Elyose, groupe d'électro metal français à chant féminin, revient en force après un remarquable album full length («
Théogyne » (
2012)).
Pas moins de trois ans ont été nécessaires pour permettre au combo francilien de peaufiner ses gammes et ses arpèges, à l'aune de cette généreuse galette surmontée de onze perles enfilées sur près de quarante-huit minutes d'un collier auditif flamboyant. Pour ce faire, le quartet n'a pas ménagé ses efforts pour nous octroyer une production techniquement bien ficelée et artistiquement aboutie.
Le combo, mené tambour battant par ses cofondateurs, la soprano Justine Daaé et le bassiste Ghislain Henry, a requis les talents conjugués du batteur Patrick Cazu et du guitariste Marc De Lajoncquière. De cette heureuse association en ressortent des compositions minutieusement concoctées, ayant gagné en maturité, et des paroles aux textes finement élaborés. L'ambiance de fond demeure enjouée, dynamique dans son principe d'émission, tout en témoignant d'une mélodicité non sans mérites. En outre, la mise en œuvre de ce projet repose sur une qualité d'enregistrement convaincante, tout comme le mixage, nivelant de façon optimale les parties en présence. On regrettera, cependant, quelques enchaînements inter pistes un tantinet approximatifs ainsi que certaines finitions, encore à l'abandon. Toutefois, les arrangements restent de bon aloi et les accords bien ajustés, ce qui n'est pas sans effets sur un regain de fluidité du propos, autorisant dès lors une accroche auditive assez souvent immédiate.
Indéniablement, le message musical se fait captateur de nos émotions en de nombreux espaces où se déploie une symphonie de notes en toucher sur les claviers. Et ce, notamment quand le tempo se fait haletant et la rythmique entraînante. Et ce ne sont pas les cas de figure qui manquent à l'appel. Ainsi, un enveloppant univers synthétique nous accueille avec les honneurs sur « De Guerre Lasse » avant que d'angéliques ondulations vocales ne s'invitent à la danse. Et ce, sur un titre diablement bien cadencé, tout en révélant un chemin harmonique cohérent, incitatif au headbang. Ce faisant, les grisants refrains nous immergent dans une ambiance régénérante de bonne facture, dans l'esprit d'
Amaranthe. Un beau toucher en picking s'offre à nous à l'aune d'un solo de guitare fuligineux. Là, indubitablement, les premiers points sont marqués.
Plus encore, quelques notes de piano se font étreindre par une déferlante synthétique et une furieuse rythmique sur le truculent « Chronocide », angéliquement relayées par la déesse sur de savoureux couplets, avant de nous entraîner dans le sillage de refrains bien customisés. Lumineux par son tracé mélodique, enjolivé par les impulsions aériennes mi-lyriques de l'interprète, ce tubesque passage ne manquera pas d'impacter son auditorat. Il en va de même sur le frondeur « Rédemption », celui-ci nous agrippant le tympan de ses riffs écorchés vifs autour desquels se lovent des nappes synthétiques virevoltantes. Sur les couplets délicatement ciselés, les inflexions aériennes de la belle nous aspirent dans un immersif tourbillon de saveurs, avant que n'explosent de catchy refrains. Une lead guitare reste en faction au sein de cette roborative et furieuse orchestration, le tout animé d'un spectre mélodique confondant.
Pas l'ombre d'un souci d'accroche donc, sur cette piste efficace, à l'allure d'un hit bien invitant. Enfin, un joli délié à la guitare acoustique introduit l'incandescent « Mon Charme », aux riffs griffus. Celui-ci jouit d'une lumière harmonique sur les couplets, apte à recueillir l'adhésion. Quant aux refrains, on ne mettra pas longtemps à s'en imprégner pour ne plus les lâcher. Un break opportun permet à la sémillante reprise vocale de s'opérer sereinement, avant de laisser s'échapper quelques séries de notes enjouées émanant de la lead guitare. L'orchestration finit en apothéose sur une plage déployant quelques savants filets pour nous retenir. Ces pièces d'orfèvre pourront donc procurer à l'auditeur des moments de pure jouissance auditive. Mais, notre périple dans ces contrées luxuriantes ne s'arrête pas là, loin s'en faut.
