Pour ce troisième album des Italiens de
Drakkar baptisé
Razorblade God, quelques changements notoires sont venus bouleverser l'équilibre d'une formation qui, jusqu'alors, avait démontré quelques belles aptitudes dans la composition d'un Heavy Speed Mélodique d'obédience, évidemment, transalpine. La plus cruciale de ces modifications concerne les chants qui désormais, en remplacement de ceux de Luca Cappellari, seront assuré par Davide Dell'Orto.
Ceci étant dit, venons en au motif de cette chronique et détaillons le contenu de ce nouvel opus en évoquant un premier morceau éponyme aux passages mélodiques intéressants contrastés par des guitares et des chants parfois sombres et agressifs. Une âpreté inhabituelle dans l'expression créative de ces italiens aux propos généralement plus harmonieux. En résulte un sentiment primaire étrange quant à une nouvelle orientation artistique de cette formation. Sommes-nous là encore en présence de ce Heavy Speed
Metal transalpin caractéristique que l'imposant navire défendit autrefois?
Pas sûr, même si, bien évidemment, au delà de ces aspérités singulières nouvelles, assurément, cette âme désespérément ultramontaine est présente.
Suivant ce premier titre à la virulence contrebalancé par des refrains et des passages aux pianos joliment musicaux, le second, bâtis, peu ou prou, sur les mêmes schémas ne vient, quant à lui, pas nécessairement nous rassurer.
Pour clore définitivement sur ce chapitre et aborder une dernière fois cette radicalisation de la musique de
Drakkar, soulignons aussi que les travaux vocaux du nouveau venu, souvent, plus rugueux, aigus et écorchés que ceux de son prédécesseur, ne sont évidement pas étranger à l'altération de l'expression artistique de ces italiens.
Une belliqueuse pugnacité qui par ailleurs, rythme, plus généralement, les divers moments de ce disque nous laisse décidément dans l'expectative. Et ce d'autant plus que, sur le fond, de plus, ces morceaux sont difficilement défendables tant il sont convenu et peu inspiré. Seules quelques exceptions arrivent, tout de même, à nous arracher de cette ennuyeuse léthargie dans laquelle nous plonge irrémédiablement Dario Beretta et ses complices. Citons To the Future qui, si l'on oublie les vocaux aigus extrêmes et crispant dont il est parfois pourvu, se révèle être attachant. Parlons également du sombre
Inferno ou de Matrix. Autant de chansons qui sans s'illustrer particulièrement parviennent à nous empêcher de sombrer totalement en un naufrage alors que le piètre
Witches Dance et que
Kingdom of Madness, reprise extraite de l'album du même nom des Anglais de
Magnum, tentaient de précipiter l'embarcation par le fond.
Au milieu de cette découverte inattendu et déconcertante, comble du comble, même les thèmes abordés ici paraissent parfois s'éloigner de la sempiternel fable historico-héroïco-épico-fantaisiste de rigueur puisque des titres tels que, par exemple,
Razorblade Gods, Man and the
Machine, ou encore Matrix, semble-t-il, sont plus modernes et plus futuristes dans les sujets qu'ils traitent.
La conclusion s'impose d'elle même.
Drakkar n'est plus vraiment
Drakkar. Et l'image qu'il nous renvois de lui, sur ce discutable et terne
Razorblade God est suffisamment dénaturée pour égarer ses adeptes dans les affres du doute et d'un cruel désenchantement.
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