De l'eau aura coulé sous les ponts pour le prolifique combo francilien depuis ses débuts voilà déjà 12 ans. A la tête d'un Ep, «
Théogyne », en 2009, de trois rayonnants albums full length («
Théogyne » (
2012), «
Ipso Facto » (2015) et «
Reconnexion » (2018)), suivis d'un corpulent «
Live in Paris » et du single «
Mille Silences », en 2020, le groupe est loin d'avoir déposé les armes. Aussi, sous la direction exclusive de la frontwoman, claviériste et programmeuse Justine Daaé,
Elyose nous octroie cette fois un second EP répondant au nom de «
Persona » ; une auto-production modeste de ses 26 minutes où se dispatchent 6 pistes dont deux reprises en titres bonus ainsi que le single sus-cité. Cette nouvelle offrande contribuerait-elle à l'asseoir un peu plus parmi les valeurs confirmées de ce registre metal, symboliserait-elle un changement de cap amorcé ou encore une manière singulière d'élargir la palette de son offre ?
Dans ce dessein, Justine a sollicité les talents conjugués du guitariste/bassiste/batteur Anthony Chognard, de Massimiliano Campagna, alias ''Maxx Maryan'' (Blackcore, Okkultum Magnificentia, guest chez
Deviate Damaen) aux claviers, à la programmation et aux orchestrations, et du vocaliste Julien "
Nutz" Deyres (
Gorod,
Grist,
Pure Wrath, ex-
Zubrowska, ex-
Master Crow, guest chez
Adrana...). De cette étroite collaboration émane une œuvre metal atmosphérique gothique aux relents électro et symphonique, dans la lignée d'
Amaranthe, Metalite, Volturian, et consorts, où d'anciennes sonorités cohabitent avec d'inédits arpèges d'accords. Produit, mixé et mastérisé par Anthony Chognard, cet opus jouit d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation, de finitions passées au crible et d'arrangements de fort bonne facture. Mais entrons plutôt dans la petite goélette en quête de quelques pépites intimement enfouies dans ses cales.
C'est sur un alerte tempo que le combo marque ses premiers points, trouvant alors les clés pour nous attirer et nous retenir dans ses filets in fine. Ce qu'atteste, tout d'abord, « Metropolis », un entraînant effort électro gothique dans la veine de Metalite ; dévoilant un refrain immersif à souhait mis en exergue par les troublantes inflexions de la sirène, le pimpant méfait trouvera asssurément un débouché favorable à son assimilation. Dans cette mouvance, on ne saurait davantage éluder le pulsionnel et orientalisant «
Mille Silences » au regard d'un duo mixte en voix de contrastes bien habité, les angéliques volutes de la belle coalisées aux growls saillants de Julien Deyres offrant un poignant face à face.
Quand il se fait un poil plus insaisissable, le collectif parvient à nouveau à aspirer le tympan sans avoir à forcer le trait. Ainsi, si les tortueux couplets de l'énigmatique, organique et ''amaranthien'' « Fit In » ne se dompteront qu'aux fins d'écoutes circonstanciées, tant ses enchaînements intra piste que son entêtant refrain auront prestement raison des plus tenaces des résistances. Faisant la part belle à d'amples et ondulantes nappes synthétiques au détriment de sa section rythmique originelle et d'une ligne de chant ici quelque peu effacée, la version remixée renforce la dimension électro de cette piste à l'exclusion de toute autre incursion stylistique, offrant ainsi une intéressante alternative pour l'aficionado du genre. Dans une même énergie, on retiendra le tempétueux et intrigant «
Hurt People » à la fois pour ses démoniaques et intarissables coups de boutoir, son pénétrant cheminement d'harmoniques et les chatoyantes et magnétiques oscillations de la déesse.
Lorsque les lumières se font tamisées, nos acolytes nous mènent alors en de sereines contrées, propices au total enivrement de nos sens. Ainsi, muée en une soyeuse ballade atmosphérique gothique, la version acoustique de «
Mille Silences » dévoile un hypnotique guitare acoustique/voix, les sensuelles et caressantes patines de la maîtresse de cérémonie s'harmonisant parfaitement à l'aérien et enivrant slide octroyé ; un regard alternatif porté sur un titre qui ne s'offrait pas nécessairement à l'exercice de style proposé et qui lui sied à merveille.
Pour son retour,
Elyose nous livre certes une œuvre dans un mouchoir de poche mais des plus palpitantes et suffisamment diversifiée sur les plans atmosphérique et rythmique pour espérer emporter l'adhésion. Bénéficiant d'une ingénierie du son plutôt soignée mais nullement aseptisée, témoignant d'une identité artistique plus stable que naguère, de lignes mélodiques finement esquissées, d'une technicité affermie et judicieusement exploitée, et de quelques prises de risques parfaitement assumées, on comprend que le groupe élève dès lors le niveau de ses exigeances propres d'un cran. Une stratégie payante lui permettant précisément de rester rivé à sa position de valeur confirmée d'un registre metal en proie à une concurrence galoppante. Bref, un projet artistique aux compositions désormais affinées, loin d'être à bout de souffle...
Note : 14,5/20
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire