Lorsque nous nous interrogeons sur une carrière aussi longue que celle des Basques de
Killers, certaines questions reviennent incessamment hanter nos esprits critiques. Comment, en effet, ne pas succomber à certains doutes qui, irrémédiablement, viendront assaillir nos convictions. Le groupe a-t-il encore suffisamment de ressource créative pour surprendre un auditoire tout acquis à sa cause? Peut-il encore exalté une foule avide d'assauts âpres mais surtout nouveaux? Son inspiration et son imagination ne sont-elles pas quelques peu taries?
Si ces interrogations sont évidemment légitimes au vu et au su d'une longévité artistique exemplaire, elles le seront bien davantage encore lorsqu'on se souviendra que le groupe, depuis quelques années, aura finalement peu changé la teneur de son expression artistique, s'enfonçant ainsi, album après albums, dans un certain conservatisme dans lequel, certes, il excelle mais qui n'est, à dire vrai, d'un point de vue créatif, pas nécessairement captivant.
Killers souffre de n'être que
Killers, en quelques sortes.
Bien évidemment ce
Habemus Metal, dixième album offert par ces basques, ne dérogent à aucune des règles que le groupe a lui-même instauré. Foncièrement Heavy Speed, foncièrement Thrash, foncièrement agressifs, foncièrement empreint de cette poésie amère pleine de désillusion superbement écrite par un remarquable Bruno Dolheguy, foncièrement emplie de cette hargneuse détermination traduite, notamment, dans la voix écorchés de son chanteur mais aussi dans certains de ces riffs rugueux, et, au final, foncièrement attachant, cet album demeure pourtant déconcertant. Déconcertant parce qu'il ne nous offre, à vrai dire, que l'expression minimum de nos attentes à l'égard d'un
Killers pourtant talentueux.
Killers est une exception culturelle. Une de celle dont on ne peut que s'enorgueillir et ce même si son travail n'est pas toujours enthousiasmant. Cet injuste apriori dont est victime le groupe ne pourra cependant pas, objectivement, travestir les défauts majeurs d'une œuvre bien trop familière. Et exception faites d'une noirceur et d'une pugnacité quelques peu accrue, l'ensemble de ce disque se contente, incontestablement, de nous donner à entendre une musique certes plaisante mais académique. En ces lieux douloureusement ordinaires, seul des titres tels que Le Côté Sombre et son break acoustique séduisant, Mal aux ambiances lourdes et tourmentés, HM 2002 au propos Heavy
Metal plus traditionnel et le superbe, et sombre, Bienvenue en enfer, viendront donc nous éveiller d'une torpeur délicieuse et consternante toute à la fois. Car, aussi paradoxal que cela puisses paraitre, ce disque est un bon disque de Heavy Speed Thrash
Metal aux chants de langue française, mais un disque moyen de
Killers. Le groupe, par le passé, nous aura offert des moments nettement plus exaltants.
Habemus Metal est donc un album relativement satisfaisant pour peu que l'on occulte le traditionalisme de sa musique.
Killers nous propose d'y errer en des contrées dévolues à un Heavy Speed Thrash
Metal qui ravira, à n'en pas douter, ceux qui connaissent peu les travaux de ce groupe mais qui laissera perplexe ceux qui, comme votre humble serviteur, sont, en toute modestie, de véritables connaisseurs de la musique de ces Basques.
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