Me voilà le plus embarrassé des hommes face à ce
Baiser de la
Mort, nouvelle œuvre des basques de
Killers emmenés, plus que jamais, par un Bruno Dolheguy tenant toujours encore indéfectiblement, et fermement, la barre. Me voilà le plus incertain des amants devant celle que je voudrais tant aimer mais que je peine à désirer. Non pas que le sourire aguicheur de la belle me laisse indifférent paré de ce Heavy Speed
Metal rageur aux couleurs Trashy qu'elle arbore si bien. Ses discours toujours encore empreints de cette désillusion contemporaine, en une sorte de poésie moderne, ne sont pas davantage de nature à me déplaire.
Pas plus d'ailleurs que cet éclair espiègle qui hante son œil et qu'on peut voir uniquement traversé le regard de celles qui ne doivent rien à personne. Mais quoi alors? Son pas mal assuré pardi. Ou plutôt son pas trop bien assuré sur les rythmes artificielles et synthétiques de cette machine martelant immuablement ses temps sur les mesures imaginées par le maitre d'œuvre de ce manifeste.
Il y a en effet dans l'usage de cette boite à rythme, mécanique programmée et invariable, quelque chose qui, personnellement me gêne profondément. Quelque chose qui est sans doute de l'ordre de l'irrationnel et qui, fort heureusement, n'est pas partagé par tous, mais ce manque d'imperfections, celles-là mêmes qui rendent attachantes et humaines les œuvres, et qui offre à chaque cymbale, tom ou note de caisse claire une teinte qu'une machine, aussi parfaite fut elle, ne parviendra pas forcément à restituer, me perturbe. Bien évidemment cet aspect un peu trop inorganique se manifeste essentiellement lorsque la machine est seule et moins lorsqu'elle se fond dans le décor dessiné par un riff de guitare âpre ou par celui d'un couplet ardent que la voix délicieusement rugueuse de Bruno éructe. Un trouble m'étreindra donc au démarrage de ce "Folie Défoule" aux descentes de toms trop aseptisées. Ou encore en se penchant d'un peu trop prêt sur ces kicks de grosses caisses dont aucun ne ressemblera plus au suivant que celui qui le précède.
Au-delà de ces considérations qui, je le reconnais volontiers, seront très, mais alors très, personnelles, ce nouvel opus aura, tout de même, quelques beaux atouts à faire valoir. Comme, par exemple, cette première piste, "Bon Gré, Mal Gré", à l'introduction particulièrement bien construite et aux refrains particulièrement solides avec ces voix gutturales graves extrêmes, comme ce "
Le Baiser de la Mort", instrumental aux accélérations fulgurantes, comme ce "Aimer" particulièrement vif où le groupe s'amuse à échafauder son morceau sur les airs de la marche Turque de Mozart avant de bifurquer vers d'autres lieux, comme ce "Etorkizun Bidea" au démarrage très candide bientôt relevé par volutes embrasées Thrash Punk du plus bel effet ou comme ce "L'Ordre des Choses" très prompt et très séduisant.
Sans doute pas le plus essentiel, ni même le plus incontournable, de la, très longue, carrière de l'un des groupes hexagonal les plus emblématiques ce
Baiser de la
Mort n'en demeure pas moins solide et intéressant pour autant. Pour peu que l'absence d'un véritable batteur jouant sur une véritable batterie ne vous dérange guère...
Toujours est-il que pour moi, cet album est excellent. Le meilleur depuis Mauvaise graine, même si beaucoup d'autres sont très bons.
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