Quand un groupe mythique de la scène Hardcore New-yorkaise daigne enfin sortir un album, après 3 ans d'attentes et de rumeurs quant à la confirmation du line-up original, avec entre autres le retour au chant de ce cher Even Seinfeld, acteur de boulard à ces heures perdues, franchement, ça ne se refuse pas. En
2012, à 40 piges en moyenne, les 4 mauvais garçons tatoués aux sales trognes de NY se sont donc retrouvés au complet, et n'ont visiblement pas perdu l'envie d'en découdre. Preuve en est par ce "
Reborn in Defiance " ( avec une pochette d'échographie explicite quand au titre de l'album comme quand à la carrière tumultueuse du groupe ) qui balance à la gueule des fans de longue date comme à celle des ptits djeunz friands de Metalcore un bon vieux Hardcore des familles, qui montre les dents et met les couilles sur la table ( ça aide quand on compte un hardeur dans le line-up héhé... ), comme à la bonne vieille époque, celle ou le combo officiait encore comme des leaders du genre, aux côtés des
Madball et autres
Agnostic Front. Un bon vieux Hardcore des familles certes, mais qui, de plus, n'oublie pas de faire preuve d'un tant soi peu de modernisme et d'innovation. Que demande le peuple ?
Passons l'intro qui, comme d'hab, ne sert strictement à rien, et allons directement dans le vif du sujet. D'emblée, le groupe cogne fort, des titres comme "
Vengeance is Mine " ou "
Reborn " sont des brûlots Hardcore plutôt féroces. En mode rouleau compresseur, le groupe prouve que même en étant quadras, on peut encore carburer au lion. Les riffs mastocs, la batterie punky, les ptits solos qui tuent les doigts de sieur Bobby Hambel, le phrasé banlieue et la voix d'ours mal léché de mister Evan Seinfeld, les ambiances parfois lourdes et suffocantes ( "
Countdown Boom " ), tout y est. Ou presque. Car loin des anciennes prods cradingues, le son propre et moderne, même un peu trop lisse et fadasse, qu'à concocté Toby Wright (
Korn, Alice in Chains… ) pour ce "
Reborn in Defiance " détonne sur la carrière du groupe. Jamais un album de
Biohazard n'aura sonné aussi bien et aussi distinctement. A la fois une force ( le son donne un coup de jeune au combo, et c'est vrai que c'est quand même plus sympa à écouter quand c'est propre ) et une faiblesse ( l'album perd du coup en hargne ce qu'il gagne en propreté ), la production de ce nouvel opus fait partie de ces nouveautés de ce
Biohazard cuvée
2012 qui démontrent une volonté de se mettre à jour sur l'époque, histoire de ne pas paraître aussi has-been et ridicule que la grand-mère hippie de l'étage d'au dessus, qui continue de porter des bandanas à fleurs, des santiags en peau de lama, de se parfumer au patchouli et de s'enfumer à coups de spliffs de weed à 75 balais passés…
L'autre grande nouveauté de ce
Biohazard cuvée
2012, outre un polissage du son, c'est le virage parfois très mélodique qu'entreprend le groupe. Oui, oui, mélodique. Ceux qui pensaient que ces connards de coreux patibulaires n'étaient que des bourrins ou des camionneurs ( ce qui revient à peu près au même, me rétorqueront certains ) seront vite trompés par certaines des nouvelles compositions du groupe. Ainsi, le combo n'hésite pas à sortir des sentiers battus de l'Hardcore pour s'essayer à d'autres registres, comme pour ce
Hard Rock aride et testostéroné ( mais qui reste beaucoup plus soft qu'un bon vieux Hardcore des familles ), que l'on peut trouver sur le chaleureux " Vows of
Redemption " ou encore sur le terrible " Killing Me" et son refrain imparable, registre qui sied plutôt bien au combo d'ailleurs. Le groupe enfonce même le clou avec la lente power ballade " You Were
Wrong ", ou avec l'instrumental final " Season in the Sky ". Si les fans, " Hardcore " justement, crieront au scandale, les autres découvriront un réel talent pour la composition de mélodies prenantes pour un groupe qu'on ne connaissait pas sous un tel jour, même si Even Seinfeld a tendance à chanter un tout petit peu faux quand même sur " You Were
Wrong "…
Biohazard s'est certes assagi, mais n'est pas passé sous le bureau pour autant, contrairement à ce qui à pu être lu sur le net. En vérité, j'irai même plus loin en affirmant que le groupe s'en sort presque mieux à proposer des titres certes plus "radio-friendly", mais aux mélodies très accrocheuses, et aux squelettes très travaillés. Non pas que le combo soit devenu gâteux par rapport aux plus jeunes sur son propre terrain de jeu ( un titre comme " Skullcrusher " vaut autant son pesant de cacahuètes qu'un morceau de Terror ou d'
Hatebreed ), mais disons que la recette à tendance à s'essouffler un peu parfois ( " Come Alive " ), et qu'il est bon que le groupe aille explorer d'autres contrées que ce bon vieux Hardcore des familles dans lequel il excelle, mais lasse un peu quelquefois. "
Reborn in Defiance ", contrairement à ce qui était annoncé, n'est pas la bombe H tant promise, ni la mandale monstrueuse tant attendue, mais n'en reste pas moins une très bonne surprise pour autant. Venant d'un groupe resté si longtemps en inactivité, et dont les derniers efforts en date n'étaient pas non plus particulièrement brillants, c'est déjà pas si mal. Et puis, tant pis si le groupe ne se remettra probablement pas du départ en juin dernier d'Even Seinfeld, qui préfère dorénavant consacrer sa carrière à casser des culs plutôt que des cervicales, "
Reborn in Defiance " aura été un beau chant de cygne également, à défaut d'avoir été une renaissance…
Vous voulez du très bon Hardcore, je vous invite à écouter l'excellent titre "Bound" de Corrosion Of Conformity uniquement disponible sur la compilation Rat Music For Rat People Volume III (1987) avec Simon Bob Sinister (ex-Ugly Americans) qui chante également sur le EP "Technocracy" (1987).
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire