Imperium Delirium

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17/20
Nom du groupe Shadow Of Intent
Nom de l'album Imperium Delirium
Type Album
Date de parution 27 Juin 2025
Style MusicalDeath Symphonique
Membres possèdant cet album15

Tracklist

1.
 Prepare to Die
 04:01
2.
 Flying the Black Flag
 03:55
3.
 Infinity of Horrors
 04:14
4.
 Mechanical Chaos
 03:51
5.
 They Murdered Sleep
 04:02
6.
 The Facets of Propaganda
 05:20
7.
 Feeding the Meatgrinder (ft. George "Corpsegrinder" Fisher)
 04:03
8.
 Vehement Draconian Vengeance
 03:55
9.
 Beholding the Sickness of Civilization
 04:31
10.
 No Matter the Cost
 04:17
11.
 Imperium Delirium
 07:35

Durée totale : 49:44

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Shadow Of Intent


Chronique @ Groaw

20 Août 2025

Une orchestration dans la tourmente d'un combat titanesque

Shadow of Intent n’a jamais fait dans la demi-mesure. À leurs débuts, la formation s’est forgée une identité unique en s’emparant de l’univers de Halo et en transformant la guerre interstellaire en symphonies deathcore monumentales. Mais si leurs premiers riffs faisaient résonner l’acier des armures et les voix des aliens, leur regard s’est récemment tourné vers un autre champ de bataille, un récit bien plus proche de nous, bien plus tangible. Des tranchées saturées de gaz aux ruines fumantes de la Seconde Guerre mondiale, nos artistes transposent leur arsenal sonore dans l’histoire humaine, là où la barbarie n’a pas besoin de fiction pour exister. Ce choix audacieux a fait de leur musique non seulement une fresque de science-fiction mais également une réflexion sur les ravages universels de la guerre, qu’elle soit cosmique ou terrienne.

C’est dans cette continuité thématique que s’inscrit la cinquième œuvre du collectif Imperium Delirium, publiée via Blood Blast Distribution et probablement l’une des plus ambitieuses de leur discographie. Produit en interne par Chris Wiseman (guitare, composition) et Ben Duerr (chant), le disque a bénéficié du savoir-faire de Dave Otero, connu entre autres pour son travail avec Cattle Decapitation, Allegaeon ou Archspire, pour le mixage et le mastering afin de garantir un son massif tout en conservant une clarté chirurgicale. Les batteries ont été enregistrées par Greg Thomas et Chris Teti au Silver Bullet Studios, tandis que Francesco Ferrini (Fleshgod Apocalypse) a apporté quelques ajouts de claviers pour enrichir les orchestrations.

La réalisation témoigne d’une volonté de pousser toujours plus loin la combinaison entre deathcore, agencements symphoniques et textures industrielles. On note également une production additionnelle de Blake Mullens (Disembodied Tyrant) sur Flying the Black Flag ainsi que la participation vocale prestigieuse de George “Corpsegrinder” Fisher (Cannibal Corpse) sur Feeding the Meatgrinder. L’artwork sombre et foisonnant condense à lui seul les thématiques du disque telles que la propagande, la déshumanisation et l’effondrement. On y retrouve une esthétique qui rappelle la science-fiction martiale des débuts du combo mais transposée dans une vision plus terrestre et apocalyptique proche des images de guerre du XXᵉ siècle.

