Derrière le parangon emblématique de la formidable créativité italienne de la fin de ces années 1990 (à savoir
Rhapsody), se dissimulait la manne tapis dans l'ombre d'un underground actif et solidaire. Toutefois l'histoire n'aura élu que peu de messie et nombres de prétendants, au talents pourtant, pour certains, indéniables, furent consumer par l'oubli et l'indifférence qu'ils crurent pourtant, un temps, pouvoir combattre. Mais rien n'y fit. Et aujourd'hui qui se souvient encore des Madryghal,
Projecto,
Skylark,
Highlord,
Mesmerize et autres
Shadows Of Steel? Loin de moi l'idée saugrenue d'affirmer qu'il y avait en chacun des acteurs de cette scène souterraine une créativité telle, qu'elle méritait d'être loué. La pensé qu'il faudrait rendre une juste justice à des album injustement oublié ne m'aura, d'ailleurs, pas davantage effleuré. Néanmoins, en cette époque trouble où l'aveuglement réécrit la trame historico-artistique de ces temps révolus avec une facilité déconcertante, il m'apparaissait plus que nécessaire de remettre en perspective quelque vérités.
La plus décisive d'entre-elles est donc que
Rhapsody ne fut pas seul à exprimer toute les délicieuses caractéristiques d'un art transalpin délaissé par un monde bien plus occupé à gouter aux joies, principalement, nordiques et saxonnes.
Pas plus, d'ailleurs, que
Luca Turilli et ses complices ne furent propulsé issu de nulle part. La grande réussite de ces ultramontains réside, aussi, en réalité, dans la solidité et la cohésion de ces structures souterraines, déjà évoquées, sur lesquelles il s'appuya. L'Italie est, en effet, une grande famille, du moins artistiquement. Et aussi sûrement que la musique allemandes s'inspire de ce rigorisme dont les germains sont nourris, la musique transalpine, quant à elle, s'inspire de cette culture dynastique, filiale, clanique, très importante.
Dans cette tribu aux parents oubliés, souvenons nous donc, pour peu qu'on en ait eu connaissance, du nom de
Drakkar. Ce groupe, fondé en 1995, sortis son premier véritable album après plusieurs demos (
Sailing Alive (1996),
We Sail at Dawn (1997)), en 1998. Un premier opus intitulé
Quest for Glory dont cette chronique se propose de détailler plus explicitement quelques détails.
S'agissant du contenu purement artistique de ce disque, il laisse d'emblée une impression mitigé. Si, en effet, la musique qu'il renferme nous donne à entendre un Heavy Speed,
Power Metal très inspiré, il souffre de beaucoup trop d'imperfections pour être pleinement célébré. Au rang de celles ci, évoquons donc les plus pénibles. Et à ce titre difficile de ne pas parler de cette production anémique qui handicape grandement des morceaux qui pourtant mériteraient davantage d'envergure et d'espace. En nous proposant un traitement aussi déséquilibrés avec, notamment des guitares bien trop en retrait, tous le potentiel, pourtant prometteur, de ce disque s'en trouve gâché.
Difficile aussi de taire les problèmes du chanteur Luca Cappellari dont chaque tentative d'approcher des aigus trop hauts, qu'apparemment il ne maitrise pas, est proprement déroutante pour ne pas dire agaçante.
Difficile encore de ne pas noter, dans cette fresque épique dans laquelle tous les éléments héroico-fantaisistes caractéristiques viennent allègrement s'inscrire, que certains passages de certaines compositions s'approche dangereusement de la caricature cocasse. On notera, afin d'illustrer plus particulièrement ce fait, ces refrains presque gênants (Coming from the
Past, Follow the
Prophet...). Une erreur de jeunesse, à n'en pas douter.
La sentence devrait donc être simple et lapidaire. Et l'ouevre condamnée. Pourtant, en occultant quelques peu ces horribles défauts, on parvient tout de même à prendre du plaisir à l'écoute d'un groupe dont on sent qu'il pourrait réellement être en mesure de nous séduire. Certains de ses titres dénotent, en effet, d'un véritable talent de composition qu'il serait judicieux d'exploiter davantage. Citons
Dragonheart, Follow the
Prophet, Morella,
Quest for Glory (
Valhalla), mais aussi, par exemple, Raising the Banners.
Pour conclure disons que ce premier album des Italiens de
Drakkar est emplis d'idées prometteuses compromises par une production insuffisante, par quelques erreurs de jeunesse et par un chanteur ne maitrisant pas vraiment les notes les plus célestes de son instrument. De ce Heavy Speed,
Power Metal épuré et sans la moindre trace de grandiloquence symphonique, ces cousins lointains, toute proportions gardées, de Rhaspody, ne parviennent donc pas réellement à nous convaincre et ne réussissent, au mieux, qu'à éveiller en nous une saine curiosité quant à une suite, peut-être, qui sait, meilleure.
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