Ainsi, le combo a misé, d'autre part, sur des compositions techniquement solides, renforçant d'autant plus l'armature harmonique de certaines pièces, sans pour autant rechercher à capter la totalité des sens. Dans cette mouvance, les riffs échevelés de « Femme de Verre » s'adjoignent à une rythmique entraînante, nous conduisant à fouler des couplets agréables et des refrains nuancés, un poil déroutants, mais rondement menés. En outre, des variations rythmiques et de tonalité rendent compte de capacités techniques éprouvées sur le plan instrumental, la belle, de son côté, faisant montre d'envolées lyriques bien sculptées. Par ailleurs, des sonorités électro s'unissent à des riffs acérés sur l'énergique « Pour Un Ecu », précédant de fines modularités orales distillées par la diva, enjolivant les couplets tout comme les refrains, empreints de nuances atmosphériques. On naviguerait alors sur une mer limpide à la profonde agitation intérieure. Soudain, un pont intervient pour mieux nous happer dans les méandres lyriques insufflés à la perfection par la sirène, l'ensemble évoluant dans un bain orchestral aux remous diluviens. Non moins hypnotique, l'outro de l'opus prendra les courants ascendants pour nous faucher en plein vol, nous laissant peu de chances de nous soustraire à ses charmes. Ainsi, une basse ronronnante nous accueille conjointement à quelques arpèges à la guitare acoustique, nous entraînant alors sur le mid tempo « Contretemps », rayonnant de subtilités harmoniques de bout en bout. Les inflexions vocales se font ici plus célestes, pour tutoyer les étoiles de leur âme câline. Dommage cependant que la fin de piste ne jouisse pas d'un dégradé du champ sonore susceptible de nous faire quitter la piste sereinement. On appréciera également les lunaires poudres synthétiques nous parvenant sur « Droit Dans les Yeux », morceau cadencé sur une rythmique un tantinet syncopée, le long de riffs lipidiques. Vivifiant sur les couplets, ravageur sur les refrains, ce propos musical inspiré sait nous attirer en son sein. Et ce, notamment sous l'influence des sulfureuses patines vocales dessinées par la sirène sur cette toile de maître.
Une parenthèse pour évoquer quelques aspirations symphoniques un poil progressives du groupe, à l'instar de l'entame de la rondelle. Ainsi, l'instrumental « Fragrances », d'inspiration électro prog nous installe au cœur d'un vaste océan organique où les vagues synthétiques viennent fouetter l'esquif de nos pavillons endoloris. La rythmique s'embrase alors avec une énergie communicative pour quelques courts instants, avant une nette césure. Toutefois, on aurait souhaité un peu plus d'allonge pour profiter encore un peu de cette charismatique mise en relief du champ acoustique emprunté.
Enfin, d'autres moments m'ont paru situer la barre un peu moins haute, sans pour cela se révéler inconsistants sur les plans percussif et rythmique. Tout d'abord, de frétillantes percussions viennent à la rencontre d'une rythmique heavy vrombissante et de riffs écornés sur « L'Animal-
Aimé ». La sirène, de son timbre de voix haut perché, se cale sur un tracé mélodique, cette fois, quelque peu revêche, s'offrant non sans mal sur l'ensemble du morceau. De plus, une césure radicale clôt définitivement le chapitre. D'autre part, une patte électro se fait réellement sentir sur le plombant «
Plus qu'Humain », aux riffs acérés. La belle susurre quelques textes délicatement élaborés, avant d'élever d'un cran ses ondulations, rejointe par d'inquiétants et caverneux grunts. Puissant, graveleux, assiégeant, ce titre nous aspire, toutefois, dans quelques tourbes harmoniques desquelles il s'avère difficile d'en sortir sans séquelles. Une conclusion un poil radicale rompt le rythme d'une piste électro gothique d'une bien obscure mélodicité.
On ressort de l'écoute de cette galette avec l'insatiable désir de regoûter aux saveurs magmatiques des premières salves de pistes sus-citées. C'est dire que le propos musical dans son ensemble recèle d'affriolantes portées et de fringantes gammes incluses dans ses partitions. Malgré les quelques défauts de production évoqués, cette œuvre saura éveiller en nous d'authentiques plaisirs. Autant dire que les aficionados du genre et, plus encore, les fans du groupe, y trouveront matière à se sustenter. Essai transformé, donc, pour le combo francilien, à l'aune de ce qui semble constituer un gemme intrinsèque à son projet, qu'on espère au long cours...
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