Dès l’ouverture avec Prepare To Die, Shadow of Intent impose une atmosphère de chaos total. Les blasts en rafale, les riffs acérés et les harmonies spectrales se combinent pour créer un assaut sonore qui plonge immédiatement l’auditeur dans le tumulte du combat. L’héroïsme cède rapidement sa place à l’écrasement et la violence brute de ce premier titre prépare parfaitement à la grandeur qui se déploie tout au long du disque.
Cette puissance initiale trouve son pendant dans Feeding the Meatgrinder, où la participation de George “Corpsegrinder” Fisher intensifie la brutalité. Sa voix abyssale donne au morceau une dimension presque inhumaine et incarne littéralement la machine de guerre dénoncée par le texte. Le refrain implacable martèle une vérité crue : dans l’engrenage de l’impérialisme, chacun finit broyé. Ici, la rage et la technicité des musiciens servent pleinement le propos et montre que la création musicale ne se limite pas à des démonstrations instrumentales mais raconte une histoire de pouvoir et de destruction.
Au milieu de ces déflagrations, Apocalypse Canvas offre une respiration inquiétante et saisissante. Seul titre instrumental du projet, il fait la part belle aux orchestrations monumentales de Francesco Ferrini et crée une représentation qui s'approche du chef-d'oeuvre. Le morceau suspend le temps et invite l’auditeur à contempler les ruines laissées par le chaos des batailles précédentes. Cette respiration atmosphérique enrichit la narration globale de l’opus et confirme la volonté du groupe de dépasser le cadre strict du deathcore.
L’album atteint son apogée avec le final éponyme Imperium Delirium. D’une durée de sept minutes, il synthétise toutes les facettes de l’œuvre entre des passages furieux, des interludes atmosphériques et des déflagrations orchestrales qui s’alternent pour créer une expérience immersive quasi cinématographique. Ce morceau incarne toute l’ambition du quatuor qui ne se contente plus de frapper l’auditeur mais cherche à le transporter dans une création totale, à la croisée du film, du jeu vidéo et de l'épopée musicale.

Malgré ses nombreuses qualités, la réalisation présente quelques limites. On note une répétitivité des structures sur certains titres comme Flying the Black Flag ou They Murdered Sleep, où les enchaînements de blasts et de breakdowns peuvent sembler prévisibles. Par ailleurs, l’intensité quasi constante sur des compositions telles que Vehement Draconian Vengeance et Beholding the Sickness of Civilization laisse peu de respirations et rend l’écoute exigeante voire fatigante sur un recueil qui approche de l’heure.
Heureusement, les performances vocales de Ben Duerr compensent en grande partie ces limites. Sa puissance et sa polyvalence insufflent une énergie constante et maintiennent l’attention même sur les passages les plus redondants. Sur Feeding the Meatgrinder, le vocaliste alterne avec une aisance enfantine des gutturaux abyssaux et des cris perçants tandis que sur l’éponyme, son grain de voix guide la brillance des élégances symphoniques, révèle une nouvelle fois toute l’étendue de son talent et affirme son rôle central dans l’impact émotionnel de l’album.

Avec Imperium Delirium, Shadow of Intent confirme une fois de plus son impeccable régularité où chacune de ses sorties s’impose comme un jalon incontournable de sa discographie et du deathcore contemporain. Ce cinquième opus ne déroge aucunement à la règle et illustre parfaitement la capacité du quatuor à élargir les frontières du deathcore tout en explorant des espaces narratifs et sonores audacieux. Si certains passages peuvent sembler attendus et si l’intensité se révèle parfois exigeante sur la longueur, l’essai séduit par sa composition complexe, ses arrangements grandioses et la maîtrise technique des musiciens. Les interventions de Ben Duerr, le soin apporté à la production et les contributions ponctuelles viennent amplifier l’impact de chaque morceau et immerge l’auditeur dans une expérience à la fois morose et passionnante.
Cet écrit prouve encore une fois que les Américains ne se contentent pas de revisiter leurs influences et transforment leur propos en gravure musicale captivante où l'animosité et la dramaturgie se conjuguent pour provoquer émotion et réflexion.

3 Commentaires

11 J'aime

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Goneo - 21 Août 2025:

Ah on retrouve Shadow of intent ! je veux dire par là que l'on a pas ce côté atmosphérique du précédent album.

Très bonne chronique, un très bon album.

Jibe - 21 Août 2025:

J'avais loupé cette sortie, merci d'en parler. Surtout que ton descriptif augure du plutôt bon.

Sephiroth26 - 28 Août 2025:

Je trouve cet album incroyablement bon, pour le moment il est mon coup de cœur de l'année.

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