupe.
Après un bref préambule introductif, ce
Vengeance où le groupe s’emploie à développer un ressentiment exalté sur des rythmes effrénés, démontre l’étendue d’un talent qui ne fut jusqu’alors qu’une croyance et qui, dès lors, devient une révélation. Notons immédiatement que la production, défaut récurrent des œuvres de Bruno Dolheguy et des siens, est ici d’une précision et d’une lisibilité exemplaires, et ce, même si elle aurait mérité davantage d’attention et ce afin d’afficher un semblant de puissance supplémentaire. Sans cette application, le résultat offre à ce Résistance un ensemble sinon fragile tout au moins manquant d’un peu d’intensité, le privant, de ce fait, d’un surcroît de relief qui aurait été parfait.
Si
Vengeance excelle, il n’est pas orphelin et Rêves Secret, Métamorphose ou encore, par exemple, l’admirable Clandestinité, dont le break apaisé aux mots narrés précède une reprise redoutable d’efficacité, sont des titres remarquables. L’ensemble de ces pistes ainsi que d’autres encore telles que le plus classiquement Heavy Prisonnier, par exemple, sont composées de manière très intelligentes et pourvues de suffisamment de variations mélodiques, notamment au niveau des refrains, pour ne pas engendrer de la lassitude.
Les vertus démontrées par Bruno Dolheguy pour l’écriture de textes fins et d’une poésie désabusée, sont ici encore de rigueur. Alors que bien trop souvent ses congénères se sont satisfaits à nous conter des épopées historiques imagées, fantasmées ou non, ou encore de la prose absconse, mais aussi des contes sociaux dénonçant vainement une époque, l’auteur s’appliquera à produire des écrits étonnamment subtils. Bien évidemment, il ne s’agit pas d’affirmer que seul Bruno Dolheguy parvint formidablement à jeter des idées sur le papier, mais qu’il fut, et reste, un de ceux dont la plume est d’une exceptionnelle adresse, d’une exceptionnelle poésie et donc, d’un exceptionnel intérêt. Pour s’en convaincre, il suffit de lire les paroles de titres tels que
Vengeance, Prisonnier, Rêves
Secrets, ou encore, par exemple, Métamorphose.
Concernant les imperfections de cette œuvre, évoquons le chant de Serge Pujos dont, de manière récurrente, la voix sans grandes nuances et presque sans variation aucune induit une certaine linéarité accentuée par celle de cette production quelque peu insuffisante. Pourtant, ce défaut n’est pas de nature suffisante à occulter les qualités de ce disque.
Pas davantage que ces titres au propos moins sérieux que constituent Roi du Speed et Longue Vie au Métal. Si, personnellement, je ne suis pas un fervent défenseur de ce genre de facétie festive, il faut reconnaitre qu’elles n’altèrent en rien le plaisir né de ce Résistances. Et ce d’autant plus qu’au niveau du premier de ces deux morceaux seul le texte, dépeignant l’amour immodéré du héros pour sa moto, est moins concerné et captivant, la musique restant séduisante. Alors que concernant le second, rédaction et mélodie décontractée et pesante, aux relents
Hard Rock, est à oublier. Un titre pas totalement désagréable, mais fortement dispensable.
Ce Résistances constitue donc une œuvre séduisante à bien des égards. Sous l’égide d’un Bruno Dolheguy, aux mots délicieux, il défend une musique principalement Heavy Speed
Metal suffisamment maîtrisée, suffisamment nuancée et suffisamment captivante pour satisfaire pleinement les amateurs du genre.
Même si sur ce nouvel album Serge Pujos chante de manière moins brouillonne que sur "Mise Aux Poings" (1987), c'est pas pour autant que j'ai réussi à apprécier sa voix.Au contraire, je persiste à penser que "Mise Aux Poings" et "Resistances" (qui musicalement sont bons) auraient été meilleurs avec un autre chanteur.
Tu as peut-être raison. J'ai sans doute du mal à être objectif avec ce disque puisque ça a été mon premier Killers...Je lui porte une affection toute particulière...
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