"La musique est la langue des émotions."
Emmanuel Kant (1724 - 1804)
C'est avec cette magnifique phrase que l'on va s'attaquer à ce nouvel opus de nos très chers Américains. Deux ans après un premier album excellentissime, que dire, titanesque,
Shadow Of Intent font leur admirable retour avec une nouvelle galette :
Reclaimer. Que s'est-il passé durant ces deux belles années ? Nos "Deathcoriens" ont-ils eu le temps de mûrir et d'atteindre l'apothéose ?
I. Un nouveau line-up
Rappelez-vous d'il y a deux ans : notre petit groupe n'était composé que de trois musiciens hors-pair : Ben Duerr au chant, Matt Kohanowski à la batterie et Chris Wiseman au chant et à la guitare. Avec un line-up incomplet, nos Américains n'eurent guère le choix d'avoir recours à de la programmation. Mais durant cette année, notre trio a vu sa famille s'agrandir en accueillant deux nouveaux membres : Keith Kohlhepp à la basse et Federico Zuccarelli à la guitare.
II. Un premier avant-goût
Pour les plus impatients d'entre nous,
Shadow Of Intent avait fait le choix de nous faire découvrir quatre de leurs douze derniers amuse-gueules : The Horror Within, The
Catacombs (en featuring avec
Jason Evans et Dickie Allen d'
Infant Annihilator),
The Heretic Prevails et
The Gathering of All (en featuring avec Alex Terrible de
Slaughter To Prevail). Premier coup de théâtre avec des guests de qualité contrairement au premier album. Seconde stupéfaction avec la collation "
The Heretic Prevails" : une expédition aux notes symphoniques et plus surprenant encore, aux connotations grind pendant le breakdown. Pour ce qui est de l'extrait The
Catacombs, il s'agit d'un morceau prestissimo, qu'il s'agisse du vocal de nos trois acolytes ou de l'instrumental, ce qui n'est pas pour nous déplaire. Comme son prédécesseur, le côté symphonique est toujours présent, idem pour la ressemblance grind. The Horror Within démarre directement sur les chapeaux de roue : on est sur du "tap-tap" réfléchi avec une batterie qui, comme sur
Primordial, ne prend absolument pas le dessus sur les autres instruments. Nous avons même l'honneur de bénéficier d'un solo de guitare et du chant de Chris Wiseman, chant assez surprenant puisqu'il n'est pas "growlé". The Gatering of All, quant à lui, est un peu plus décevant que le reste avec un mixage assez douteux. En effet, sur les deux premières minutes, les instruments paraissent faiblards, pour ne pas dire assez transparents ce qui est fortement dommage vu la qualité indéniable des vocaux. Au-delà de ce temps, la batterie prend complètement l'ascendant et sonne assez perçante.
III. Des entremets savoureux
Tout comme
Primordial, nous avons la faveur de commencer la galette avec We
Descend (la seule chanson dont le titre ne commence pas par "The"), sans doute car celle-ci est bien différente du reste puisqu'il s'agit d'une introduction crescendo symphonique suivie par un vocal omnipotent. The
Return a lui aussi le droit à quelques secondes harmonieuses avant de devenir une mélodie fulgurante et un duo accordé entre Ben et Chris. The Mad
Tyrant's
Betrayal reprend le même schéma que The
Return, aux seules distinctions qu'on ne retrouve point les teintes symphoniques du commencement du morceau et qu'on a la bonne fortune de bénéficier d'évocations de black metal.
The Forsaken Effigy nous déconcerte prématurément par le fait que Ben varie son chant selon la tonalité des instruments. La quintessence vient à la clôture de l'album : The Tartarus
Impalement est un peu le "Didact's
Will" de
Reclaimer, un morceau plus apaisant, huit minutes (pile poil) qui nous font voyager dans le monde de l'au-delà. Toutes les transitions entre les morceaux se font de manière ordonnée, sans pauses intempestives. Le mixage est toujours des plus plaisants, hormis sur The Gatering of All, mais rien de bien désastreux vu le calibre de la galette.
IV. Vous reprendrez bien un peu de café ?
Le cap des deux albums est un cap toujours très délicat, là où beaucoup de formations chutent : dans notre cas, c'est exactement l'inverse, la vigueur est au rendez-vous, l'originalité est de la partie et la fougue de la jeunesse est bien présente. Là où on pensait que
Primordial était un excellent opus,
Reclaimer frôle l'extase. Comme on dit, la perfection n'existe pas mais on peut s'en approcher de très près. Vous l'aurez compris, hormis deux-trois bavures, cet album vaut vraiment le coup d'oreille. Là où les grands ont chuté, les petits prennent le pouvoir. On espère que le groupe continuera dans son droit chemin et qu'il ne reproduise pas les mêmes erreurs que ses prédécesseurs à savoir de tomber dans la facilité ou de changer radicalement de genre. En attendant, enjoy !
Shadow of Intent sort clairement de la masse avec cet album.
Merci pour la Chro, un disque qui sera certainement disque D'or du Deathcore cette année.
Un retour en force, les mecs rigolent plus O_o.
Cet album est une pure tuerie.
Belle chronique qui lui rend bien hommage. Le seul petit bémol que je mettrais est de ne pas avoir mentionné la thématique omniprésente dans leurs albums : le lore des jeux vidéos Halo.
" Là où on pensait que Primordial était un excellent opus, Reclaimer frôle l'extase"
Tout es dit. Merci pour la chronique, Je trouve que sur cet album les guitares sont un peu moins percutantes que sur Primordial et les parties Sympho prennent plus le dessus. Mais pourquoi pas ça permet à ce 2ème effort de se différencier du premier et puis la palette des éléments qu'utilise SOI est encore plus vaste tout en gardant un ensemble cohérent. Chapeau les gars, vraiment.
Moi ils me font penser à un Arch Enemy période War Eternal qui aurait pris encore plus d'hormones que d'habitude !
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